Critiques Cinéma

THE FLASH (Critique)

SYNOPSIS: Les réalités s’affrontent dans THE FLASH lorsque Barry se sert de ses super-pouvoirs pour remonter le temps et modifier son passé. Mais ses efforts pour sauver sa famille ne sont pas sans conséquences sur l’avenir, et Barry se retrouve pris au piège d’une réalité où le général Zod est de retour, menaçant d’anéantir la planète, et où les super-héros ont disparu. À moins que Barry ne réussisse à tirer de sa retraite un Batman bien changé et à venir en aide à un Kryptonien incarcéré, qui n’est pas forcément celui qu’il recherche. Barry s’engage alors dans une terrible course contre la montre pour protéger le monde dans lequel il est et retrouver le futur qu’il connaît. Mais son sacrifice ultime suffira-t-il à sauver l’univers ?

Paradoxalement pour le personnage le plus rapide du panthéon super héroïque le parcours de Flash pour arriver sur nos écrans aura été un des plus tortueux et complexe. Initié quand Zack Snyder était l’architecte des adaptations DC il est développé par le tandem Phil Lord et Chris Miller (La Grande Aventure Lego, 21 Jump Street) autour du concept Flashpoint, une histoire signée du scénariste Geoff JohnsBarry Allen / The Flash alors qu’il remonte le temps pour empêcher le meurtre de sa mère altère le continuum espace temps et crée une réalité parallèle. Quand ces derniers choisissent de réaliser Solo pour Lucasfilm? vont se succéder une farandole de créateurs : Seth Grahame-Smith, Rick Famuyiwa (The Mandalorian) les noms de Robert Zemeckis, Matthew Vaughn, Sam Raimi ou Marc Webb circulent, puis le duo John Francis Daley et Jonathan Goldstein ( Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs, Game Night) sont engagés pour réaliser et écrire le film qu’ils quittent en juillet 2019. C’est finalement Andy Muschietti après le succès des adaptations de IT de Stephen King qui est choisi (sans doute par Walter Hamada qui avant de prendre le contrôle des adaptations de DC Comics chapeautait les films horrifiques de Warner) qui dirige le film sur un script de Christina Hodson (Bumblebee, Birds of Prey). Mais la conception et le tournage sont marqués par la pandémie de COVID et l’attitude erratique de sa star arrêté pour harcèlement et voies de fait, accusé de détournement de mineurs et aussi de cambriolage et d’intrusion. Alors que The Flash se précipitait vers la post-production et un cycle promotionnel, Miller a publié une déclaration publique d’excuses sur son comportement, déclarant qu’il commencerait un traitement pour sa santé mentale. Cerise sur le gâteau, Flash arrive sur les écrans après l’annonce de la reprise en main et à zéro de toutes les adaptations de DC Comics par James Gunn le rendant déjà presque obsolète. Pourtant notre curiosité est piquée par les retours élogieux des premiers critiques à avoir vu le film et par la confiance apparente du studio qui semble croire que le récit du film en ferait un des meilleurs films de super-héros de tous les temps. Hélas à la vision du film il semble que cela soit vrai mais dans un univers parallèle …

