Critiques

HERO CORP SAISON 5 (Critique Blu-Ray) One last shot !

 

SYNOPSIS: Montréal. L’agence Hero Corp et ses super-héros sont les maîtres de la ville. L’atmosphère semble apaisée. Mais en sortant de la cité pour une mission de routine, John, Doug, Mique et Stan réalisent qu’au-delà des remparts de protection, tout n’est pas si simple : les habitants du monde sauvage vivent dans la misère, sont exploités et semblent détester les super-héros. De retour à l’agence, John et ses amis constatent qu’ils ne sont pas les bienvenus, et la traque commence… Contraints de se cacher, ils rencontrent Calvin qui accepte de les guider vers une ville mystérieuse habitée par des rebuts de la société chassés par la population. Ils y retrouvent de vieilles connaissances…

 

 

Retrouvez la critique de la saison 1 ici

Retrouvez la critique de la saison 2 ici

Retrouvez  la critique de la saison 3 ici

Retrouvez la critique de la saison 4 ici

Retrouvez la critique de la saison 5 ici

Retrouvez l’interview que Simon Astier nous avait accordée à l’occasion de la saison 4 ici

NOT spoilers free Achtung spoilers Faites gaffe, je spoile un peu

Voilà, c’est fini. Le 7 juin dernier étaient diffusés sur France 4 les ultimes épisodes de la toute dernière saison de Hero Corp. Et cette fois, c’était bel et bien la der’ des der’. J’avais commencé à vous teaser un peu dessus dans un précédent article qui tenait plus de la promesse d’un amour éternel à la série à la veille d’au revoir chagrins, que de la critique à proprement parler de cette dernière saison. Mais à la veille de sa sortie dvd, la tête froide, l’heure est au bilan. Je l’ai déjà évoqué, pour ce bouquet final, l’équipe a mis le paquet. Pour le coup, les nombreux contributeurs de la campagne de financement participatif lancée sur Ulule pour boucler le budget ne seront certes pas déçus par leur investissement. Visuellement, ça envoie du lourd. Décors, costumes, effets spéciaux (et spatiaux) et photographie instillent une ambiance de fin du monde à l’esthétique toujours très référencée, et très appréciable pour ce format. Côté interprétation, le jeu des uns et des autres s’est encore étoffé, avec notamment la mise en avant du délirant Antoine Gouy et de la sublime Emilie Arthapignet. Le reste du cast (pour ceux qui sont encore là) est toujours au top, mention spéciale à Etienne Fague et Antoine Cholet qui tirent clairement leur épingle du jeu. La direction d’acteurs, impeccable, permet à chacun de se faire plaisir, et la mise en scène est toujours aussi savoureuse. Bref, à l’image, tout concourt à faire de cette saison 5 la plus aboutie, la plus dense et la plus riche de l’histoire de Hero Corp. Techniquement, on est sur du haut niveau, le plus haut qu’ait atteint la série en dix ans. On pourrait peut-être s’en contenter, sauf que la forme – délicieusement imparfaite – n’a jamais été prépondérante pour les aficionados. Bien au contraire. Et si la forme est clairement à saluer ici, ce qui coince un chouïa, c’est le fond.

