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CAÏN (Critique Saison 5) Comme sur des roulettes

SYNOPSIS: Dans ce cinquième opus, nous retrouvons un Caïn toujours aussi fanfaron, avec son ironie mordante et son côté provocateur, mais en début de saison cette attitude est une pirouette pour défier le sort. Face à l’adversité, il sait se raccrocher à son humour noir et donner le change. Car précédemment, Caïn n’a pu empêcher un psychopathe de s’en prendre aux femmes auxquelles il tenait, et de lui faire du mal… Beaucoup de mal. Même au fond des abysses, Caïn trouve toujours de l’énergie pour donner un bon coup de roues et remonter à la surface, parce que son carburant, ce sont les assassins ! Une affaire bien tordue, avec de vrais « duels » est toujours pour lui l’occasion de retrouver le moral !  Et il en faudra du ressort à Caïn pour affronter un passé qui est une véritable bombe à retardement.

Devenue depuis la saison 3 une série ayant parfaitement réussi sa mue, après deux premières saisons efficaces mais qui restaient sagement dans les clous, Caïn atteint cette année un cap, que l’on appelle communément celui de la maturité tout du moins si celui-ci n’avait pas déjà été atteint l’an dernier. Difficile dès lors de dire, si le gap de qualité ressenti devant ces dix nouveaux épisodes est à mettre au crédit de l’écriture, de l’interprétation, de la mise en scène… Sans doute est-ce le fait d’un savant dosage entre toutes ces composantes qui permet de faire de la cinquième saison de Caïn la meilleure de la série. Bertrand Arthuys et Claude Scasso notamment en charge des arches narratives ont concoctés des rebondissements extrêmement bien construits et  l’alternance entre les enquêtes et le nouveau fil rouge qui va se déployer tout au long de la saison permet de faire arriver à ébullition une série dont la marque est désormais pérenne et peut de plus en plus facilement réussir à sortir des sentiers battus. Les récits que les différents scénaristes ont conçus possèdent un ton affirmé et décomplexé bien aidé par la personnalité de Caïn et si ce ton était déjà présent dans les saisons précédentes, il possède désormais l’assurance de la liberté totale.

Le personnage de Caïn qui semblait être une sorte de fils spirituel entre le docteur House et le lieutenant Columbo a de plus en plus absorbé l’atavisme du personnage popularisé par Peter Falk. Ses duels à fleurets mouchetés avec les suspects, sa manière obsessionnelle de revenir à la charge en s’agrippant avec véhémence à sa proie rappellent les plus belles heures du flic à la Peugeot 403. Un autre flic de la télévision des années 70 nous a semblé apparaitre comme un clin d’œil malicieux au téléspectateur lorsqu’un Bruno Debrandt facétieux est amené à se déguiser à deux reprises et qu’il nous a fait penser à Baretta qu’interprétait Robert Blake. Mais au-delà de ces possibilités et du jeu avec l’imaginaire du téléspectateur, Caïn ça reste surtout un magnifique personnage que Bruno Debrandt maîtrise à la perfection et qu’il se délecte à interpréter. Sa gouaille, sa gourmandise à déclamer les textes que les auteurs lui ont écrits est palpable et son plaisir traverse l’écran et touche en plein cœur. Il apporte à Caïn une encore plus grande profondeur et une densité qui émeut et fait sourire, parfois dans une même scène. Là, où dans les saisons précédentes il partageait à quasi égalité l’affiche avec Julie Delarme (Lucie), Frédéric Pellegeay  (Moretti) et Mourad Boudaoud (Borel), il s’affirme cette année comme la véritable figure de proue. Bien évidemment ses partenaires ont toujours des choses intéressantes à jouer et ils le font très bien, mais chacun connait un long moment d’éclipse au cours de la saison et on ressent comme un projecteur braqué en permanence sur le personnage qui donne son nom à la série et qui en est le centre névralgique. Excellente idée qui plus est, d’avoir fait de Jérôme Robart (Nicolas Le Floch, Reporters) son nemesis face auquel les enjeux dramatiques vont revêtir une intensité bien plus grande qu’auparavant. Le plaisir des deux comédiens de se donner la réplique se ressent et leur confrontation est un des grands plaisirs de cette saison 5.

Au-delà de la qualité d’écriture que l’on a déjà évoqué plus haut, il faut noter que dans cette nouvelle salve d’épisodes, tout semble encore plus soigné qu’à l’accoutumée. De la photo absolument splendide à une bande son savamment choisie, c’est la beauté formelle de la série dans son ensemble qui a monté en gamme. Mais si Caïn se montre remarquable la série n’en est pas parfaite pour autant. On regrettera notamment que le formidable cliffhanger de la saison 4 soit expédié en deux phrases et que la série reste par moments un peu trop lisse, même si des glissements de terrain ça et là viennent contredire cette affirmation. Mais si les contraintes d’une série de prime time d’une grande chaine publique empêchent sans doute une plus grande liberté, la saison se permet quand même deux très grosses audaces dont on vous laissera la surprise. On vous dira simplement que l’épisode en deux parties du milieu de saison est sans doute ce que la série a proposé de mieux depuis ses débuts et que cette saison ose enfin un important pari qui devrait ne laisser personne insensible. Si l’on rajoute la frustration à l’issue du dixième épisode et de son cliffhanger machiavélique (dont on espère une résolution plus consistante en saison 6 que celui de l’an passé),  on ne surprendra personne en disant que cette saison 5 est une véritable pépite que les auteurs ont conduits à un très haut niveau et qui, portée par un Bruno Debrandt étincelant grâce à son détonnant cocktail d’ironie, d’humour et d’intensité dramatique, atteint son apogée. Pas de doutes, pour lui, tout va comme sur des roulettes.

Crédits: France 2

 

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