SYNOPSIS : Un voleur beau gosse, une bande d’aventuriers improbables entreprennent un casse épique pour récupérer une relique perdue. Les choses tournent mal lorsqu’ils s’attirent les foudres des mauvaises personnes. Donjons & Dragons : L’honneur des voleurs transpose sur grand écran l’univers riche et l’esprit ludique du légendaire jeu de rôle à travers une aventure hilarante et pleine d’action
Si Donjons et Dragons est déjà passée par la case cinéma à trois reprises entre 2000 et 2012, l’on ne peut pas dire que le succès de cette trilogie fut dithyrambique. La licence garde toujours, malgré l’ouverture progressive des univers d’heroic fantasy au grand public et la revitalisation du jeu de rôle dans la pop culture, une image de divertissement nerd qui peine à s’ouvrir aux néophytes. N’en déplaise à cette idée, cette année va voir le nouvel apport cinématographique à la saga de la part de Paramount, qui signe les créateurs du génial Game Night (un régal de comédie de tous les instants, que l’on conseille farouchement) Jonathan Goldstein et John Francis Daley pour mener cette toute nouvelle adaptation. Donjons et Dragons édition 2023, sous-titré « L’Honneur des Voleurs « , suit un assemblage hétéroclite de personnages de tous genres. Edgin, ancien voleur compulsif, élève sa fille avec l’aide de la barbare Helga. Mais une opportunité en or va le mettre sur la piste d’un artéfact très puissant. Un groupe se forme pour cette mission, laquelle se clôture en catastrophe par l’arrestation d’Edgin et Helga. Quelques temps plus tard, les deux complices sortent de prison et se rendent au royaume de leur ancien allié Forge Fletcher pour retrouver la fille d’Edgin. Mais les choses ne se passent pas comme prévu, et les voleurs préparent alors une nouvelle mission pour infiltrer le château et arrêter une conspiration maléfique qui menace de détruire le monde. Et pour ça, ils s’engagent dans la formation d’une nouvelle équipe…
Au casting, Chris Pine et Michelle Rodriguez campent le duo de tête, lui en barde leader malgré lui, elle en barbare sans pitié qui cache un cœur brisé sous son plastron. Cette dualité, improbable, donne le ton de l’énergie déployée par le film, à mi-chemin entre les méfaits aventureux des Gardiens de la Galaxie et les symboles d’heroic fantasy façon old school qui renvoient directement vers Dark Crystal ou Willow. Ce Donjons et Dragons réussit alors, contre toute attente, à se doter d’un équilibre de registre fortement agréable et d’un cœur très attachant dans son groupe disparate de personnalités uniques. Ce sont ces figures, pas tellement héroïques, qui donnent au film de quoi nourrir son univers magique, réussissant à ne pas en laisser un seul sur le bord du chemin. Il en va de même pour les autres membres de l’équipe, le jeune sorcier débutant Simon et la druide métamorphe Doric, qui font figures de sang neuf en apportant une toute nouvelle dynamique très bien venue au sein du film. Mais l’énergie passe également par ses bad guys, à commencer par le génial Hugh Grant qui s’en donne à cœur joie dans la peau de ce leadeur mégalo et un brin pathétique. Et sous son maquillage blanc et noir, Daisy Head campe la menace maléfique qui pèse sur les personnages, portant le récit vers de plus grands enjeux dans le dernier tiers.
Mais la plus grande force de ce Donjons et Dragons, c’est sa volonté de proposer un spectacle premier degré, assumant ses excès comiques comme ses virages dramatiques avec le même intérêt. En résulte alors un produit certes calibré « blockbuster grand public », mais qui diffuse tout au long de son aventure une honnêteté très agréable dans son approche du divertissement. Goldstein et Daley composent avec une heroic fantasy riche et assumée, dotée d’une BO composée qui prend soin de toujours rester en accord avec les enjeux à l’écran, se faisant alors vecteur à la fois de cinéma d’action populaire et d’adaptation de jeu de rôle. Car sa structure donne alors à son scénario de quoi piocher dans l’univers colossal de Donjons et Dragons, par la présence d’artéfacts qui poinçonnent régulièrement le récit, et d’une dynamique globale qui rappelle les heures passées autour d’une table à subir le courroux d’un maître du jeu bien décidé à malmener vos personnages. Un mage échoue lamentablement à lancer un sort dans un moment décisif, un allié sort du récit aussi vite qu’il n’y est arrivé (le paladin incarné par René-Jean Page ressemble à un PNJ conçu par l’esprit du Maître du jeu pour guider les joueurs et clarifier l’intrigue, rendant ses interventions savoureuses) … Chaque aspect lié à l’univers et à la façon dont les protagonistes embarquent dans l’aventure sentent le jeu de rôle plateau, à la fois terreau fertile de conception de chaos mais aussi piège dans lequel il est facile de tomber en négligeant son atmosphère. Mais les réalisateurs ont bien compris l’idée, et s’évertuent, pendant l’intégralité du film, à toujours prendre au sérieux leurs enjeux et à ne jamais jouer la carte de l’autodérision ou de l’autoréférence que l’on retrouve dans la grande majorité des blockbusters contemporains et qui ont tendance à réduire l’ampleur des récits qu’ils sont censés servir.
Donc, bien qu’il ne brille pas non plus par son originalité totale, ce Donjons et Dragons se pose alors comme une réussite (presque critique) qui réussit à séduire par son cœur et son sens de l’aventure comme par son héritage classique convoquant honnêtement les récits old school d’heroic fantasy. Le casting (Chris Pine, Michelle Rodriguez, Sophia Lillis et Justice Smith se distinguent par leurs évidentes différences tout en formant un groupe très attachant ; et un petit caméo vous vaudra un joli sourire dans une scène assez touchante) emballe un film d’aventure de très bonne facture, qui véhicule la bonne dose de donjons, de dragons, d’artéfacts dysfonctionnels et/ou aux règles d’utilisation absurdes (la scène du médaillon qui réveille les morts est un modèle hilarant de comédie de dialogue), de doux losers qui se révèlent dans les meilleurs moments et de grand spectacle entre bastons en sortie de taverne et lutte contre d’énormes créatures magiques. Goldstein et Daley signent un divertissement réjouissant et plein d’humour, ponctué de bonnes idées de mise en scène et de belles références du genre. Comme une première pierre d’un joli univers cinématographique potentiel, dans lequel on se replongerait bien avec plaisir…
Titre original: DUNGEONS & DRAGONS : HONOR AMONG THIEVES
Réalisé par: Jonathan Goldstein (XII), John Francis Daley
Casting : Chris Pine, Michelle Rodriguez, Regé-Jean Page…
Genre: Fantastique, Aventure
Sortie le: 12 Avril 2023
Distribué par : Paramount Pictures France
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020