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CAÏN (Critique Saison 6) Caïn cala…

SYNOPSIS: Dans cette sixième saison, nous retrouvons un Caïn toujours aussi taquin, avec son ironie mordante et son côté provocateur. Et cette fois promis, il ne se laissera pas entraîner par son côté obscur… Caïn comme Lucie en ont suffisamment « bavé ». Seulement voilà, quand on veut la paix, il faut quelques fois faire la guerre. C’est aussi ce que pense Tina, l’ancienne recrue du SRPJ. Car sa paix à elle, c’est se venger de Caïn et de sa famille. Avec ses nouvelles responsabilités de Commandante du SRPJ, Lucie ne peut plus veiller sur Caïn et ses pas de travers comme avant. Il faut du sang neuf, un nouvel équipier pour Caïn ! Quelqu’un qui puisse résister à son humour corrosif tout en gagnant sa confiance. Mais voilà, il ne suffit pas de le décréter pour que cela fonctionne… Aymé Legrand (David Baïot) n’est pas l’homme providentiel et notre héros n’a pas très envie de lui faciliter la tâche… Entre comédie et bouleversement des sentiments, heureusement que le concret bien trivial des crimes se rappelle à nos enquêteurs. Après tout, le meilleur carburant pour Caïn reste les assassins, une affaire bien tordue, avec de vrais « duels » l’occasion pour lui de toujours retrouver le sens de l’essentiel !

Avertissement: Seuls 8 épisodes sur 10 ont été présentés à la presse

L’an dernier la saison 5 de Caïn nous avait enthousiasmé à bien des égards pour en faire à nos yeux la meilleure de la série. Une écriture de haut vol combinée à une interprétation savoureuse et une gestion des arches feuilletonnantes et des enquêtes indépendantes à l’imparable fluidité nous avaient réellement faits forte impression. Difficile après ça de maintenir un tel niveau et de voir la série dépasser encore une fois nos espérances les plus folles, d’autant que l’annonce dès le mois de septembre dernier du départ de Bruno Debrandt à l’issue de cette saison et son remplacement à venir en saison 7, avait douché quelque peu notre emballement. Sans présager de la qualité de la sortie réservée à Bruno Debrandt (nous y reviendrons ultérieurement), avouons que la saison 6 de Caïn nous a créée sinon de la déception, à tout le moins de la frustration. Et pourtant tout démarrait sous les meilleures auspices avec un premier épisode écrit par Claude Scasso qui, s’il résolve un peu vite le cliffhanger de la fin de la saison dernière, est un régal de bout en bout. Avec Bruno Solo en guest-star, témoin aveugle d’un meurtre, l’histoire prenante et bien troussée, l’épisode est l’occasion d’une magistrale passe d’armes entre Debrandt et Solo, qui rivalisent d’un humour sardonique et s’adonnent au jeu du chat et de la souris avec une jubilation palpable. On retrouve dans cette intrigue la façon dont Caïn fait avancer l’intrigue à la manière de Columbo en tarabustant un suspect et en se livrant avec lui à des saillies verbales jubilatoires. Si cet épisode est une remarquable entrée en matière, avec la présence du trio Caïn-Lucie-Borel dont il est très agréable de profiter dans de telles proportions, l’arrivée d’un nouveau personnage dans l’équipe, censé rétablir l’équilibre dont la série souffre quelque peu depuis le départ de Moretti (Frédéric Pellegeay) ressemble pourtant à nos yeux à une fausse bonne idée. Aymé Legrand interprété par David Baiot (Plus Belle la Vie) est un bon comédien qui jouit d’un important capital sympathie mais il manque singulièrement d’envergure pour donner suffisamment de densité à son personnage. Ses qualités intrinsèques ne sont pas remises en question mais son intégration pose problème en ce que elle apparait par moments par trop artificielle et que le personnage ne nous convainc guère sur ce qu’il montre. Si les rapports qu’il va nouer avec Lucie, aussi intéressants soient t-ils, ne nous semblent pas suffisamment exploités, il faut souhaiter que Legrand finisse par trouver sa place au milieu d’une équipe en osmose depuis cinq saisons et dont les caractères forts l’empêchent peut-être d’exploiter totalement son potentiel.

En dehors de ce nouveau personnage, avouons également que certains épisodes nous ont semblé quelque peu en dessous des autres. L’épisode 2 par exemple est moins mordant, les situations nous paraissent moins crédibles et le récit moins tenu, la faute à une enquête moins forte et un rythme plus faible, rattrapé in-extremis par un excellent cliffhanger. Gros bémol également sur le double épisode central qui a un mal considérable à tenir la comparaison avec celui de la saison 5. Entendons nous bien c’est toujours extrêmement divertissant et bien écrit, on y prend toujours du plaisir, mais les rebondissements nous donnent parfois la sensation de moins couler de source et nous semblent par  moments porter préjudice à l’équilibre de la saison, lui conférant un rythme sinusoïdal qui explique nos réserves. Réserves qui s’évanouissent au visionnage des épisodes 7 et 8 (signés respectivement par Yann Le Gall et David Robert et Pauline Rocafull et Christel Gonnard), les plus réussis avec l’épisode 1, bénéficiant d’histoires puissantes, de scènes plus réjouissantes et de moments éminemment plus satisfaisants et intenses qui semblent préparer l’issue de la saison de manière extrêmement maligne.

Reste l’interprétation et la présence de guests qui une fois n’est pas coutume réserve de beaux moments à des interprètes prestigieux (outre Bruno Solo, citons Frédéric Diefenthal, Bruno Slagmulder, Avy Marciano, Catherine Wilkening…) et bien sûr nos trois piliers. Julie Delarme et Mourad Boudaoud ont un temps de présence plus conforme à leur statut alors que l’on avait trouvé que la saison passée, leurs personnages respectifs avaient connus une certaine éclipse en cours de saison au bénéfice du personnage de Caïn qui s’affirmait encore plus comme la figure référente de la série. Cette saison, Lucie et Borel retrouvent de leur superbe et nous offrent l’une comme l’autre de beaux et bons moments. Bruno Debrandt, lui, embrasse ses dernières sorties dans la peau de Caïn avec une gourmandise et une jubilation qui traversent à nouveau l’écran. Drôle, ironique, moqueur, pugnace, laissant échapper par moments des fêlures et une certaine fragilité, il est comme toujours remarquable, dévoilant une liberté dans son jeu et une aisance qu’on ne se lasse pas d’admirer. L’heure n’est plus de regretter son départ de la série mais d’espérer que la sortie qui lui sera réservée sera conforme à l’acteur éblouissant qu’il est et au héros qu’il aura contribué à ériger en figure emblématique d’une série qui, si elle nous frustre dans certains des choix opérés cette saison, n’en reste pas moins chère à nos cœurs. Si Caïn cale, on espère bien que le moteur va redémarrer aussi sec et que l’on pourra dire au revoir à notre héros de la plus belle des façons avant de l’accueillir à nouveau sous une nouvelle apparence.

Crédits: France 2

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