Critiques Cinéma

CRAZY BEAR (Critique)

SYNOPSIS: Le film est basé sur un fait divers hallucinant : en 1985 une cargaison de cocaïne disparue après le crash de l’avion qui la transportait, avait été en fait ingérée par un ours brun. CRAZY BEAR est une comédie noire qui met en scène un groupe mal assorti de flics, de criminels, de touristes et d’adolescents qui convergent tous au cœur d’une forêt du fin fond de la Georgie vers l’endroit même où rode, enragé et assoiffé de sang, un super prédateur de plus de 200 kilos, rendu complètement fou par l’ingestion d’une dose faramineuse de cocaïne.

En septembre 1985, un avion transportant 14 millions de dollars de cocaïne a commencé à déverser sa cargaison au-dessus de la forêt de Chattahoochee, dans le nord de la Géorgie. Finalement, les restes de l’avion, de son pilote (Andrew Carter Thornton II, connu sous le nom de « The Cocaine Cowboy »), et la cocaïne elle-même seront retrouvés. Bien que la majeure partie était intacte lorsqu’elle est tombée, elle n’a pas été entièrement épargnée. Un ours, malheureusement, a trouvé la cocaïne, et après l’avoir ingéré, est décédé. Dans la vraie vie, c’est là que s’est achevée l’histoire du Cocaïne Bear. Mais dans le script de Jimmy Warden (La Baby-sitter) acheté et produit par le duo Philip Lord et Christopher Miller (21 Jump Street , La grande Aventure Lego) et mis en scène par Elizabeth Banks, c’est le début d’un carnage meurtrier sous drogue au travers duquel nous suivons le destin d’un groupe de personnages hétéroclites liés par leur rencontre avec l’ours du titre .

Après avoir été le témoin de la chute fatidique de Thornton (Matthew The Americans Rhys dans un petit rôle pour soutenir ses co-vedettes de la série), nous rencontrons les personnages qui façonneront l’histoire et constitueront le cœur de Crazy Bear. Kristofer Hivju (Game of Thrones) dans le rôle d’un campeur traumatisé par sa rencontre avec l’ours, une mère célibataire Sari (Keri « The Americans Russell), sa fille Dee Dee (Brooklynn Prince (The Florida Project) et son ami Henry (Christian Convery). Sari fait de son mieux pour joindre les deux bouts tout en ayant une vie amoureuse mais sa fille Dee Dee ignorée entraine Henry pour une randonnée dans la forêt pour peindre une cascade – et attirer l’attention de sa mère. Dans le bureau des visiteurs nous rencontrons la Park Ranger Liz (Margo The Americans Martindale) et un activiste de la cause animale, Peter (Jesse Tyler Ferguson) qu’elle tente de séduire alors que les Duchamps, un gang de « loubards artistiques » tentent de ruiner sa journée. Et il y a enfin les criminels: le trafiquant de drogue Syd (Ray Liotta, dans sa dernière performance) déterminé à retrouver sa cargaison de coke qui envoie son fils Eddie (Alden Ehrenreich) – veuf éploré qui s’est retiré du business familial et son ancien meilleur ami Daveed (O’Shea Jackson, Jr.) dans la foret. Enfin, il y a les flics qui essayent de résoudre l’enquête: Bob (Isiah Whitlock Jr.) et l’officier Reba (Ayoola Smart).

