Critiques Cinéma

ATOMIC BLONDE (Critique)

3 STARS BIEN

atomic blonde affiche cliff and co

SYNOPSIS: L’agent Lorraine Broughton est une des meilleures espionne du Service de renseignement de Sa Majesté ; à la fois sensuelle et sauvage et prête à déployer toutes ses compétences pour rester en vie durant sa mission impossible. Envoyée seule à Berlin dans le but de livrer un dossier de la plus haute importance dans cette ville au climat instable, elle s’associe avec David Percival, le chef de station local, et commence alors un jeu d’espions des plus meurtriers.

Les films ayant réussi à créer des personnages féminins badass iconiques sont suffisamment rares pour que tout nouveau projet nourrissant cette ambition puisse attirer notre attention.  Yuki Kashima (Lady Snowblood) , Geum-Ja Lee (Lady Vengeance), The Bride ( Kill Bill) et dans un autre genre Ellen Ripley (Alien) et Furiosa (Mad Max Fury Road) sont des références auxquelles se confronte forcément tout film d’action reposant sur les épaules de son personnage féminin. Adapté du comic book The Coldest City (Anthony Johnston et Sam Hart), Atomic Blonde ne se cache pas de vouloir créer l’alter ego féminin d’un John Wick, mission dévolue à une Charlize Theron ultra iconique qui bénéficie toujours de l’aura acquise chez George Miller. Une telle ambition peut accoucher d’une coquille vide, d’un film au style imparable mais au propos si mince et aux personnages si transparents qu’il ne tient que quelques minutes avant de s’effondrer sur lui même. David Leitch s’étant déjà illustré dans le même exercice, nous pouvions espérer qu’à l’instar de ce qu’il réussit sur John Wick, il injecte suffisamment de matière dans cette magnifique coquille pour qu’Atomic Blonde ne soit pas qu’une vaine et au final interminable série B chicissime. Si Keanu Reeves arrivait à tenir le film sur ses épaules et à donner un peu d’épaisseur à cet as de la gâchette et de la baston, il n’y avait aucune raison de douter que Charlize Theron puisse en faire tout autant. En prenant pour toile de fond le contexte de la fin de la guerre froide et de la chute du mur de Berlin, ce récit avait par ailleurs, à priori, déjà quelque chose de plus à raconter que la quête de son personnage principal dont la psychée se révèle aussi impénétrable qu’un gilet pare balles. La présence au scénario de Kurt Johnstad, auteur de celui de 300 et de sa très embarrassante suite avait toutefois allumé quelques voyants rouges.

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Iconisée dès la première scène et presque à chaque plan, Charlize Theron vampirise le film qui, comme nous, ne parvient pas à détourner son regard d’elle. Cela atteint un point tel que tout ce qui peut se passer entre et autour de ses apparitions, que ce soit ce récit d’espionnage à la John le Carré (qui serait devenu dyslexique) ou les personnages qu’elle croise (à l’exception notable de Percival incarné par un James McAvoy une nouvelle fois incandescent) parait insignifiant, jusqu’à en devenir abstrait. Raconté en flashback par Lorraine Broughton (Charlize Theron) qui débriefe sa mission avec ses supérieurs, le récit effectue des allers retours entre ces 2 temporalités, ce qui vient apporter un peu de lumière à un scénario pour lequel on perd assez rapidement tout véritable intérêt. C’est évidemment problématique mais ce n’est pourtant pas complètement rédhibitoire, tant il est difficile de nier le plaisir pris devant ce spectacle un brin fétichiste, qui frôle même parfois le ridicule mais qui est, pour peu qu’on accepte de s’y abandonner,  visuellement assez bluffant.

