SYNOPSIS: Suite à la guerre qui fit rage jusque dans les années 80, l’agence Hero Corp fut créée afin de regrouper tous les Super-Héros et de maintenir un climat de paix. L’agence possède plusieurs sites secrets éparpillés sur la planète. En Lozère, les retraités, les mis au rancart, les démissionnaires, les démasqués, les pas formés, les hors normes, se retrouvent coupés du monde pour retrouver une vie calme et paisible. 20 ans de train-train volent en éclat quand The Lord refait surface. Face au plus grand super-vilain de l’Histoire que tout le monde croyait mort, le village est démuni. Selon une vision de La Voix, John est la solution à ce danger que la maison-mère préfère garder sous silence. John arrive au village mais il ignore tout de sa véritable identité et n’a aucune idée de ce qu’il va devoir accomplir pour sauver le monde.
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Après plus de trois années d’incertitude quant à l’avenir de la série, et au prix d’efforts colossaux pour convaincre un distributeur de lui (re)donner sa chance, Hero Corp revient en 2013 en access prime-time sur France 4 avec un découpage hebdomadaire inédit en 5 x 7’ sur 7 semaines de diffusion (soit, pour l’édition dvd, 7 chapitres de 35 minutes environ). La saison 3, c’est un peu le stade Phénix dans l’évolution progressive d’Hero Corp, qui abandonne définitivement le statut de série OVNI pour s’imposer comme une série majeure dans un paysage télévisuel français bien monochrome. Terminée l’époque où l’on pouvait dire d’Hero Corp qu’elle était « atypique » au point de ne trouver ni sa place sur une grille de programme, ni de public cible. Forte d’un socle solide de fans conquis, toujours inclassable, la série créée par Simon Astier s’offre une nouvelle liberté, celle d’aller au bout de ses envies, de ses idées, dans toute sa singularité. Jusqu’à devenir véritablement incontournable.
Bon, on va tenter d’éviter l’avalanche un peu gavante de superlatifs, et s’atteler à se faire un avis objectif de cette saison 3 – qui déchire trop sa mère ! – si c’est possible. D’abord on renoue, avec un plaisir sans mélange, avec la bande de bras cassés d’Hero Corp, bien mal embarqués en fin de saison 2. Fidèles à eux-mêmes, quoique dans une phase clairement ascendante, ils débordent de cette énergie improductive qui a tant, par le passé, contribuée à alimenter le pan comique de la série. Mais si l’on prend les mêmes, on ne recommence pas tout à fait pour autant. A tous les niveaux, la saison 3 est celle du renouveau. Désormais, si le ton et les protagonistes nous sont désormais (chèrement) familiers, tout est différent. Séparés les uns des autres, les supers-zéros vont être confrontés à des situations absolument inédites, et à la refonte complète de leur organisation : nouveau Q.G., nouveau chef, nouvelles règles, nouveaux pouvoirs… Il semble loin, le temps des déambulations foutraques arrosées au lait de chèvre de la saison 1. Avec une pointe de nostalgie – bizarrement positive – on assiste en direct à la mutation globale du groupe et aux changements plus spécifiques qui s’opèrent sur chaque personnage, car tous connaîtront, au fil des épisodes, des bouleversements majeurs. Passés les cinq premiers épisodes et leur saveur douce-amère, un peu cafardeuse parce que calqués sur l’humeur chagrine de John (Simon Astier), la jubilation affleure, et l’émerveillement va crescendo.
La genèse d’Hero Corp est loin derrière nous. On attaque véritablement les choses sérieuses avec cet acte foisonnant autour d’une intrigue principale aux petits oignons. On le disait plus haut, la montée en gamme est globale. Et qui dit « plus » et « mieux » sous-entend également un bon gros super-vilain qui surpasse en tout point les méchants d’hier. Et côté forces du mal, on n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Il ne s’agit plus de se disputer la direction des opérations de l’agence Hero Corp là, mais d’œuvrer pour le chaos total sur Terre. C’est loin d’être hyper original, mais c’est toujours très efficace. Et surtout, le rendu visuel est là, précis, appliqué, sans fioritures, diablement convaincant. Le travail sur les effets spéciaux est sensationnel, les décors vraiment à la hauteur, et l’aspect final des « bêtes » digne des meilleurs studios américains. La mise en scène, les effets de cadrage, la photographie, tout a pris une formidable envergure. En bref : ça pète. Ajoutez à cela l’éternel tiraillement du héros principal entre le Bien et le Mal – toujours pas super original, mais ça a le mérite de parler à tout le monde – extrêmement bien écrit, et vous obtiendrez un ensemble résolument plus sombre et mature, terriblement satisfaisant. Car si l’ambiance bon-enfant des débuts est encore présente (et heureusement), l’heure est à la prise de position, et chacun va devoir faire face à ses responsabilités, trop longtemps évitées. Ils se regardent encore un peu trop le nombril, nos presque super-héros, mais la nécessaire cohésion du groupe, toujours fragile, commence à s’imposer dans l’esprit de tous pour avoir une chance de contrer la (très grosse) menace.
Si le concept de départ reste inchangé, Hero Corp se renouvelle néanmoins – à l’image de son générique et de son thème principal, toujours superbes – avec une envie décuplée de proposer « autre chose », bien loin des hésitations des débuts, comme débarrassée des craintes de la première heure. Les évolutions personnelles des protagonistes étayent brillamment la résurrection de la série et dessinent de bien belles trames secondaires, au premier rang desquelles on distinguera celles de Stan (Arnaud Joyet), Doug (Sébastien Lalanne), Mique (Etienne Fague), Miss Moore (Stéphanette Martelet) et Jennifer (Aurore Pourteyron). D’ailleurs, la gent féminine est particulièrement mise à l’honneur dans cette saison qui fait la part belle à des personnages de femmes fortes et/ou influentes, quand elles ne prennent pas carrément la tête des opérations. A titre personnel, j’aime tout particulièrement ce qu’il advient de Mary (Agnès Boury) qui connaît, à plus d’un titre, une seconde jeunesse. Le casting de départ s’étoffe, une fois encore, de nombreux guests, parmi lesquels on retiendra la prestation hilarante de Jonathan Cohen, et le passage cocasse des duettistes du Palmashow, Grégoire Ludig et David Marsais. Mais ce sont surtout les nouveaux récurrents campés par Jennie-Anne Walker, Charles Clément et la toujours sublime Nathalie Roussel, qui sont une véritable valeur ajoutée à la série.
Avec cette troisième saison, Hero Corp connaît une renaissance inédite en France, et décroche au passage un statut quasi iconique. On n’est définitivement plus dans l’ébauche de quelque chose de différent, mais dans la maîtrise pleine et entière d’un genre nouveau. L’écriture est sublime, la mise en scène oscille entre audace et sobriété avec brio, l’interprétation a gagné en intensité, la réalisation à la fois fun, décalée mais millimétrée est un bonheur… Sans se départir de son étiquette de départ, cette série « à part » gagne ici ses lettres de noblesse grâce à une liberté de création et de ton préservée farouchement de bout en bout. On avait dit pas d’avalanche de superlatifs… c’est raté.
Retrouvez l’intégrale de la saison 3 sur France 4 mercredi 17 mai à partir de 22h20.
Crédits: France 4
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