Critiques

DARK (Critique Saison 3) Une fin parfaite par excellence…

Retrouvez la critique des saisons 1 & 2 ici

« La fin est le début, et le début est la fin « . Et pourtant, Dark est arrivé à son terme avec sa troisième et ultime saison sur Netflix fin Juin 2020. Brandissant une dernière fois ses paradoxes temporels, ses références religieuses et son armée de personnages, la série a la très lourde tâche de boucler une histoire des plus complexes. En vient alors une question centrale précédant le visionnage des 10 épisodes finaux : est-il possible que Dark réussisse sa sortie ? La quantité astronomique de thèmes, d’arcs de personnages, de propos et de révélations attendues à explorer rendent l’attente de cette fin aussi enthousiasmante qu’angoissante. Mais la peur du plantage rendra l’exploit établi par Baran Bo Odar et Jantje Frise d’autant plus passionnant à analyser. Car Dark saison 3 est tout simplement une fin parfaite par excellence.

Nous avions quitté nos personnages en fin de saison 2 éparpillés un peu partout à travers l’histoire de Winden. Jonas, après avoir compris que deux camps se livrent une guerre terrible pour s’approprier le contrôle du Temps, se retrouve face à une Martha issue d’un monde différent du sien. Avec cet ajout, les showrunners de la série posent encore une pièce de plus sur l’échiquier gigantesque qu’est la narration de ce show. En plus de devoir retenir les noms/liens familiaux/histoires de chaque personnage de chaque époque présentée par la série, on nous annonce alors que nous n’avons encore rien vu en établissant l’existence d’une réalité parallèle à celle qu’on connaît depuis deux saisons maintenant.

Toujours mené par Louis Hofmann et Lisa Vicari, le duo de tête de la série composé de Jonas Kahnwald et Martha Nielsen, cette saison a la lourde et complexe tâche de boucler la boucle, pour de bon. De répondre à toutes les questions que la série a posé à ses spectateurs durant ces 3 ans de diffusions. Et des questions, il y en a un sacré tas. Et ce qui surprend au premier abord avec les premiers épisodes de cette ultime saison, c’est qu’au lieu de répondre, elle en pose encore plus. En faisant ça, la série récidive l’exploit de ses débuts en construisant un univers très dense, mais surtout très riche. Sa précision chirurgicale apportée par la quantité astronomique de détails lourds de sens (certaines histoires de la saison 3 apparaissaient déjà au second plan sans qu’on s’en rende compte dans les saisons 1 et 2) force le respect et nourrit encore plus la magie et la mythologie que Dark a réussi à créer.

Il est simple d’être déçu par une fin de série. Pas fidèle à l’histoire dépeinte depuis plusieurs saisons, décevante par le sort réservé aux personnages, révélations incohérentes, ou tout simplement pas celle à laquelle on s’attendait… Mais l’avantage de Dark, c’est qu’on ne savait pas à quoi s’attendre. Happy Ending, révélation surprenante sur la nature du Nœud qui lie les personnages ensemble, fin nihiliste dans la directe lignée du ton de la série ? Cela aurait pu être n’importe laquelle de ces idées tellement Dark fait constamment des choses imprévisibles. Et dans un dernier coup d’éclat vient l’ultime épisode de la série. Un gros morceau de plus d’une heure qui dénoue petit à petit les intrigues globales pour mieux venir boucler la boucle. Avec poésie, avec mélancolie, avec lumière. En simplifiant son intrigue pour la finir, Baran Bo Odar et Jantje Friese font un choix surprenant mais complètement juste. La fin paraît alors logique et cohérente. La force de Dark est de faire voir au spectateur qu’aucun détail n’est laissé au hasard. Tout est écrit bien à l’avance, et si un personnage va quelque part ou fait un choix en particulier, c’est pour une raison bien précise.

En somme, Dark aura été une aventure monumentale, une expérience sensorielle et philosophique dotée d’un concept extrêmement fort et profondément unique. Loin des autres séries de SF estampillées Netflix, Dark a su créer son univers, son style, sa légende. En multipliant les arcs complexes qui se relient toujours à un moment précis de l’intrigue, Baran Bo Odar et Jantje Friese ont crée une œuvre virtuose, invraisemblable de précision et de justesse. Et au-delà de sa forme, Dark est aussi et surtout un concentré d’émotions fulgurantes, de par sa mélancolie constante et ses propos très durs sur la fatalité et la notion de destin. C’était une chose à laquelle on pouvait s’attendre en voyant les deux premières saisons : si Dark réussissait sa fin, elle marquerait directement l’histoire de la série télévisée. Et loin de l’obscurité qui constitue le titre du show et dans laquelle il aurait pu tomber si il cédait à la facilité d’une fin simpliste, cette saison 3 est tout ce qu’il y a de plus lumineux. Lumineuse dans ses thèmes, lumineuse dans sa résolution en tout point parfaite, et lumineuse dans l’exploit que la série réussit à établir en garantissant 3 saisons reliées entre elles où l’on ne perçoit quasiment aucune incohérence, et où aucun détail (même minime) n’est laissé au hasard. Dark a réussit à créer sa mythologie propre, et peu de séries peuvent se vanter d’avoir leur propre univers et leurs propres règles. L’Allemagne nous a alors sorti une série absolument majeure, qui gagnerait grandement à être découverte par un plus grand public. Car le jeu de pistes redoutable que nous réserve Dark est peut-être une des œuvres les plus précises et les plus riches créées ces dernières années. Une œuvre où le début et la fin se confondent et ne forment qu’un. Car comme le dit si bien la série : « Alles ist miteinander verbunden ». Tout est connecté.