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Passons sur le fait que Charlize Theron joue autant qu’elle défile pour David Leitch, comme elle le faisait dans sa jeunesse sur les podiums des créateurs de mode. Ses entrées dans le cadre, sur une bande son rock pop des années 80, vêtue de tenues toutes plus belles les unes que les autres, pourraient s’accompagner des crépitements des flashs des photographes, cela ne dépareillerait pas. Atomic Blonde est un véhicule à sa gloire autant qu’il est un exercice de style dans lequel David Leitch soigne le moindre des cadres dans lequel apparaît son égérie. Il y a certes un côté papier glacé extrêmement artificiel et qui finit par lasser dans ces installations noyées de musique, accentué par la photographie bleutée du petit frenchie Jonathan Sela déjà à l’oeuvre sur le premier John Wick. Pour vain qu’il soit sur la durée d’un long métrage, l’exercice reste tout de même intéressant et exécuté avec brio. Il prend une toute autre dimension lorsque s’enchaînent les premières scènes d’action dans lesquelles on retrouve le sens de la chorégraphie, la grande lisibilité et l’impact qui nous avait bluffés dans John Wick. Atomic Blonde nous offre même une scène tellement impressionnante qu’elle est, à nos yeux, aux scènes d’action/baston, ce que la scène du métro aérien de French Connection fut aux scènes de poursuite en voiture. La violence et la virtuosité de cette longue scène qui semble ne jamais devoir se terminer laisse pantois et ce n’est pas faute d’avoir sur nos écrans des centaines de films par an qui s’y essayent. On ne peut préjuger de ce que deviendra le film mais cette scène lui survivra très probablement.

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Alors que le scénario bégaye, l’action se renouvelle, va crescendo jusqu’à produire un effet de sidération que l’on ne connaît aujourd’hui que trop rarement. Il faut aussi reconnaître à Atomic Blonde d’avoir particulièrement bien réussi son casting qui parvient à incarner des personnages à l’écriture minimaliste, leur fonction première n’étant pas d’exister mais de croiser la route de Lorraine et de donner parfois même un prétexte supplémentaire d’admirer sa plastique (cf la scène érotico chic assez gratuite avec Sofia Boutella dont le personnage n’existe vraiment que pour cela). James McAvoy (David Percival) dans un rôle d’agent incontrôlable taillé à sa mesure confirme qu’il est au sommet de sa forme, probablement le seul acteur capable d’incarner avec autant d’intensité et de crédibilité des personnages complètement allumés. John Goodman et Toby Jones (Gray) sont là pour le décor mais le film bénéficie grandement de leur charisme. Quant au trop rare Eddie Marsan (Spyglass), nul autre acteur n’est aussi bon  que lui dans ces rôles de pauvre type un peu pleutre qui subit le cours des événements.

Atomic Blonde (2017)

L’ensemble aussi vain et extrêmement calibré soit-il reste ainsi toujours à flot, sauvé par l’efficacité de ses scènes d’action et la prestation hypnotique de Charlize Theron qui incarne l’héroïne badass la plus chic et glamour que le cinéma n’ait jamais produit. Pour peu qu’on soit insensible à cela, qu’on espérait que la forme surproduite et le fond puisse se rencontrer, comme avaient su le faire Quentin Tarantino, Park Chan Wook et Toshiya Fujita, alors Atomic Blonde vous glissera dessus comme la pluie sur les interminables bottes de Lorraine Broughton.

atomic blonde affiche cliff and co

Titre Original: ATOMIC BLONDE

Réalisé par: David Leitch

Casting : Charlize Theron, James McAvoy, Sofia Boutella …

Genre: Action, Thriller, Espionnage

Date de sortie: 16 août 2017

Distribué par: Universal Pictures International France

3 STARS BIEN

BIEN

 

3 réponses »

  1. A reblogué ceci sur heart1001 (e-motions & movies)et a ajouté:
    Magnifique article pour un film que l’on verra sans doute en VOD un jour. Reblogons donc de bon coeur pour célébrer aussi cette appétissante et belle découverte des « Chroniques de Cliffhanger ». La vie est tellement bien faite qu’il est désormais possible de se réjouir et de s’instruire bellement à la lecture des professionnels de la chose animée dans leurs oeuvres, de sorte que le champ/chant reste libre ouvert pour d’autres célébrations en souvent fortes hallu-cinations (sur heart1001.wordpress.com). Enjoying very much. :))

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