Critiques Cinéma

BATMAN v SUPERMAN : L’aube de la justice (Critique)

3 STARS BIEN

batman v superman affiche

SYNOPSIS: Craignant que Superman n’abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l’affronter : le monde a-t-il davantage besoin d’un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d’un justicier à la force redoutable mais d’origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l’horizon…

Trois ans après l’annonce du projet au Comicon de San Diego et presque deux ans après le début du tournage, le projet mammouth de Warner sur lequel repose le poids de lancer un univers filmique équivalent à celui de Marvel arrive enfin sur nos écrans. Attendus par certains redoutés par d’autres, que vaut ce combat de titans?…
Ce n’est pas peu dire que la dernière demi-heure de Man Of Steel et la polémique sur ses scènes de destruction massive aura marqué un tournant dans le genre du film de super-héros. Elle a déjà eu un impact sur la concurrence puisque dans Avengers L’ère d’Ultron , Joss Whedon insistait autant sur l’évacuation des civils que sur les combats pour se démarquer du film de Snyder. Et voila qu’elle plane sur ce Batman v Superman : L’aube de la Justice qui se veut presque une justification du film précédent dont il constitue la suite directe. Le film s’ouvre d’ailleurs, après un bref rappel de l’origine emblématique de Batman, sur cette fameuse dernière demi-heure vue cette fois de la perspective de Bruce Wayne se précipitant au milieu des décombres pour sauver ses employés. Le film aborde avec sérieux l’univers super-héroïque cherchant à brasser des questions philosophiques sur les rapport de l’homme à Dieu , la peur de l’inconnu qui nourrit la haine tout en proposant une véritable intrigue mais la structure du scénario de Chris Terrio pourtant oscarisé sur Argo et qui remplace le  décrié (à tort) David Goyer (crédité pour avoir  signé la trame générale du film) est trop maladroite pour être pleinement efficace. Parce qu’il se veut pertinent, il faut attendre une quarantaine de minutes avant les premières séquences d’action, la confrontation qui donne son titre au film n’arrivant qu’au début du dernier acte. Le souci de cette mise en place vient de ce que les différentes trames de l’histoire s’enchaînent sans vraiment jamais fusionner en une intrigue cohérente (certaines ne mènent littéralement nulle part comme celles autour des personnes d’Holly Hunter et Scoot McNairy). Tout cela aboutissant à une confrontation finale  des plus classiques (on prend soin de préciser qu’elle se déroule dans le port de Gotham vide depuis des années, toujours le principe de précaution né de la fin de Man Of Steel)  plombée par des effets numériques approximatifs et un Doomsday au design générique aussi daté que son animation.
batman v superman 1
Warner utilise Batman v Superman: L’aube de la Justice comme un raccourci dans la fondation de l’univers cinématographique DC et cela passe par l’introduction aux forceps de personnages et de concepts qui seront exploités dans les autres films de la franchise Justice League. Un peu comme si les fameuses scènes post-générique de Marvel Studios étaient incluses dans les films qui les précèdent, elles sembleront obscures aux  spectateurs non versés dans les arcanes du comics d’autant qu’elles sont déconnectées de l’intrigue principale. Ainsi la vision d’un futur « apokoliptique » (les initiés comprendront, les autres se demanderont qui sont ces monstres ailés), un véritable geekgasm visuellement fantastique, semble provenir d’un autre film, les événements qu’elle annonce étant même en contradiction apparente avec ceux dépeints dans le film. L’introduction de Wonder Woman, guest-star (de luxe) dans le film en revanche est plutôt réussie, en tout cas plus harmonieuse. Elle semble confiante et charismatique aidée par un thème musical galvanisant (qui ressemble au thème de 300) même si son temps de présence n’est pas suffisant pour valider les talents d’actrice de Gal Gadot.
BATMAN V SUPERMAN 3
Le traitement du personnage de  Superman est  l’aspect le plus problématique du film, non pas qu’il soit éclipsé par Batman car il est au contraire au centre  des débats qui animent les autres protagonistes, mais il se trouve réduit à une figure statique, la plupart du temps muette,  jamais moteur de l’action. Henry Cavill  remplit le costume de Superman magnifiquement mais ne peut apporter de profondeur à un personnage sous-écrit, en permanence rongé par le doute. Il interagit peu, en dehors de sa relation avec Lois,  avec cette humanité qu’il est censé aimer. Quand celui-ci est forcé à comparaître devant une commission d’enquête on espère un discours où va éclater toute la noblesse du personnage mais il se voit (encore) réduit au silence par un coup de théâtre dont on peine à voir l’utilité narrative . BvS prolonge d’ailleurs le seul aspect vraiment dérangeant de Man Of Steel  : le message transmis par ses