SYNOPSIS: En France, alors que s’effondre la civilisation, chacun tente de survivre. Les vivres manquent, l’essence se raréfie, les plus fragiles sont abandonnés.
Découvrez la critique des trois premiers épisodes ici
En novembre dernier nous vous avions parlé de la série française L’Effondrement créée par le collectif Les Parasites. Le Comic Con Paris avait diffusé en avant-première trois épisodes que nous avions eu la chance de visionner. Pour rappel cette série de Canal+ suit à chaque épisode le destin de nouveaux protagonistes confrontés à un « effondrement » de la société et leurs réactions afin de survivre. Si le contexte de confinement actuel et les dérives auxquelles vous avez pu assister ces dernières semaines (notamment dans les magasins) vous donnent dangereusement l’impression que le monde réel rejoint la fiction : c’est normal, L’Effondrement apparaît plus que jamais tristement d’actualité. Fin octobre nous avions donc découvert les épisodes de la Station Service, de l’Aérodrome et du Hameau (confer notre critique). Suite et fin au cours des présentes lignes de notre avis sur cette première saison. Nous parlerons donc ici des épisodes du Supermarché (épisode 1), de la Centrale (épisode 5), de la Maison de retraite (épisode 6), de L’île (épisode 7) et de l’Emission (épisode 8).
La particularité de la série, il est important de le rappeler, est qu’elle est tournée en plans-séquences. Chaque épisode, d’une durée de 15 à 26 minutes est donc réalisé sans coupure. Si cela peut être une force, cette deuxième salve d’épisodes nous démontre néanmoins que cela ne fait pas tout, quand bien même les choses ont un rendu plus immersif pour le téléspectateur. L’épisode du Supermarché se prête par exemple assez bien au jeu du plan-séquence : mettant en scène des individus lambdas venus dans une grande surface faire un ravitaillement conséquent de produits avant de tailler la route, tandis que la panique générale semble monter crescendo (pas besoin de vous demander si cela vous rappelle quelque chose), il a du demander une coordination assez complexe puisque l’action se déroule à la fois entre les caisses du magasin, les rayons, la réserve ou même le parking. S’il ne s’agit pas d’un épisode particulièrement marquant en tant que tel (il apparaît toutefois un peu moins anecdotique dans le contexte qui est le nôtre actuellement) il demeure assez efficace. L’épisode de la Centrale est l’un de ceux que nous avons jugé le moins intéressants, tous épisodes de la saison confondus. Si l’enjeu est pourtant de taille (il s’agit pour des volontaires de refroidir les combustibles d’une centrale afin d’éviter une catastrophe nucléaire), le plan-séquence ne réussit pas à faire monter la tension comme il le devrait. Il s’agit d’un épisode assez plat qui pour le coup s’avère réellement anecdotique, la faute à un scénario qui manque de force. L’épisode de la Maison de retraite remonte le niveau de la plus belle façon puisqu’il s’agit sans aucun doute d’un des meilleurs épisodes de la saison, et du meilleur épisode de cette seconde fournée. Il met en scène un jeune aide-soignant qui est le dernier espoir des pensionnaires d’une maison de retraite, ces derniers étant dépendants et livrés à eux-mêmes au cœur de la folie ambiante où tout le monde semble les avoir abandonnés. Cet épisode est extrêmement touchant, nous amène d’une situation presque désespérée à une autre qui le devient réellement jusqu’à une certaine résignation. Une réelle surprise. L’épisode de l’Île est un épisode qui nous a ennuyé : il s’agit avec la Centrale de l’épisode que nous avons le moins aimé de la saison. Si le plan-séquence renforce une fois de plus l’immersion, il n’arrive pas spécialement à donner d’intérêt aux pérégrinations du personnage mis en scène. Nous saluons toutefois le travail réalisé, cet épisode se déroulant pour majeure partie sur la mer, à bord de bateaux, avec un personnage en perpétuel mouvement. Enfin le dernier épisode, celui de L’Emission est avec la Maison de retraite (mais dans un niveau émotionnel moindre) une belle réussite qui une fois de plus prend une dimension particulière dans le contexte actuel. Il met en scène des militants qui entrent illégalement sur le plateau d’enregistrement d’une émission de télévision afin de délivrer un message aux téléspectateurs, le tout avec des invités/interlocuteurs extrêmement hautains et dédaigneux bien décidés à les décrédibiliser.
Des épisodes donc inégaux dans lesquels nous retiendrons principalement le Supermarché, la Maison de retraite et L’Emission. Le plan-séquence est toujours judicieusement et habilement utilisé mais ne suffit pas toujours à contourner le désintérêt provoqué par un scénario parfois inconsistant. Dans tous les cas nous ne pouvons que saluer le travail réalisé, l’expérience voulue par l’équipe étant bien présente bien qu’encore assez conceptuelle (l’expérience ne fait pas toujours tout). Comme c’était déjà le cas pour les premiers épisodes chroniqués en novembre dernier, attendez-vous à croiser quelques têtes familières au cours de ces péripéties. Ce sera ainsi l’occasion de retrouver (sans que cela ne soit exhaustif) Yannick Choirat, Samir Guesmi, Lubna Azabal ou même Michaël Abiteboul. Une distribution qui cumulée à celle des précédents épisodes demeure donc, au même titre que celle d’une série comme Calls (bien que celle ci mette la barre particulièrement haut à ce niveau), assez prestigieuse.
Si le contexte actuel vous donnera peut-être davantage envie de découvrir la série (nous avons cru comprendre que le film Contagion n’avait jamais eu autant de succès que ces dernières semaines) sans non plus avoir l’impression de revivre votre quotidien (nulle épidémie dans cet Effondrement), nous conseillons cette série y compris en dehors d’un tel cadre : particulièrement simple et rapide à regarder au vu de son format (les épisodes sont pour rappel assez courts), elle demeure une curiosité efficace malgré quelques épisodes plus faibles. Elle permet en plus d’admirer le travail réalisé par l’équipe avec les plans-séquences. En espérant tout de même que la réalité ne rejoigne pas démesurément la fiction à l’avenir.
Crédits : Canal+