The Flash démarre  à un rythme effréné, avec de bonnes intentions quand Flash / Barry Allen (Ezra Miller) est appelé par Batman (Ben Affleck) et Alfred (Jeremy Irons) pour aider à évacuer le grand hôpital de Gotham qui vient d’être attaqué. Idée amusante (héritée semble t-il du script de Lord et Miller) Flash a vraiment besoin de faire le plein de glucides avant toute activité super héroïque. La double poursuite entre Batfleck et les criminels et les tentatives de Barry pour sauver le personnel et les enfants de l’hôpital commence bien mais malheureusement se heurte vite au principal problème qui va affecter le film : l’omniprésence et la qualité souvent médiocre des effets spéciaux en image de synthèse, la séquence se transformant assez vite en méli-mélo de CGI, pas aidée il est vrai par la totale improbabilité, même dans le cadre d’un film de super-héros de l’acte d’héroïsme de Flash (attraper des bébés en plein vol alors qu’ils tombent de la maternité de l’hôpital). Tout le film même dans ses éléments les plus basiques semble avoir été tourné sur fond vert.  C’est dommage car Andy Muschietti  met en scène des séquences d’action lisibles et satisfaisante  mais ses efforts sont constamment sapés par la pauvreté des effets visuels, tant de visages et de personnages générés par ordinateur ressemblent à des cinématiques de jeux-vidéos. De même, la photographie nette et lumineuse du britannique Henry Braham  tranche agréablement avec les teintes plus monochromes adoptées par Zack Snyder, mais il a si peu de choses réelles devant sa caméra qu’elle apparait presque télévisuelle. C’est un gâchis quand on la compare avec son travail sur les Gardiens de la Galaxie Vol 3. et The Suicide Squad où la combinaison sans défaut de différentes techniques (maquillages spéciaux,  effets visuels devant la caméra ou  personnages  en performance capture) lui donnait une vraie richesse visuelle.

Barry sous-estimé par ses coéquipiers, ignoré par ses collègues et incapable de prouver l’innocence de son père Henry (Ron Livingston) dans la mort mystérieuse de sa mère Nora (Maribel Verdú) il y a plus de dix ans, a une révélation quand il réalise que ses pouvoirs poussés à l’extrême lui permettent de remonter le temps. Il décide donc de sauver sa mère en modifiant un détail mineur de son passé malgré les mises en garde de Bruce Wayne. Mais on n’échappe pas à l’effet papillon si facilement et ses actions altèrent la chronologie au point de créer une réalité parallèle où l’existence des membres de la Justice League est altérée, ainsi  et donc, il n’y a plus aucun héros  pour sauver la Terre lorsque le général Zod (Michael Shannon) arrive. Le récit principal du DCEU centré sur la bataille entre  Superman et le général Zod dans Man of Steel est ici défini comme un événement canonique pour chaque long métrage interconnecté de la série. Dés sa première mention au début du film  on sait que Barry et le Barry du passé devront à nouveau y faire face dans un autre univers. Si Zack Snyder a laissé un bel héritage avec des choix de castings payants comme celui des acteurs incarnant la trinité DC Superman / Henry Cavill, Wonder Woman/ Gal Gadot et bien sûr Batfleck, The Flash doit vivre avec celui plus problématique de Ezra Miller pour incarner Barry Allen. un malentendu né de la version du personnage dans les films de Snyder : un analogue survolté de Spider-Man au sein de la Justice League.  Le script de Christina Hodson revient à l’essence du personnage, un membre timide de la police scientifique, hanté par la meurtre de sa mère et qui tente d’innocenter son père incarcéré pour la mort de sa femme. La personnalité d’Ezra Miller semble peu adaptée à cette version et il force son jeu, mettant l’accent sur son anxiété, sa maladresse et ses tics faciaux au point de ressembler à un personnage à la Jerry Lewis. Si il modère cet aspect quand il revient dans le temps, le spectateur a droit à un deuxième service des excentricités performatives de Miller qui incarne une version plus jeune du personnage à la manière  d’un étudiant idiot échappé d’American Pie. Il faut souligner toutefois que la mise en scène de Muschietti est habile dans sa gestion de la cohabitation des deux Miller, on finit par oublier qu’il s’agit d’un acteur jouant le même rôle et on a l’impression d’être devant deux incarnations d’un même  personnage (toutes les deux aussi agaçantes que des ongles sur un tableau noir).

