Critiques Cinéma

LES GARDIENS DE LA GALAXIE Volume 3 (Critique)

SYNOPSIS: Notre bande de marginaux favorite a quelque peu changé. Peter Quill, qui pleure toujours la perte de Gamora, doit rassembler son équipe pour défendre l’univers et protéger l’un des siens. En cas d’échec, cette mission pourrait bien marquer la fin des Gardiens tels que nous les connaissons.

Une éternité semble s’être écoulée entre Les gardiens de la galaxie 2  et ce troisième opus à nouveau écrit et réalisé par James Gunn dont la sophistication singulière de la narration, ce mélange d’humour, d’émotion et de chansons qui s’entremêlent a tant contribué à établir l’univers cinématographique Marvel tel que nous le connaissons. D’abord viré par Disney à la suite d’une cabale en ligne de militants d’extrême-droite ressortant  des propos qu’il avait tenu par le passé sur les réseaux sociaux avant d’être réintégré pour clore cette trilogie, le retour de Gunn est salutaire. Malgré tout Les gardiens de la galaxie Vol3 sera le chant du cygne du cinéaste chez Marvel Studios, puisqu’il a accepté  cette année l’offre de Warner Bros. Discovery (chez qui il a réalisé The Suicide Squad et la série Peacemaker) pour redémarrer et remodeler l’univers des super-héros DC  comme co-président de DC Studios avec le producteur Peter Safran. Depuis son exil forcé, Gunn semble avoir franchi un cap, car rares sont les réalisateurs qui  parviennent à gérer des films aussi massifs sans être écrasés par la machine et encore plus rares ceux capables d’écrire des scénarios aussi touchants et spectaculaires. Dans ce nouveau volume le « créateur » de Rocket (Bradley Cooper), un super scientifique fou de pouvoir connu sous le nom de  High Evolutionary (incarné par Chukwudi Iwuji vu dans The Peacemaker) dépêche Adam Warlock (Will Poulter) « fils » de la méchante du précédent volet  Ayesha (Elizabeth Debicki) la reine des Souverains (dont on apprend qu’ils sont également une création du High Evolutionary) sur Knowhere la base des Gardiens pour récupérer le raton-laveur qui est la clé de ses plans pour créer une nouvelle race qui peuplera le cosmos. Nos héros repoussent Warlock mais Rocket est gravement blessé dans la bataille. Ils vont devoir infiltrer une des bases du méchant et voler ses secrets pour espérer sauver leur camarades alors qu’au cours de flashbacks nous découvrons la déchirante origine de Rocket.

Le fait que le scénario du film a été achevé au moment de son licenciement de Disney, alors que ses comédiens et Kevin Feige lui-même tentaient (au final avec succès) de le faire réintégrer, n’est sans doute pas étranger à la trame de ce nouveau film où les Gardiens tentent de sauver l’un des leurs des griffes d’une corporation maléfique qui exploite de mignons animaux anthropomorphes dont elle a déposé le brevet  et qui tente d’extraire du cerveau d’une de ses créations les secrets de l’imagination pour l’industrialiser. Le scénario est une mélange adroitement dosé de comédie, d’émotions et d’action. La comédie ne s’exerce jamais aux dépends des enjeux de l’histoire ou des personnages,  Gunn reste toujours  fidèle au cœur émotionnel de son film et ne sape jamais l’émotion avec des gags mal placés. Au contraire l’humour et l’émotion se combinent parfois presque dans un même échange. En se plongeant dans les origines de Rocket, le film se fait étonnamment poignant et même sombre. La cruauté envers les animaux n’est pas traitée avec désinvolture et c’est même le moteur d’un film profondément humaniste. Les gardiens de la galaxie Volume 3. trouve ainsi son équilibre entre ces moments sombres et dramatiques et d’autres drôles ou enthousiasmants.

Les comédiens sont indispensables à la réussite de ce dispositif et le scénario donne à chaque personnage a son moment pour briller. Bradley Cooper en Rocket Raccoon  apporte une grande sincérité dans les moments dramatiques, Chris Pratt n’est jamais aussi bon et authentique que dans les films du MCU. Parce que la Gamora qu’elle incarne ici est une version alternative de celle des précédents films (elle est morte dans Infinity WarZoe Saldana  a l’occasion de jouer une partition différente plus agressive et plus comique. Ainsi Peter Quill apprend qu’il ne faut pas tenter de faire de quelqu’un la personne que vous voulez qu’elle soit plutôt que ce qu’elle est vraiment, Dave Bautista montre toujours un timing comique impeccable dans ce rôle  taillé sur mesure mais  joue aussi sur un registre plus affectueux. c’est aussi le cas de Pom Klementieff qui a l’occasion de montrer plus de profondeur tout en gardant sa naïveté. Comme Karen Gillan qui  l’occasion ici d’humaniser encore  son personnage de Nebula. La familiarité que nous avons avec ces personnages et l’entente palpable entre ses comédiens qui se fréquentent depuis dix ans élèvent les enjeux et l’émotion. C’est clairement un film introductif pour le personnage d’Adam Warlock dont l’arrivée était teasée à la fin du précédent volet,  il est ici un antagoniste secondaire à la fois homme de main et ressort comique utilisé par Gunn pour lancer l’intrigue mais qui ensuite n’occupe qu’un rôle accessoire. Beaucoup seront sans doute déçus par le fait qu’il  n’occupe pas une place plus centrale  mais Will Poulter (Detroit) tire néanmoins le meilleur de la situation et en fait en peu de temps un personnage attachant. Son introduction et son premier affrontement avec les Gardiens donne même sans doute un idée de ce que pourra être le Superman  Legacy de James Gunn. Le High Evolutionary est sans doute le méchant du MCU le plus détestable. Si on pouvait comprendre Thanos, Killmonger ou  Namor le super scientifique est un mégalomane eugéniste sadique et haïssable. Obsédé par la perfection c’est thématiquement aussi un adversaire parfait pour les personnages cabossés qui composent Les gardiens de la GalaxieChukwudi Iwuji transmet bien l’intensité maniaque et la folie du personnage mais manque néanmoins d’envergure physique pour être l’égal d’un Thanos (il est mal servi par un look et un costume décevant).

