Critiques Cinéma

ANT-MAN ET LA GUÊPE : QUANTUMANIA (Critique)

SYNOPSIS : Les super-héros et partenaires Scott Lang et Hope Van Dyne – alias Ant-Man et la Guêpe – vont vivre de nouvelles péripéties. En compagnie de Hank Pym et Janet Van Dyne – les parents de Hope – le duo va explorer la dimension subatomique, interagir avec d’étranges nouvelles créatures et se lancer dans une odyssée qui les poussera au-delà des limites de ce qu’il pensait être possible.

Les films Ant-Man ont toujours été dans la hiérarchie du MCU des films autonomes aux enjeux plus modestes servant de récréation après des opus plus épiques (Age of Utron pour le premier film et Avengers Infinity War pour sa suite)Pour la première fois avec Ant-Man & La Guêpe : Quantumania le réalisateur Peyton Reed est non seulement en charge d’inaugurer la prochaine « phase » du studio (la 5ème  pour ceux qui comptent) mais aussi d’introduire celui qui doit être le prochain grand vilain du MCU qui a la lourde tache de succéder à Thanos : Kang le conquérant incarné par la star montante Jonathan Majors.

 

Ant-Man & La Guêpe : Quantumania souffre d’un problème d’identité car les deux précédents films avaient pour particularité de se dérouler en marge des grands évènements du MCU, leur intérêt résidant dans la dynamique des relations entre ses personnages  plutôt que dans des conflits super-héroïques. Cette dynamique familiale ou amicale était mise en mouvement par une série de problèmes à résoudre plutôt que de combats à mener pour la survie de l’humanité ou du multivers. L’action s’y déroulait dans le « monde réel » et les seconds rôles, le groupe de bras cassés qui entouraient Scott Lang  contribuait à l’identité de la franchise. Ce charme comique manque à ce troisième volet dont  l’action se déroule quasi exclusivement  dans des environnements numériques. Si les enjeux sont clairs (et massifs)  ils sont tous externes au noyau familial ou amical des Lang. La motivation émotionnelle et  les enjeux personnels  sont quasiment absent sauf pour le personnage de Janet Van Dyne incarnée par Michelle Pfeiffer.  En renonçant aux jeux d’échelle qui faisait le charme des pouvoirs du personnage le film perd aussi de ce qui faisait sa spécificité pour devenir une aventure cosmique où Scott Lang n’est finalement pas indispensable. L’ouverture du film tente d’établir les relations compliquées entre Scott et sa fille Cassie (Kathryn Newton)  désormais adolescente,  conséquences de l’absence de Scott durant cinq ans et de la volonté de cette dernière de devenir une héroïne  alors que Scott se satisfait de sa nouvelle vie. Toutes ces pistes se volatilisent  dés qu’ils entrent dans le  royaume quantique.

Car le cœur et l’argument de vente d’Ant-Man & La Guêpe : Quantumania reste l’introduction de Kang le conquérant le méchant majeur prétendant à la succession de Thanos dont l’arrivée est  annoncée et attendue depuis plusieurs mois. Le film marque sa première apparition cinématographique, Jonathan Majors ayant déjà interprété un de ses « variants » dans le final de la première saison  de la série Loki.  Mais si Thanos était un personnage assez facile à appréhender pour un large public – un colosse  extra-terrestre qui veut exterminer la moitié de la population de l’univers – le motivations et les origines de Kang sont beaucoup plus alambiquées. A ses débuts dans les comics (The Avengers #8 en octobre 1964) un tyran venu du futur pour affronter les Avengers dans le présent avec sa technologie avancée, son background s’est au cours des années considérablement complexifié, le liant à des séries et des personnages cruciaux au travers de l’univers Marvel. En introduisant immédiatement cette version « non linéaire » du vilain  dans le cadre de sa « saga du Multivers » la menace qu’il représente  peut apparaitre  trop abstraite pour le grand public. Autre handicap, si Thanos arrivait dans la période la plus faste du MCU, Kang se doit de relancer une machine Marvel Studios qui semble s’être  grippée dans sa phase IV pour la conduire vers les deux prochains films Avengers (Avengers The Kang Dynasty et Avengers Secret Wars). Heureusement, Jonathan Majors se montre tout de suite convaincant : charismatique, intense et effrayant il laisse entrevoir chez Kang littéralement d’un regard ou d’une intonation de voix une complexité que le script n’a pas forcément le temps d’établir. Son physique puissant apporte énormément au personnage dans ce cadre d’adaptation de comic-book, la traduction du personnage à l’écran est visuellement géniale, ses postures et ses expressions rappellent parfois les dessins d’un John Buscema. Le scénario de Jeff Loveness (qui a écrit quelques comics pour Marvel) si il a du mal à incorporer l’identité de la franchise et ses aspects les plus émotionnels, maitrise  la mécanique d’un récit de comic-book de super-héros et  rappelle à quel point l’univers Marvel peut-être bizarre et merveilleux. Egalement scénariste de la série animée Rick & Morty et il y a quelques chose dans l’esprit et les design du Royaume Quantique et de ses citoyens, un défilé  psychédélique plein de bizarreries effrayantes et hilarantes, qui rappellent les univers visités dans la série créée par Dan Harmon et Justin Roiland. Son introduction de la version du MCU de Kang le conquérant à travers sa rencontre avec Janet Van Dyne expose ses objectifs et justifie  pourquoi une telle menace ne s’est pas manifestée plus tôt dans les films du studio et s’en sert comme « mac guffin » du film.  Il incorpore à l’intention des fans du comics des caractéristiques de la version papier du personnage sans que cela soit ostentatoire. Ainsi on  remarque que ses pouvoirs dérivent en grande partie de la manipulation de puissants champs de force sans que cela soit énoncé. Autre personnage introduit ici comme homme de main de Kang qui conserve les fondamentaux visuels et comportementaux des comics même si il est traité dans une veine satirique, M.O.D.O.K que le rédacteur de ces lignes n’aurait jamais cru voir un jour à l’écran. Autre immense plaisir de fan de comic-book : voir littéralement matérialisée  une planches de comics à l’écran dans une scène (la page 11 du Avengers Vol 1 #292 publié en février 1988) qui aura sans doute une importance cruciale dans la suite de la saga.