Au cours des dernières semaines, Simon Astier s’est exprimé à plusieurs reprises à ce sujet : pour lui, la boucle est bouclée, et bien bouclée. Oui. Mais non, aussi. Tout dépend de quel point de vue on se place, en fait. Si le fil rouge a toujours été John, on ne peut nier l’évidence : le personnage a fait son petit bonhomme de chemin, effectué bravement son voyage initiatique, il a changé, mûrit, grandit… Bref, il est devenu un homme. Le « héros », de sa genèse à la fin de cette histoire, est passé par tous les stades de l’introspection, du questionnement quant à ce qu’est un héros, et qu’un grand pouvoir implique… blablabla. Le dossier John, mettons, c’est classé. Pour ce qui est du groupe de trublions qui l’a porté jusqu’ici, après avoir salement morflé collectivement et individuellement, le bilan est plus nuancé. D’abord parce qu’il n’y a pas tout le monde. Ça, c’est assez compréhensible, même si le silence quasi-total sur certains protagonistes est quand-même hyper déstabilisant (The Lord qui aurait pété les plombs et disparu, Jane qui a passé l’arme à gauche on ne sait trop comment, Jean-Micheng qui s’en est allé dans le soleil couchant alors qu’Eraste est toujours debout, Valur qui… bah qui s’est tiré). On va pas se mentir, si on n’est pas dans la tête de Simon Astier, y’a de sacrés blancs dans l’intrigue. Après, je confesse : je suis passée à côté des web-séries faisant la jonction entre les différentes saisons (pas si hardcore, la fan)… les réponses sont peut-être là ? A vérifier. Pour autant, au sein même du groupe, certaines absences demeurent. Des duos d’hier qu’on ne retrouve plus, des épiphanies qui n’ont pas lieu ou qui nous restent absconses, des ellipses qui paraissent abruptes, pareilles à de vilains lendemains de cuite. De la même façon, alors que les intrigues étaient faciles à suivre dans les précédentes saisons, ici on a régulièrement la sensation d’être en plein jet-lag, ou d’avoir raté une réplique, un plan, voire un épisode tout entier tant l’histoire, à un certain moment, plane à quinze milles. Un second visionnage s’impose donc – comme si on allait crier à la torture – pour appréhender plus précisément cette cinquième saison, la plus courte de toutes, avec seulement 8 épisodes (7×26 min + 1×55 min pour le final). Un découpage qui invite à la concision précisément au moment où l’intrigue se révèle la plus dense. On a donc la sensation d’une boîte trop petite, pleine à craquer de tout un tas de trouvailles chouettos, qu’on n’a pas tout à fait le temps d’apprécier convenablement. Un résultat mi-figue mi-raisin qui demeure vachement culotté, boursouflé de bonnes idées et toujours pétrie par des passionnés. On adore l’ultime clin d’œil avec le Néo-village, qui aura arraché des larmes d’émotion aux plus coriaces (pas moi, moi je suis morte à l’intérieur).

Et comme vous pourrez retrouver cette saison 5 en DVD et Blu-ray dès le 27 juin, rapide tour d’horizon des contenus additionnels qui agrémentent le coffret : un bêtisier (8’52), bien raccord avec l’esprit de la maison, un making-of (52’34) passionnant, la web-série pré saison 5 (30’37)… Et aussi, assez vertigineuse, la liste des contributeurs Ulule – dans laquelle figure d’ailleurs votre servante – qui fait défiler, pendant plus de cinq minutes, le nom des petits producteurs de la saison finale. Une liste qui colle le tournis pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’il y a de sérieuses chances de faire un malaise si l’on persiste à ne pas cligner des yeux devant l’inventaire des contributeurs qui défile à un rythme soutenu (pendant cinq minutes, je le rappelle) sur l’écran. La seconde, c’est qu’il paraît absurde que pour porter la création française jusque-là, il ait fallu tant de financeurs amateurs, cette liste nous renvoyant clairement à la tronche la frilosité morbide des producteurs chauvins accrochés à leurs recettes poussiéreuses de rentabilité tiédasse. La troisième, et la meilleure, c’est le superpouvoir ultime révélé par la série : celui de la fanbase. Celui qui a permis aux gens de dire – de beugler même – ce qu’ils voulaient voir à la télé. Un pouvoir étourdissant que celui-là, d’être acteur de la programmation, véritablement aux commandes de son désir de fan/nerd d’amener sur les écrans français quelque chose qu’on n’y trouvait pas encore dix, quinze ans en arrière. Le pouvoir de se faire entendre, et d’accompagner des projets ovnis jusqu’à la piste d’atterrissage. Hero Corp aura révélé ça, une première en France : les fans ont du pouvoir. Le mot de la fin à toutes les équipes de cette foutue série, sans falbalas : MERCI.

Vous pouvez poser vos questions à Simon Astier sur le post du compte twitter @UniversalSerie (distributeur de Hero Corp) jusqu’au 30 juin, date à laquelle il y répondra (ou pas) en Facebook live :

 

 

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