parents adoptifs (incarnées par Diane Lane et Kevin Costner) le poussant (à l’opposé de celui, positif,  de toutes les versions des Kent dans les comics) à ne pas utiliser ses pouvoirs pour intervenir dans la vie des hommes. Cette philosophie « libertarienne » va à l’encontre de la nature de Superman et on espère que l’évolution du personnage que laisse entrevoir la fin du film lui donnera un nouveau départ. Ironiquement Batman est le rayon de soleil du film. Ben Affleck réussit son examen de passage, aussi à l’aise en Bruce Wayne aux tempes grises qui, comme le dit Alfred (un  Jeremy Irons dont l’entente avec Affleck est palpable) est  « devenu trop vieux pour mourir jeune, non faute d’avoir essayé ». Charmeur et charismatique, même hors du costume de Batman, dont il donne une version massive , imposante et véloce, visuellement la plus proche du comics. Le caped-crusader est au centre de la scène la plus exaltante du film, entraperçue dans la bande-annonce, ou il affronte une vingtaine d’assaillants et ou transparaît toute l’adoration de Snyder pour le personnage, sans doute la meilleure représentation de Batman en action EVERCette itération du personnage moralement ambiguë, brutale, n’hésite pas à utiliser des armes à feu et même tuer en cas de besoin. Les puristes diront que (et ils auront raison) que cela va à l’encontre des principes du personnage mais dans le contexte du film cela passe sans problèmes. Plus gênant les moments ou Chris Terrio fait apparaître ce Batman vétéran expérimenté, comme bien naïf dans la façon dont il est manipulé pour attaquer l’homme d’acier (assez confuse d’ailleurs) voire carrément puéril  lors de leur confrontation, l’argument qui ramène soudain le Dark Knight à la raison étant lui proprement ridicule. Si leur affrontement tient visuellement toutes ses promesses iconiques le film passe, malgré le discours sur le lien des super-héros avec la mythologie, à coté de la dichotomie entre un héros lumineux et l’autre ténébreux,  les deux antagonistes étant plongé dans la même noirceur. C’est un comble d’avoir un  Superman qui parvient à être plus sombre que Batman.
BATMAN V SUPERMAN 2
Dés l’annonce du casting  nous appréhendions l’ interprétation de Lex Luthor par Jesse Eisenberg la version présentée ici, de loin la plus mauvaise que l’on ait pu voir,  mais le comédien n’en est pas le seul responsable. Ses motivations sont confuses, s’inspirant du comics ou il déteste Superman car son existence  dévalorise ses propres accomplissements mais y ajoutant des considérations superficielles au sujet d’un père abusif, de la nature du pouvoir et des citations de  Lolita de Nabokov  et Alice Au pays des merveilles. Son comportement n’est pas constant: Est-il un businessman manipulateur ? un fou ricanant ? où est-il  lui-même manipulé par de ténébreuse forces extra-terrestres ?  Le tout joué de manière frénétique par un Eisenberg qui nous ramène au temps ou les comédiens se croyaient autoriser à cabotiner outrageusement dans les adaptations de comic-books. Il livre une prestation insupportable à mi-chemin entre une parodie de son Mark Zuckerberg de The Social Network et du Joker joué par César Romero dans la série Batman de 1966 !
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Si l’on excepte le combat final qui aurait pu être signé par Louis Leterrier , le film est visuellement grandiose, monumental. Zack Snyder, qui retrouve son directeur de la photo fétiche Larry Fong (300, Watchmen,  Sucker Punch) impose ici toutes les marques de son style (ah ces ralentis!!!) et laisse éclater à chaque plan sa compréhension innée de l’esthétique super-héroïque. Il  compose de véritables fresques épiques prenant plaisir à reproduire au détour d’un plan, des cases ou des pages iconiques d’Alex Ross et bien sur du Dark Knigh Returns de Frank Miller * qui reste sa plus grande inspiration graphique. La direction artistique de Patrick Tatopoulos est remarquable, les costumes de Michael Wilkinson, tout particulièrement celui de Batman sont sublimes . Le score massif et opératique  du duo Hans Zimmer/Junkie XL fonctionne parfaitement donnant au film la cohérence que la structure du script ne lui donne pas toujours. Conclusion : Malgré sa splendeur visuelle et son indéniable dimension épique, ce monumental Batman v Superman: L’aube de la Justice n’a pas les moyens de toutes ses ambitions, cherchant à raconter une collection d’histoires au lieu de se concentrer sur une seule ce qui dessert certains de ses personnages.
*comme celle-ci:
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batman v superman affiche

Titre Original: BATMAN v SUPERMAN: Dawn Of Justice

Réalisé par: Zack Snyder

Casting : Ben Affleck, Henry Cavill, Jesse Eisenberg,

Gal Gadot, Amy Adams, Jeremy Irons…

Genre: Action, Fantastique

Sortie le: 23 mars 2016

Distribué par: Warner Bros. France

3 STARS BIENBIEN 

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