Pour son troisième film, Elizabeth Banks (Pitch Perfect 2, Charlie’s Angels) ne perd pas de temps à nous faire savoir exactement à quel genre de film on a affaire quand elle commence sans discernement à choisir les membres de son casting qui vont périr de manière de plus en plus brutale et souvent hilarante des pattes de l’ours. Personne n’est à l’abri, ce qui ajoute du piment à cette comédie d’action rythmée. Crazy Bear rend un hommage parodique mais respectueux aux films d’attaque animale qui ont fleuri post-Jaws , les Grizzly, Alligator, Prophecy ou Piranha. La réalisatrice  adopte le style visuel des films d’horreur des années 80 et  fait un excellent travail pour capturer l’esthétique de ces années sans en faire trop. Qu’il s’agisse de la combinaison rose fluo que Sari porte, des coiffures permanentées ou de la musique au synthétiseur – le score de Mark Mothersbaugh (La grande aventure Lego, Thor Ragnarok) est fantastique, le public est transporté dans le passé d’une manière naturelle. Banks parvient à orchestrer lisiblement des séquences d’action chaotiques comme dans une des scènes les plus réussies du film  sur fond de Depeche Mode impliquant une civière, une ambulance qui file à grande vitesse et des plaies prosthétiques à couper le souffle. Le script jongle avec agilité avec une myriade de personnages (peut-être quelques uns de trop) en faisant avancer le récit rapidement durant les 95 minutes du film, une durée raisonnable que l’on peut attendre du spectateur pour qu’il reste investi dans une histoire d’ ours cocaïnomane.

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Le casting est excellent , chaque comédien a pleinement conscience du genre de film dans lequel il joue et adhère au projet, ce qui contribue à créer une camaraderie palpable. Le mélange de talents fonctionne bien à l’écran. On sourit à voir Keri Russell, qui court dans les bois en combinaison rose, Jackson et Ehrenreich (que les producteurs Lord et Miller avait choisi pour être Han Solo avant d’en quitter la réalisation) semblent les vedettes de leur propre buddy-movie au milieu du carnage. Si on ressent un sentiment doux-amer à voir le grand Ray Liotta dans son dernier rôle, contre toute attente sa dernière apparition n’a rien de déshonorant. Il  parodie ici le type de rôle qui a fait son succès. Banks leur donne assez de matière comique pour briller et au public assez de temps avec chacun pour qu’on se soucie de leur sort. Crazy Bear est une série B de bout en bout et si chaque gag ne fonctionne pas nécessairement, il y a  plus qu’assez de matière pour faire rire tout au long du film. L’ours (ou est-ce l’ourse) cocaïnomane est la vraie star du film : une machine à tuer baveuse, rugissante et déchaînée est aussi terrifiante qu’adorable, même lorsqu’il est en pleine rage meurtrière. Une création de Weta Digital qui trahit ses origines CGI peut-être 10% du temps mais ressemble la plupart du temps à un véritable ours. Aussi loufoque que soit le sujet, les attaques de l’animal quand elles arrivent sont un rappel choquant que cet ours est un prédateur, rapide comme l’éclair en mission pour ingérer autant de coke que possible même si il faut arracher des membres ou éventrer ceux qui se mettent sur sa route. Banks s’inspire clairement de classiques comme Jaws et Jurassic Park pour rendre les mouvements de l’ours aussi effrayants que possible. Warden y injecte un sens de l’humour irrévérencieux mais parvient à rendre les personnages attachants. Ils arrivent conjointement souvent à surprendre le spectateur en termes de comédie et de violence.

Crazy Bear est beaucoup plus violent et gore qu’on le pense mais moins qu’on le souhaiterait parfois. Le film n’est pas exempt de défauts malgré une durée brève, après une heure de chaos en constante escalade, l’action commence à traîner, les rebondissements deviennent plus laborieux. Le film s’essouffle lorsque les trafiquants de drogue sont réunis avec Sari et les enfants et ce qui se présentait comme un exercice de parodie de film d’exploitation menace de devenir un film d’aventures familial. Nous pourrions pinailler mais il n’y pas ici tromperie sur la marchandise, on nous vend la promesse d’un ours défoncé à la cocaïne qui tue un tas de gens et elle est tenue. Certes on aurait aimé plus de morts, plus de gore mais le film a une belle énergie et une sincérité qui emporte la décision : Crazy Bear est une comédie d’horreur réussie hommage sincère aux séries B d’attaques animalières des années 1980, vraiment drôle et drôlement gore.

Titre Original: COCAINE BEAR

Réalisé par: Elizabeth Banks

Casting : Keri Russell, O’Shea Jackson Jr., Christian Convery

Genre: Epouvante-horreur

Sortie le : 15 mars 2023

Distribué par: Universal Pictures International France

BIEN

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