SYNOPSIS: Suite à la guerre qui fit rage jusque dans les années 80, l’agence Hero Corp fut créée afin de regrouper tous les Super-Héros et de maintenir un climat de paix. L’agence possède plusieurs sites secrets éparpillés sur la planète. En Lozère, les retraités, les mis au rancart, les démissionnaires, les démasqués, les pas formés, les hors normes, se retrouvent coupés du monde pour retrouver une vie calme et paisible. 20 ans de train-train volent en éclat quand The Lord refait surface. Face au plus grand super-vilain de l’Histoire que tout le monde croyait mort, le village est démuni. Selon une vision de La Voix, John est la solution à ce danger que la maison-mère préfère garder sous silence. John arrive au village mais il ignore tout de sa véritable identité et n’a aucune idée de ce qu’il va devoir accomplir pour sauver le monde.
Retrouvez la critique de la saison 1 ici
Au regard de l’évolution logique de la série, on pourrait avancer que la saison 1, celle du village, était la version bêta de Hero Corp. Tandis qu’avec cette deuxième saison, on atteint une version stable du projet, même si elle tâtonne encore gentiment par moments, poursuivant allègrement son mélange des genres, tranquille. Et s’il apparaît logique que cette saison 2 se calque en partie sur la précédente, en réutilisant, par exemple, une trame narrative assez similaire dans la forme, le fond lui, gagne en richesse, à mesure que l’histoire se déploie et se complexifie.
Cette fois, on entre direct dans le vif du sujet. Plus besoin d’accommodation à l’ensemble, ce coup-ci, on sait où on va (en même temps, à priori, si on continue à suivre, c’est qu’on sait forcément où on met les pieds). Les protagonistes, moins. Au programme, pas mal de dissensions dans les rangs, des conflits de leadership, des tentatives d’indépendance, un sens des responsabilités chahuté, et toujours beaucoup de conneries à la clé. Le groupe s’est rassemblé dans la lutte pour mieux se disloquer dans la débandade. En fuite après un événement tragique, acculés par un nouvel ennemi plus terrifiant encore que The Lord (Christian Bujeau), les villageois, toujours plus ou moins menés par John (Simon Astier) et Mary (Agnès Boury) sont contraints, après un périple plus cafouilleux que celui de la Communauté de l’Anneau, de se retrancher dans un bunker secret dès l’épisode #6. L’occasion de savourer une ambiance toujours un rien old-school qui n’est pas sans rappeler les « estivités » de nos chères colonies de vacances, entre guéguerre des chambrées, blagues potaches et promiscuité pas toujours heureuse au beau milieu de nulle part, à attendre que sonne l’heure de repas sans régalade. Tout ensuqués d’ennui, nos super-boloss déploient toute leur énergie à s’envoyer des fions, et un tout petit peu à assurer la sauvegarde du périmètre, avec tout le sérieux qui les caractérise. Etonnamment, alors qu’ils se replient sur eux-mêmes dans cet ultime refuge en attendant les ordres de l’agence (qui se barre en sucette), la saison toute entière semble moins en vase clos que la précédente, alors que l’on arpente au gré des épisodes les différents étages du bâtiment, pas spécialement cosy. Pourtant, l’action s’exporte assez peu en-dehors des murs du bunker (bien moins que dans la saison 1, qui nous baladait constamment à l’air libre), juste le temps de nous rappeler que la menace, outre-Atlantique, est bien réelle, et très tenace.
C’est l’occasion d’en apprendre d’avantage – et pas que des choses réjouissantes – sur le personnage de John, encore tributaire de ses subits changements de pouvoirs, toujours déconcertants. A travers une flopée de flash-backs hilarants et l’introduction d’un personnage clé, on retrace l’enfance du jeune prodige, son passage à l’âge adulte et son refus premier des responsabilités, en même temps qu’affleure un malaise de plus en plus palpable à mesure que la saison approche de son dénouement inquiétant. Dans le même temps, de nouveaux alliés rejoignent la colonie, dont le très (très) classe Valur (Erik Gerken) et l’interloquant Jean-Micheng (Patrick Vo). Une plus large place est donnée aux non-décideurs, tels Stan (Arnaud Joyet) et Burt (François Podetti) – qui forment d’ailleurs un duo très savoureux de Starsky et Hutch à la ramasse foutrement attachants – et aux outsiders, notamment en la personne de Mique (Etienne Fague), le mal-aimé du groupe qui connaît une évolution remarquable au cours des derniers épisodes. Autre personnage au cœur de révélations majeures, Jennifer (Aurore Pourteyron) contrebalance de manière très drôle et terre-à-terre les problématiques plus méta des super-héros en réhabilitation, en alimentant une tendre et comique idylle (très) contrariée avec John.
Les incontournables Alban Lenoir, Sébastien Lalanne et Gérard Darier sont bien évidemment toujours de la partie, avec même le retour de l’inénarrable Captain Sports Extrêmes campé par un Arnaud Tsamere en grande forme. Le casting de départ s’étoffe de nombreux guests, de Pascal Legitimus à Patrick Puydebat, en passant par Pierre Palmade et Alexandre Astier, tous deux invités sur deux épisodes notables (et hyper drôles). Si l’humour reste indéniablement l’accessoire majeur de l’histoire, la tension sous-jacente est désormais quasi-permanente, à mesure que les enjeux autour de l’agence gagnent en importance et que les plans du machiavélique Hoodwink (Hubert Saint-Macary) se précisent dans toute leur noirceur. C’est vraiment peu dire que l’ensemble prend de l’essor, ne serait-ce que visuellement, avec des effets à la hauteur des pouvoirs grandissants des uns et des autres, et des Némésis de plus en plus puissants. L’intrigue générale gagne en profondeur avec la multiplication des trames personnelles et autres menues manigances notamment, et des retournements de situation très timés, qui assurent un intérêt constant pour la suite des événements, avec des fins d’épisodes qui tiennent efficacement en haleine. A cet égard, le format 20/25 minutes est toujours parfaitement exploité.
Une montée en gamme évidente donc avec cette saison 2 rythmée, toujours aussi inventive, qui s’appuie sur les bases solidement posées dans la première saison pour déployer un canevas de fond plus ambitieux qu’on n’aurait pu le supposer au départ. Les racines de Hero Corp promettent de remonter loin, très loin, et d’embarquer la fine équipe plus loin encore, dans de nouvelles aventures plus périlleuses sans doute, mais toujours avec ce ton unique et décalé qui caractérise la série. Entre autres moments remarquables de cette saison 2, on retiendra les épisodes #7 – Intrus, #9 – Servir l’homme, #10 – 17 Survivants et #15 – Une Nouvelle Ere partie 2. Mais c’est vraiment le #13 – Instructions qui emporte la palme avec un épisode sans temps mort, saturé de rebondissements, et assorti d’un combat final qui envoie du pâté. On n’oubliera pas de saluer le travail sur les (nouveaux) costumes, le score d’Etienne Forget et les illustrations d’Olivier Peru, toujours aussi sensas’. A la fin de la saison, chargée de questions, de mystères et de doutes, on repense évidemment avec un frisson affreux à ce moment où il n’était pas question de distribuer une suite. Et pourtant…
A suivre…
Des épisodes à retrouver en intégralité dès 22h20 mercredi 10 mai sur France 4 pour un marathon saison 2.
Crédits : France 4
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