Critique Blu-Ray

PINOT SIMPLE FLIC (Critique)


SYNOPSIS: Gardien de la paix sympathique et maladroit, le brigadier Pinot décide de prendre sous son aile Marylou, une jeune toxicomane originaire du même village que lui. Mais la jeune femme est sous l’emprise de Tony, un dangereux dealer. Le policier va prendre tous les risques dans cette affaire qui pourrait lui coûter sa carrière… ou faire de lui un héros.

Premier long métrage de Gérard Jugnot, qui démontrera à chaque fois finalement un peu la même sensibilité à des degrés plus ou moins marqués, avec sans doute en point d’orgue Une époque formidable (1991). Pour autant, avec Pinot simple flic, il faut surtout avoir en tête que nous avons à faire à plus qu’une simple et gentillette comédie, mais que le réalisateur Jugnot pose les jalons d’une émotion bien à lui. Pinot simple flic, c’est aussi beaucoup ce générique au début on l’on entend la voix chaude de Louis Chedid enchainer les « Police, police, police, police, police… Secours « . Ce n’est pas tout à fait multivitaminé d’hormones comme la dernière série policière en date de Canal BRI (2023) car Pinot n’est pas un beau gosse aventurier bagarreur. C’est le simple flic, le petit flic, petit képi, petite moustache, petite taille et zéro abdos. Pour autant, il maîtrise pour son époque et à sa façon les codes de la rue. Il va déployer progressivement une plus grande complexité que les premières images pouvaient le laisser présager. Une sensibilité, une solitude et un art de la transgression qui le sort de son apparente banalité. C’est tout ça Pinot simple flic, presque une histoire de faux semblants. Il est comme un héros tout autant comique que romantique.


Un peu plus tard, retour des rires, quand on verra l’inoubliable Sim en photographe porno un peu efféminé, forcément ça vaut son pesant. C’est aussi Pinot qui accueille sa protégée Marylou, dans son appart tout pourri, de zonard et face aux cris de la junkie : « Tu peux y aller, ici personne t’entend, et si on t’entend, tout le monde s’en fout ». Petit mec, petit appart, petite vie, que finalement tout le monde ignore dans une jungle urbaine où la place dans la chaîne alimentaire de la réussite se fonde souvent sur une part de hiérarchie sociale et se nourrit de l’indifférence, ici crasse. On est 7 ans avant Une époque formidable du même réalisateur, mais il pose ici quelques timides bases d’un regard déjà assez acerbe sur l’écrasement dévastateur de l’isolement dans les massives zones urbaines. Sans qu’ils ne s’en soient forcément directement inspirés, qu’il s’agisse de Bac Nord (2020), ou à nouveau de BRI, c’est intéressant de constater qu’au jeu des gendarmes et des voleurs, la frontière est parfois très poreuse entre les deux. Des bulletins de paie bien maigrelets pour des fonctionnaires qui à force de courir avec les méchants, en les rattrapant pourrait finir par un peu leur ressembler. Pinot simple flic, c’est aussi l’histoire d’une évidente marginalité.


Pinot va faire un peu tout et n’importe quoi pour sa Marylou, il en est tout autant touchant que pathétique. C’est quelque part très empathique tant c’est justement tout ce qu’on fait quand on est amoureux. Il devient courageux et enfin anime une vie jusqu’alors bien terne. Sur la fin, on se croirait presque dans Peur sur la ville (1974) pour les nuls, avec clairement un Jugnot qui sur les toits de Paris n’a pas tout à fait la même agilité que Bebel, mais qui est au moins armé de la même ténacité. Au niveau du casting, commençons par deux caméos avec des apparitions de Patrice Leconte et Jean-Marie Poiré, Le premier incarne un usager du métro lisant un journal tandis que le second interprète un « homme au walkman ».


Gérard Jugnot devant la caméra fait évidemment pleinement le job. Son interprétation est surtout marquée par une forme de banalité hautement confondante de l’existence d’un petit fonctionnaire de la capitale, désabusé, qui par ailleurs entasse les blâmes de sa hiérarchie. Mais comme la drolatique affiche satyrique du film le laisse supposer avec Jugnot grimé en Stallone du pauvre, le personnage et l’acteur avec, vont décoller vers des sphères moins balisées. Finalement Gérard a tellement eu raison de faire tourner Jugnot pour le rôle de Pinot. Fanny Bastien dans le rôle de Marylou fait œuvre d’une belle et forte sensibilité, de celle dont on se rappelle, tant son désœuvrement est incarné, porté avec convictions. Ce casting, c’est aussi des noms, les deux réalisateurs susnommés, mais aussi Pierre Mondy, Jean-Claude Brialy, Jean Rougerie et Pascal Légitimus !! Au final, Pinot simple flic, s’il ne laisse pas un incommensurable souvenir permet pour autant de passer un agréable moment, de forcément se plonger dans une autre époque, tout en constatant évidement que les principaux codes sociaux et sociétaux n’ont que peu bougé en 40 ans… Pinot, c’est un simple flic comme il existe autant de petites vies en apparence, voire de « gens qui ne sont rien » (!!), mais qui méritent finalement tout notre intérêt.


Détail des suppléments :

Gérard Jugnot, artisan-réalisateur / Partie 1 (2013) – 20 min.Pinot simple flic par Gérard Jugnot (2001) – 27 min.Film annonce

Jaquette réversible incluant l’affiche d’origine.

Titre Original:  PINOT SIMPLE FLIC

Réalisé par: Gérard Jugnot

Casting: Gérard Jugnot, Fanny Bastien, Patrick Fierry …

Genre: Comédie, Policier

Sortie le: 6 Juin 1984

Sortie en Combo Blu-Ray/DVD le : 02 Mai 2023

Distribué par: Rimini Editions

BIEN

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