Crédits: Netflix France

5 réponses »

  1. *spoilers*
    Eh bien je ne suis pas d’accord.
    J’adore les séries/films complexes, qui reposent sur des principes physiques.
    Mais là j’ai trouvé ça trop complexe et avec des incohérences (liées au sujet traité de voyage dans le temps). On ne sait pas clairement pourquoi Noah kidnappe et tue les enfants (pourtant axe central de la première saison), le fait que Jonas ne peut pas se suicider car son futur lui existe déjà… bancal comme justification (il y en a eu une autre du même genre je ne sais plus exactement laquelle), et d’ailleurs Jonas finit quand même par mourir par la main de Martha ! Et finalement Adam et Ève veulent tous les deux que tout se passe comme la fois précédente, et pourtant ils n’ont pas le même objectif. Enfin, puisque ces deux personnages ont tjrs tout fait pour que tout se répète à l’identique, comment est-il possible que Claudia décide à un moment donné (à un cycle donné) qu’il y a potentiellement un 3e monde ?
    Bref, le sel de la série est aussi l’inconvénient, tous ces changements d’époque sont parfois durs à suivre donc les liens entre les intrigues le sont aussi.
    La fin était un peu longuée mais satisfaisante dans le sens où oui, un 3e monde est un bon moyen de terminer les deux autres.
    La série reste sympa. J’étais d’abord très enthousiaste puis j’avais finalement hâte d’en finir car ça devait trop complexe. Au moins ça ne finit pas en queue de poisson et ça c’est bien. Mais ce n’est pas un chef d’œuvre à mes yeux

  2. Aprè mon appréciation est peut-être liée à des incompréhensions de ma part. Donc si vous avez des réponses à mes questions n’hésitez pas :p
    Merci

  3. Bonsoir,
    Je viens de finir la série.
    Je dois dire que je partage totalement ton avis Fab Thor. Je ressens la même chose. J’avais hâte d’en finir.
    Une série bien ficelée mais pas un chef d’oeuvre.

    Je trouve que les scénaristes et les monteurs de la série ont très bien travaillé. Ils expliquent relativement tout au fur et à mesure des épisodes (avec un démêlage beaucoup plus rapide dans les saisons 2 et 3). L’histoire et les croisements se tiennent assez bien avec les différents voyages dans le temps.

    Beaucoup de mes interrogations ont trouvées réponses et d’autres restent encore dans mon esprit voire en incohérences.

    1. Claudia.
    Pourquoi Claudia dévie-t-elle du cycle ? est-ce dû aux toutes légères micro modifications dans chaque cycle ??
    Comment elle découvre tout ça, ce 3e monde ? La réponse : parce qu’elle a beaucoup voyagé ne me convient pas.

    2. Jonas
    Pourquoi est-il aussi marqué ? La réponse : parce qu’il a beaucoup voyagé ne me convient pas, non plus, sinon tout le monde serait marqué aussi.

    3.Charlotte
    Mère et fille d’Elisabeth. Y a quelque chose qui ne va pas.

    4. Noah et les enfants ?? le fil rouge et la pièce ?

    5. Machine à voyager dans le temps.
    Qui a créé les plans de la machine a voyagé dans le temps ?
    Comment Jonas peut-il maitriser le concept ? (pas d’études en astrophysique quantique élémentaire ..) ​C’est Claudia qui l’a guidé ?
    Comment Martha découvre et peut voyager dans un autre monde ?

    J’ai toujours du mal avec les voyages dans le temps (sauf pour Retour vers le futur) où c’est linéaire.
    Dans Terminator 3, le terminator, qui vient du futur donc, dit à John (qui ne sait pas où aller) de se cacher dans les montagnes car lui, il le sait, venant du futur. Paradoxal non ?

    Si vous avez des réponses ou hypothèses, je prends aussi 😉

Répondre à Fred Teper Annuler la réponse.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s