Critiques Cinéma

BIG GUNS – LES GRANDS FUSILS (Critique)

Tony Arzenta, ancien tueur à gages, souhaite se retirer des affaires. N’acceptant pas sa démission, l’organisation tente de l’éliminer, et tue, par erreur, sa femme et son enfant. Fou de douleur, il décide de se venger…

Avec Big Guns, Nous sommes typiquement face à un genre en vogue à l’époque, le « poliziottesco ». Ici, c’est un homme seul contre tous, autant dire que ça va flinguer à tout va, mais à l’Italienne, et rien que pour ça, la curiosité est en éveil.  Big Guns n’est pas le polar italien le plus reconnu, et peut même passer assez inaperçu dans la filmographie si dense et puissante de l’icône Alain Delon. Sans doute car Big Guns ne s’est pas démarqué de ses pairs par une originalité à tout crin, dans l’univers des polars italiens des années 1970, avec la vengeance et la pègre en thématique majeures. Ce qui n’empêche pas une redoutable efficacité, une tension presque permanente et un rythme assez haletant très bien tenu, qui sont notamment l’apanage de son réalisateur Duccio Tessari. Deux ans après, l’acteur Français et le réalisateur collaboreront ensemble dans le Zorro de 1975. Comme à chaque fois, le charisme de Delon dès sa première apparition est total. Sa gravité, le magnétisme de son regard. On devine toute de suite qu’il va encore tout écraser.

 

Le terme « abattre froidement » prend tout son sens dans la façon de Delon d’utiliser son flingue. Évidemment, un saisissant effet de contraste quand le glacial tueur rentre à Casa après une journée de labeur sanglante, pour retrouver sa femme et embrasser son fils. Le message est clair sur le lien à venir entre les deux vies du meurtrier. Et quand, l’inévitable, le drame, survient, c’est sous ses yeux. L’irrationnel se démultiplie alors. Le film bascule et va se reposer sur la vengeance folle, enragée et existentielle d’un homme brisé, qui n’a plus rien à perdre. S’il n’a évidemment pas tué lui-même sa famille, il en porte fatalement la culpabilité, ce qui va accroître sa froide détermination. La loi du talion, qui plus est pour un tueur, ne peut qu’être terriblement destructrice. Alain Delon en mode endeuillé est encore plus troublant de charme quasi démoniaque.

La course poursuite en voiture est d’époque, tout comme les scènes de fusillades sont presque champêtres et bucoliques, malgré bien sûr leur caractère violent. C’est finalement un peu à l’image du film. A savoir que Big Guns ne se distingue pas par une originalité à tout crin, jouant sur des ficelles mafieuses et de vengeance assez convenues et peu inventives. Pour autant une forme de charme émane de l’œuvre, qu’il est impossible de déconnecter de la présence de son interprète principal. Un autre facteur semble également permettre à l’ensemble de tenir un rythme, avec la petite mélodie de Gianni Ferrio accompagnatrice et lancinante. Elle est plutôt bien sentie, et vient appuyer la mélancolie, la douleur et même une forme d’empathie.

Comme évoqué plus haut, Alain Delon porte l’entreprise à la fois sur ses épaules de star internationale qu’il est déjà à la sortie de Big Guns, mais aussi jamais sans facilité, à savoir qu’il s’engage dans son rôle avec toujours cette authenticité, cette blessure permanente qui s’ancre ici dans un rôle d’homme explosé de l’intérieur. Il est toujours autant phénoménal dans cette capacité à figer la caméra et le spectateur avec. Le glauque et l’inhumanité de la pègre Italienne trouvent ici une parfaite incarnation dans le rôle incarné par Richard Conte, évidemment convaincant dans le rôle du chef des salauds, si propre sur lui, jouant d’une fausse compassion bien crasse. Sans parler du plaisir jamais inassouvi de retrouver Roger Hanin, bien trop sûr de lui, généreusement prétentieux, qu’il sait jouer avec un naturel bluffant. A sa façon lui aussi est solaire. Au final, Big Guns s’inscrit dans un classicisme narratif du polar avec le flingueur solitaire en personnage central. Les codes sont maitrisés et permettent au film de jouer la carte de l’efficacité, qui ravira les amateurs du genre.

Titre Original: BIG GUNS

Réalisé par: Duccio Tessari

Casting : Alain Delon, Richard Conte, Carla Gravina…

Genre:  Thriller, Drame

Sortie le: 23 Août 1973

Reprise le : 15 Février 2023

Distribué par: Les Films du Camélia

BIEN

 

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