SYNOPSIS: Préoccupé, Max est parti dans sa maison au bord de la mer pour se ressourcer. Sa bande de potes, qu’il n’a pas vue depuis plus de 3 ans débarque par surprise pour lui fêter son anniversaire ! La surprise est entière mais l’accueil l’est beaucoup moins… Max s’enfonce alors dans une comédie du bonheur qui sonne faux, et qui mettra le groupe dans des situations pour le moins inattendues. Les enfants ont grandi, d’autres sont nés, les parents n’ont plus les mêmes priorités… Les séparations, les accidents de la vie… Quand tous décident de ne plus mettre de petits mouchoirs sur les gros bobards, que reste-t-il de l’amitié ?
La carrière de metteur en scène de Guillaume Canet est allée crescendo jusqu’à l’immense succès en 2010 des Petits Mouchoirs que le réalisateur a paradoxalement très mal vécu pour des raisons personnelles qui se sont télescopées avec l’histoire du film. Depuis, Guillaume Canet a tenté l’aventure américaine pour une expérience mitigée (Blood Ties, 2013) puis la comédie concept (Rock’n’Roll, 2017) pour un résultat qui en a décontenancé beaucoup mais qui avait le mérite d’être jusqu’au-boutiste. Deux ans plus tard, remis de son quasi rejet des Petits Mouchoirs, le réalisateur est de retour dans l’univers de cette bande de potes et réunit à nouveau devant sa caméra la distribution étincelante qui avait contribué pour une bonne part au succès public du premier volet. Neuf ans plus tard, les comédiens tout comme leurs personnages ont pris de la bouteille et leur renommée a elle aussi grandie mais ce n’est pas tant la gestion des egos qui posait question avant de découvrir ce second opus mais plus de savoir si Canet (et son co-scénariste Rodolphe Lauga) parviendraient à réitérer l’exploit des Petits Mouchoirs et à respecter l’équilibre entre drame et comédie sans pour autant singer le premier film. Un challenge casse-gueule pour Guillaume Canet qui devait également trouver des justifications qui ne seraient pas gratuites pour réunir sa fine équipe et leur offrir un écrin à la hauteur.
Alors que pour beaucoup Les Petits Mouchoirs était une ode à l’amitié, pour d’autres le film stigmatisait au contraire l’égoïsme et les petits arrangements que l’on faisait avec soi-même pour se donner l’illusion que l’on était un ami digne de ce nom. Le premier film dressait un constat amer sur la fidélité et la force des rapports humains et Nous Finirons Ensemble débute sur ce postulat. La bande a éclaté, l’amitié s’est fissurée et si ils se réunissent c’est pour tenter de reconstituer une partie de leurs idéaux plus que pour ressouder les liens distendus par le drame au centre du premier film. Si certains se sont accommodés de cette situation, d’autres tentent donc de recoller les morceaux tant bien que mal et dès le début du film on comprend que les non-dits d’il y a dix ans ainsi que les larmes dégoulinantes vont céder la place à plus de noirceur étant donné que le temps passé a fait perdre pour une bonne part de leurs illusions à la plupart des protagonistes. Pour raffermir leurs relations, ils vont devoir se dire les choses en face quitte à se (re)faire du mal mais aussi de comprendre que c’est ensemble qu’ils sont plus forts. L’écriture de Canet (qui a refait des passes seul sur le scénario après la première version) sait se faire à la fois tendre et cruelle, balançant entre un humour vachard qui fonctionne très bien et la peinture d’une émotion non feinte qui naît des situations. Sa mise en scène a elle aussi gagné avec le temps en vitesse et en maîtrise permettant à Nous Finirons Ensemble d’être un digne successeur du premier film. Le cynisme est bien présent, la comédie est moins apparente (mais pas moins drôle) et si tout n’est pas réussi, la force du film est d’à nouveau renvoyer un miroir à ses spectateurs quitte à ne pas les brosser dans le sens du poil.
La bande fondatrice est bien là (François Cluzet, Gilles Lellouche, Laurent Lafitte, Marion Cotillard, Pascale Arbillot, Benoît Magimel, Valérie Bonneton (qui pour les besoins de l’histoire est moins présente)) mais ils ne sont pas tous servis avec le même bonheur. Si Cluzet hystérise par moments un peu trop son interprétation de Max, il est merveilleux dans l’émotion. Lellouche et Lafitte sont absolument formidables à la fois dans leur rapport de dominant/dominé que dans ses nouvelles responsabilités pour le premier et pour sa délicieuse innocence pour le second (qui va en voir de toutes les couleurs). Marion Cotillard est impeccable dans un registre différent du premier film mais que ce soit dans la comédie où elle excelle, c’est dès qu’elle bascule dans le drame qu’elle est littéralement immense. On sera un peu plus réservés sur le traitement de Vincent (Magimel) qui a moins de choses intéressantes à jouer que dans le premier film à l’inverse d’une Pascale Arbillot irrésistible de légèreté et de sex-appeal. Parmi les nouveaux venus impossible de ne pas dire à quel point Clémentine Baert est fantastique, apportant un essentiel contrepoint à François Cluzet, tout en démontrant une présence irrésistible tandis qu’Ilan Debrabant et José Garcia jouent plutôt les utilités, ce dernier voulu comme le nemesis de Cluzet force un peu le trait, pas aidé il est vrai par une écriture peu subtile de son personnage. Ne nous y trompons pas, la force de Nous Finirons ensemble est dans l’émulation et dans l’interaction des uns avec les autres mais également dans le regard perçant de Guillaume Canet sur les rapports humains et sur sa faculté à marier les genres. Si l’émotion est bien là, elle apparait moins programmatique que dans le premier film tandis que la comédie s’avère souvent hilarante (quelques scènes sont d’ores et déjà appelées à devenir cultes) et quelques faiblesses de rythme ici ou là n’empêchent nullement le film d’arriver à bon port. Certes on a droit à certaines images d’Épinal (coucher de soleil, bateaux qui glissent sur l’eau…) mais tout cela est cohérent avec le fond tout comme la bande son détonante qui accompagne le film. Avec Nous Finirons Ensemble Guillaume Canet confirme qu’il sait faire entrer l’humour, l’émotion et la vie dans son cinéma. Par petites touches il affine le portrait de ce groupe que l’on voudrait ne plus quitter et offre à ses acteurs des partitions où chacun rend l’autre meilleur. Pour l’épisode 3 nous on est partants.
Titre Original: NOUS FINIRONS ENSEMBLE
Réalisé par: Guillaume Canet
Casting : François Cluzet, Gilles Lellouche, Laurent Lafitte,
Marion Cotillard, Pascale Arbillot, Benoît Magimel, Valérie Bonneton …
Genre: Comédie dramatique
Sortie le: 1er mai 2019
Distribué par: Pathé
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma
1 réponse »