Les gardiens de la galaxie Volume 3. est un grand spectacle massif, visuellement très abouti. Gunn ponctue chaque étape de son histoire de grandes séquences spectaculaires qui ont chacune leur propre identité pleines d’innovations et de gags visuels. Ainsi une mémorable infiltration dans une station spatiale organique et visqueuse et non technologique où l’on ressent dans son aspect pop et coloré presque kitsch l’influence de la SF italienne (La Planète des vampires ou Danger Diabolik) ou l’évasion d’un planète menacée d’autodestruction. Nous déplorons souvent  l’étalonnage des films Marvel qui tend à uniformiser et aseptiser leur style visuel,  le directeur de la  photographie  britannique Henry Braham qui avait signé celle des Gardiens de la Galaxie Vol 2. et de The Suicide Squad impose sa patte donnant au film une texture et une identité distincte oscillant à l’image des tons du films entre des couleurs vives et psychédéliques ou au contraire une image sombre et poisseuse. La direction artistique de Beth Mickle (The Suicide Squad) est foisonnante offrant une grande variété d’atmosphères et de styles. Le film est très dense, parfois trop long mais ses monteurs Fred Raskin (les Gardiens de la GalaxieDjango Unchained) et Greg Dauria (Bone Tomahawk, la série Peacemaker) parviennent à lui donner  néanmoins le rythme nécessaire. Alors qu’on regrette la baisse de qualité des effets visuels (due à l’explosion de la demande qui contraint les délais et les budgets) qui transforme beaucoup de blockbusters récents en bouillies de pixels, ceux de Les gardiens de la galaxie Vol. 3 sont très aboutis avec une combinaison de la plupart des techniques : maquillages spéciaux, effets visuels devant la caméra ou personnages en performance capture sans  que rien ne viennent jamais perturber la suspension consentie de l’incrédulité. Le travail sur le personnage de Rocket parvient à garder l’aspect animal photoréaliste tout en lui insufflant des attitudes humaines, vecteur idéal au jeu de Bradley Cooper qui est fantastique.

James Gunn compose ici des scène d’action galvanisantes en particulier une bataille dans un couloir (Daredevil serait fier!) en plan séquence particulièrement brutale. Il  repousse souvent les limites de la classification PG-13 avec des morts très violentes et une ambiance quasiment horrifique dans les flashbacks sur l’origine de Rocket ou avec d’effrayantes créatures hybrides entre animaux et machine. Si ses films ont pu garder leur particularité c’est parce qu’ils sont avant tout des films de science-fiction qui se déroulent dans l’univers Marvel plutôt que de purs films de super-héros . Ils peuvent ainsi être déconnectés du reste de la continuité du MCU (surtout depuis la fin de l’Infinity Saga) tout en étant pleinement ancré dans leurs racines (Gunn exhume toujours des personnages obscurs du canon comme ici les Recorders pour enrichir sa parcelle cosmique du MCU). Les gardiens de la galaxie Volume 3. a un des meilleurs climax des films du studio, une séquence titanesque qui rend justice aux planches les plus cosmiques des comic-books parvenant à conclure le film de manière épique. Gunn parvient surtout à offrir quelque chose d’extrêmement rare dans le cinéma de divertissement moderne, une conclusion à sa trilogie satisfaisante sur le plan narratif et émotionnel parce qu’elle semble naturelle. Ses personnages ont affronté leurs peurs et peuvent désormais grandir même si cela signifie faire des adieux douloureux à ses amis. James Gunn quitte donc Marvel Studios par la grande porte. Les gardiens de la galaxie Volume 3.  est un grand spectacle  roboratif, certes imparfait mais visuellement et thématiquement riche, qui alterne  moments d’humour, d’action mais aussi d’émotion. Un final très satisfaisant.

Titre Original: Guardians of the Galaxy Vol. 3

Réalisé par: James Gunn

Casting : Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista , Karen Gillan…

Genre: Action, Science fiction, Aventure

Sortie le: 3 mai 2023

Distribué par: The Walt Disney Company France

EXCELLENT

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