Peyton Reed venu de la comédie romantique troque donc une approche plus « terre à terre » du MCU pour basculer dans une ambiance de space-opera où il se montre à l’aise comme en attestait déjà son expérience sur quelques épisodes de The Mandalorian . La conception du film trouve ses inspirations dans les illustrations de SF des années 80 et si son influence cinématographique la plus flagrante semble être la saga Star Wars on la trouve également dans la nébuleuse de  superproductions kitschs qui ont suivi le succès du film de Lucas (Flash Gordon, Krull, Star Crash) mais aussi dans les films  inspirés de Voyage au Centre de la Terre. Ant-Man & La Guêpe : Quantumania assume pleinement cet héritage de série B (voire Z) dans une production richement dotée tout autant qu’elle embrasse pleinement les aspects les plus bizarres des comic-books. Les Marvel Comics ont exploré souvent ces mondes subatomiques qui y portent le nom de Microverse – rebaptisé ici Royaume Quantique pour des raisons de droits (le terme ayant été créé pour la série Micronauts  comic-book sous licence inspiré d’une gamme de jouets).  Hulk en particulier y a connu de nombreuses aventures  dans les années 70. Le personnage de Jentorra (Katy O’ Brian) a ainsi des liens avec les deux séries. Reed et son directeur artistique Will Htay parviennent à créer un monde très vivant qui semble avoir sa logique interne et sa propre histoire. Le rythme est soutenu, le montage de Laura Jennings  (Edge of Tomorrow) et Adam Gerstel (Transformers: The Last Knight)  apporte l’énergie  nécessaire et  parvient à bien gérer tous les fils du récit. La mise en scène de Reed, plus classique que celle d’un James Gunn, reste agréable, fluide et dans l’ensemble efficace. Ant-Man & La Guêpe : Quantumania souffre néanmoins de se dérouler entièrement dans un univers virtuel ce qui diminue son aspect tactile et d’être baigné dans cette colorimétrie violette omniprésente dans les derniers films du studios qui empêche le directeur de la photographie Bill Pope (la trilogie MatrixSpider-man 2) d’imprimer sa patte. Les effets spéciaux malgré leurs multitude sont dans l’ensemble de bonne qualité en tout cas suffisante pour ne pas sortir le spectateur de l’histoire.

Paul Rudd dégage toujours un grand capital sympathie et un bon timing comique mais l’ancrage comique de son personnage n’en fait pas le choix idéal pour constituer une opposition crédible face à des enjeux cosmiques même si il s’en sort plutôt bien face à Kang/Jonathan Majors. Michael Douglas  semble goguenard, perplexe sans doute face à ce nouveau paysage cinématographique où il se retrouve, après avoir été l’incarnation du thriller érotique R-rated des années 90, à devoir parler à des fourmis en images de synthèse et des protoplasmes sur des fonds verts. Il fait malgré tout le job et le script lui réserve un beau moment héroïque dans l’acte final. Kathryn Newton (Big Little Lies, Freaky) est  charismatique et pétillante mais ne peut pas apporter grand chose à un personnage qui une fois entré dans le royaume quantique ne sert plus que de demoiselle en détresse. Est-ce face au risque de mauvaise presse que ses très publiques positions anti-vax faisaient courir au projet, en tous cas, malgré un rôle titre, Evangeline Lilly est réduite à jouer les utilités et voit son rôle réduit à la portion congrue. Au final la « vraie » guêpe  du film est bien Janet Van DyneMichelle Pfeiffer qui est de fait la vraie protagoniste du film la seule à entretenir un rapport direct avec Kang. En dépit de rôles titres finalement accessoires, Ant-Man & La Guêpe : Quantumania, parce qu’il assume sans complexe les aspects les plus foutraques de la série B de SF et des comics mainstream est un  divertissement plaisant, le charisme de Jonathan Majors dans le rôle de Kang  promet pour l’avenir de son personnage dans le MCU.

Titre Original: ANT-MAN & THE WASP

Réalisé par: Peyton Reed

Casting: Paul Rudd, Michael Douglas, Evangeline Lilly,

Jonathan Majors, Michelle Pfeiffer, Bill Murray…

Genre: Action, Science Fiction

Sortie le: 15 février 2023

Distribué par: The Walt Disney Company France

BIEN

1 réponse »

  1. J’ai vu le filme et il est pas terrible. Les paysages semblent faux et il y a une certeine odeur à racisme melangé d’un puratinisme très élévé. Film à faire tourner la machine Marvel mais sans plus.

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