Barry Allen ne peut compter pour réparer les dommages qu’il a causés, non pas sur la version Frank Miller-enne de Batman incarné par Ben Affleck, mais sur celle jouée par Michael Keaton dans les films de Tim Burton de 1989 et 1992, un Bruce Wayne plus âgé, hagard qui ressemble à un ermite (à la manière d’ Howard Hughes à la fin de sa vie) qui s’est détourné de son identité secrète  après la guérison de son Gotham. Le retour de Keaton est un moment fort incontestable, et l’acteur de 71 ans semble ravi de l’opportunité de ce chant du cygne tardif dans le rôle auquel il sera toujours associé. Outre le plaisir nostalgique indéniable de retrouver sa version de Batman, beaucoup plus mobile grâce aux effets spéciaux actuels, sa réaction aux éléments les plus fantaisistes du film contribue à les rendre plus crédibles. Il livre l’explication la plus claire des mondes parallèles et du multivers avec un simple plat de spaghettis. Il y a une super présence dans le film, les deux Barry et Batman sont  convaincus que le Superman de cet univers est détenu dans une prison sibérienne dirigée par des mercenaires russes et s’y envolent pour le faire sortir. Il y trouve une jeune femme  Kara Zor-El, la cousine de Kal-El, alias Supergirl incarnée par une Sasha Calle mise en avant dans le marketing du film et plutôt convaincante, mais qui a trop peu de  temps de présence à l’écran pour développer un personnage, en dehors de dialogues maussades sur Krypton et de quelques coups de poing. On l’a souvent dit ici, les meilleurs films de  comics mêlent les conventions super-héroïques à celles d’autres genres très codifiés donc familiers du grand public. Le récit de The Flash décalque  Retour vers Le Futur (pas étonnant que Robert Zemeckis ait été courtisé par la production)  tout en lorgnant vers le succès de Spider-Man No Way Home  en ramenant le Batman de 1989. Mais le film de Jon Watts donnait aux versions de Spider-Man de Tobey Maguire et Andrew Garfield l’occasion de clore les trajectoires de leurs personnages. Ici le Batman de Keaton est juste cool. Si la proposition de revisiter le final de Man of Steel comme Retour vers le Futur 2 l’avait fait de la fête de fin d’année de Hill Valley pouvait apparaitre comme une bonne idée, elle ne  fonctionne pas ici, privée de tout sens de épique. Lorsque Henry Cavill détruisait  le dispositif de terraformation de Zod, Michael Shannon libérait une rage  terrifiante déclenchant un combat qui reste un des plus marquants de l’histoire des CBM. Ici, la bataille finale qui se déroule entièrement sur fond de désert beige est un assemblage de CGI sans enjeux émotionnels pour qui que ce soit d’autre que les deux Barry.

Rétroactivement puisqu’il s’agit du dernier film se déroulant dans le DCEU The Flash fait office de lettre d’adieu à l’univers cinématographique DC inauguré en 2015 mais il est assez triste de voir Michael Shannon loin de l’intensité de son jeu dans le film de Snyder traverser la scène comme un zombie numérique qui n’a clairement rien à faire d’être là (on se demande même si il a mis les pieds sur le plateau) ou un Ben Affleck fatigué qui  après avoir porté la plus belle transcription du costume de Batman à l’écran arbore ici un des pires avec ce costume atroce (et en partie en CGI). Le film se termine alors qu’il tente désespérément de nous ramener au cœur émotionnel de l’histoire, mais nous inflige un final visuellement hideux  avec quelques apparitions multiverselles surprenantes, amusantes dans leur concept mais pauvres dans leur exécution avec ces deep-fake de visage connus sur des répliques en CGI. Cette séquence résume le paradoxe d’un film qui voudrait miser sur l’ancrage dans son aspect humain, mais est agressivement saboté par ses CGI d’un autre âge. Tout n’est pas pourtant pas mauvais dans The Flash, les deux heures passent vite et quelques touches d’humour fonctionnent, le film achève même sa course sur un excellent gag. Mais les quelques moments de spectacle n’apporte finalement rien de substantiel, le récit passe son temps à courir d’un élément d’histoire mal pensé à un autre et peine à bâtir un film cohérent. Pour finir sa scène post-générique,  une des pires du genre, n’ajoutant rien au film qui précède et n’annonçant rien puisque cet univers a terminé sa course nous fait dire : James Gunn...VITE!

Titre Original: THE FLASH

Réalisé par: Andy Muschietti

Casting : Ezra Miller, Michael Keaton, Ben Affleck …

Genre: Action, Fantastique

Sortie le: 14 Juin  2023

Distribué par : Warner Bros. France

PAS GÉNIAL

 

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