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LA VIE DEVANT ELLES (Critique Saison 2) Des héroïnes qui rendent accros

SYNOPSIS: La saison 2 débute en 1978. Trois ans ont passé. Nos trois héroïnes sont devenues des jeunes femmes soucieuses de construire leur vie d’adulte. Solana a pris la tête de l’imprimerie Lambert, qu’elle s’acharne à développer quand la quête de ses origines familiales lui en laisse le temps. Alma prépare d’arrache-pied son barreau, les sentiments tiraillés entre Maître Duparcq et Rodolphe, son premier amour et pionnier des radios libres. Caroline revient d’un long périple au Maghreb. Dans le bassin minier, la vie locale est dominée par la crise de la sidérurgie qui supprime plusieurs milliers d’emplois à l’usine de Denain, non loin de Chambries. En pleine agitation sociale, dont le bistrot de Micheline est le réceptacle, le mystère de la mort des trois pères revient hanter les trois jeunes femmes. Alors que tout semble leur réussir – l’essor de son imprimerie pour Solana, le barreau pour Alma, l’accomplissement pour Caroline –, une terrible menace s’abat sur elles. C’est toutes les trois ensemble, dans une communauté de destin qui les a rendues inséparables, qu’elles devront l’affronter.  

C’était il y a deux ans. En plein Festival Séries Mania on découvrait la première saison d’une série dont on ne savait presque rien sinon qu’elle avait un trio d’héroïnes comme porte-drapeau, qu’elle était écrite par Dan Franck et Stéphane Osmont et que c’est Gabriel Aghion (Pédale Douce, Belle Maman...) qui était à la réalisation. On n’en savait pas beaucoup mais ce fut suffisant pour avoir envie d’en savoir plus et c’est un tourbillon émotionnel qui nous renversa, une tornade qui nous fit à la fois briller les yeux de plaisir et les fit perler de larmes, une déferlante qui nous permit de tomber sous le charme de La vie devant Elles et de ses trois comédiennes absolument éblouissantes: Alma Jodorowsky, Stéphane Caillard et Lilly-Fleur Pointeaux. Rivalisant de sourires et de séduction, d’ingénuité et de tendresse, elles avaient emportés notre cœur en une fraction de seconde. A la fois belles et séduisantes, drôles ou tristes, sensibles ou amoureuses révoltées avec la fougue de la jeunesse comme étendard mais sans l’insouciance de leur âge, héroïnes obligées d’affronter le deuil de plein fouet et de ne pas sombrer.

Avec La Vie devant Elles, les auteurs abordaient certes le passé mais parlaient de la condition féminine avec une modernité et un allant qui conféraient à la série à la fois sa familiarité et sa justesse de ton. Précise et précieuse, sachant alterner les moments poignants et ceux plus légers, embrassant d’un même élan toute l’énergie d’une époque. Bien qu’ancrée dans un contexte social économique et historique très marqué la série transcendait l’histoire en abordant tous les sujets épineux auxquelles les femmes se trouvaient confrontées que ce soit la liberté sexuelle, l’émancipation, les bouleversements sociaux ainsi que l’évolution des mœurs. Dire que l’on était impatient de les retrouver en saison 2 est un doux euphémisme. Si la première saison se focalisait sur le drame qui les frappait en racontant le quotidien des trois jeunes filles qui devenaient peu à peu des femmes au cœur du Nord de la France de la fin des années soixante-dix, la saison 2 les suit quelques années plus tard après que nos héroïnes aient acquis une maturité nouvelle sans avoir pour autant réglés tous leurs comptes avec leur passé qui les poursuit. Si de l’aveu des auteurs l’ambition est de raconter l’histoire de la France des années 70 à nos jours, la deuxième saison de La Vie devant elles poursuit son récit du destin de trois jeunes femmes inséparables. Le lien puissant qui les unit, indéfectible amitié à la vie à la mort, fait que rien ne peut les séparer malgré les soubresauts de l’histoire grande ou personnelle… Dans ces nouveaux épisodes les trois héroïnes, plus belles encore, plus solaires et énergiques que jamais se frottent aux tourments des sentiments amoureux tout en devant concilier les embûches du monde professionnel qui est loin d’être tendre avec elles. En filigrane de cette saison 2 la crise de la sidérurgie ancre à nouveau la série dans une réalité prégnante. Au-delà de ces vérités socio-culturelles, les luttes et les combats que vont traverser les trois amies, leurs soubresauts personnels et leurs fêlures participent à l’empathie et à ce que chacun puisse y retrouver une parcelle de soi.

Ces trois personnages féminins qui représentent un large spectre de la femme sont le moteur de la série, son centre névralgique et elles sont magnifiquement entourés par d’autres personnages (les hommes de leur vie, leurs mamans, leurs associés….) qui leur permettent de révéler toute leur densité. Au-delà des personnages et comme en saison une la musique agit comme un révélateur de l’époque tout comme elle l’enracine dans l’imaginaire du téléspectateur. Ici se côtoient Renaud avec Ma gonzesse, Alain Chamfort avec Manureva ou Serge Gainsbourg avec Sea, Sex and Sun et la musique s’imbriquant magnifiquement sur des images à la photographie légèrement sépia extrêmement soignée permet d’emporter à nouveau certaines scènes sur des cimes émotionnelles qui semblaient inatteignables. En parvenant à tisser un récit d’émancipation où se raconte le labeur pour ces trois jeunes femmes d’échapper à la vie que le destin leur assignait, Dan Franck et Stéphane Osmont ont magnifiquement poursuivis ce qu’ils avaient ébauchés en première saison. Leurs héroïnes veulent de plus en plus inventer leurs vies et ne pas se conformer à leur destinée, elles laissent la place à la vie et à l’amour et nous on les suit et on les aime intensément. Pour la saison 3 c’est quand elles veulent.

Crédits: France 3 / Cinétévé

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