SYNOPSIS: Aussi énigmatique que provocatrice, Emily Brontë demeure l’une des autrices les plus célèbres au monde. EMILY imagine le parcours initiatique de cette jeune femme rebelle et marginale, qui la mènera à écrire son chef-d’œuvre Les Hauts de Hurlevent. Une ode à l’exaltation, à la différence et à la féminité.
Pour son premier long-métrage, Frances O’Connor brise les barrières du biopic en costumes avec l’adaptation tumultueuse de la vie d’Emily Brontë, sœur mystérieuse de Anne et Charlotte Brontë (à qui l’on doit respectivement Agnes Grey et Jane Eyre). A l’ouverture du film, Emily est filmée mourante, alors que Charlotte la confronte pour essayer de comprendre les raisons qui l’ont poussée à écrire Les Hauts de Hurlevent. Sa violence, sa noirceur, ses fantômes et ses amours perdus contrastent pourtant avec la personnalité de la jeune femme ; Emily s’en va alors raconter à sa sœur, et à nous par la même occasion, les évènements qui ont fait germer dans son esprit les bases de son unique roman. Frances O’Connor choisit alors d’en faire une fable littéraire, baignée dans le romantisme des films d’époque, en trafiquant quelque peu la véritable vie de l’autrice pour mieux tenter de peindre sa figure. Emily est présentée comme une jeune femme solitaire, mal à l’aise socialement et dont la passion pour les histoires se mélange régulièrement avec le monde qui l’entoure. Son introversion et sa connexion avec la nature, nourrit par les dysfonctionnements qui malmènent sa famille depuis le décès de leur mère, bâtissent alors pièce par pièce la Emily qui – percée par les peines et les malheurs – prendra sa plume pour écrire Les Hauts de Hurlevent.
Car, bien qu’Emily soit centré sur la sœur éponyme, le long-métrage tâche de faire de son récit le parcours chaotique de la famille Brontë, au-milieu d’un père caractériel que chaque enfant cherche à rendre fier, et d’une fratrie aux rapports fragiles tant ils sont constamment séparés par leurs différences naturelles. Au sein de cette fresque relationnelle, chaque personnage semble mû par son propre rythme, sa propre énergie permettant de ce fait d’appuyer encore plus la différence d’Emily par rapport aux autres de son âge. La mise en scène délicate de Frances O’Connor, à hauteur d’émotions subtiles et des décors impressionnants du Yorkshire des Brontë, s’appuie alors sur son récit pour faire rentrer la fiction dans le canevas de la réalité, comme si l’intrigue des Hauts de Hurlevent pondu par l’imaginaire d’Emily venait insidieusement s’introduire au sein de cette famille.
Ce sont alors les personnages autour de la protagoniste qui portent chaque aspect de son roman, la metteuse en scène se penchant avec attention sur les rapports qu’elle entretient avec ses sœurs, et avec son unique frère Branwell. Et c’est évidemment l’arrivée dans la maison du vicaire de la famille William Weightman, avec qui elle entretiendra une relation passionnelle mais interdite, qui condamne le film – et Emily elle-même – à se précipiter vers sa fin. En évitant soigneusement de faire sombrer son long-métrage dans les affres du sentimentalisme larmoyant qui côtoie souvent les drames romantiques en costumes, O’Connor construit à l’aide de la photographie soignée de Nanu Segal et la musique inspirée d’Abel Korzeniowski un semi-biopic habité par la littérature de la famille Brontë et par ses fantômes qui reviennent parfois les visiter (la scène du masque est dans cet axe-là une vraie réussite).
Au casting, la bluffante Emma Mackey (Sex Education, Eiffel) signe un premier rôle de grand talent en incarnant avec une douce humanité traversée par certaines strates de noirceur la figure complexe d’Emily Brontë. L’accompagnent dans ces méandres artistiques les très bons Amelia Gething, Alexandra Dowling, Fionn Whitehead et Oliver Jackson-Cohen, évoquant chacun à leur façon les rapports d’Emily à la foi, à l’amour, aux regrets, à la jalousie, à la déception et à la mort. Frances O’Connor signe un film impeccablement emballé, aux décors et costumes très réussis, qui disserte avec passion sur la naissance de l’art et de la puissance destructrice des sentiments par le prisme d’une protagoniste en peine avec ses émotions. Emily est un premier film très prometteur dont les élans poétiques accompagnent le récit d’une vie balisée par la peine, la poésie et la fougue de son héroïne éponyme.
Titre original: EMILY
Réalisé par: Frances O’Connor
Casting: Emma Mackey, Alexandra Dowling, Fionn Whitehead …
Genre: Biopic, Historique
Sortie le: 15 Mars 2023
Distribué par : Wild Bunch Distribution
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020
Je pense aller le voir alors merci pour ton avis qui confirme cette envie !