SYNOPSIS: Vétéran de la Guerre du Vietnam, Travis Bickle est chauffeur de taxi dans la ville de New York. Ses rencontres nocturnes et la violence quotidienne dont il est témoin lui font peu à peu perdre la tête. Il se charge bientôt de délivrer une prostituée mineure de ses souteneurs.
Revoir Taxi Driver en 2018 permet sans doute de voir le plus grand film de Scorsese ainsi que le plus grand film des 70’s. Il est de ces films où dès la première scène, dès le générique (musique de Bernard Hermann), on est devant un film qui va totalement changer notre façon de regarder le cinéma. Le même sentiment naitra de la magnifique scène d’ouverture de Raging Bull quatre ans plus tard. En 1976, Hollywood n’a pas encore attaqué de manière frontale la guerre du Vietnam et, il faudra attendre Le Retour d’Hal Ashby en 1978 et surtout Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino la même année pour parler ouvertement de ce conflit qui a tant divisé l’opinion américaine. Seconde collaboration avec De Niro après l’éprouvant Mean Streets, première collaboration avec le scénariste Paul Schrader, Taxi Driver condense en 1h50 toute la folie du maitre Scorsese. Sa mise en scène est totalement immersive avec une puissance visuelle impressionnante alternant à la fois le cinéma classique hollywoodien et la nervosité propre au réalisateur. Au regard de ces 20 dernières années, on en viendrait à oublier quel acteur fut De Niro, son dernier grand rôle datant probablement de 1995 avec Heat. Il est magistral de bout en bout en type complétement paumé en pleine dérive. Son personnage erre dans les rues de New York qui n’ont jamais été aussi sales, glauques et malsaines, remplies de junkies, de prostituées, de proxénètes, bref, « un égout à ciel ouvert ». Le rêve américain n’existe plus.
C’est le premier film qui traite à la fois du traumatisme des revenants de cette guerre mais également une vraie critique de la société américaine de l’époque et il est intéressant de noter qu’en 2018, on retrouve ces mêmes thèmes d’actualité (libre circulation des armes à feux, hommes politiques corrompus, abus de la télévision, solitude de l’homme occidental, l’absence de communication entre les individus, racisme). Scorsese n’élude rien de cette violence du quotidien et dans une scène finale absolument insoutenable mais finalement prévisible, le passage à l’acte du personnage principal parachève sa démonstration du nihilisme de l’époque. On est toujours frappé de revoir ce genre de scène aujourd’hui tant par son efficacité que par sa violence qui avait fait polémique à l’époque.
La nouvelle vision du film permet également de se passionner pour le personnage de Jodie Foster jouant une jeune prostituée qui fera basculer Travis dans sa folie meurtrière en devenant le redresseur de tort dont la ville a besoin. Cette gamine devient le personnage sur lequel Travis se rattache alors qu’elle fait partie de ce monde dépravé qu’il abhorre. C’est par elle qu’il obtiendra sa rédemption pense-t-il. Il part en mission suicide pour la sauver afin avant tout de se sauver lui-même. A l’image des États-Unis, Travis avait surement besoin de repartir de zéro pour se reconstruire après un tel désastre. Pour conclure, revoir ce film est indispensable et on mesure l’exigence dans l’écriture, dans l’interprétation et dans la mise en scène qui n’a que très peu d’équivalent aujourd’hui.
Titre Original: TAXI DRIVER
Réalisé par: Martin Scorsese
Casting : Robert De Niro, Jodie Foster, Cybill Shepherd …
Genre: Drame, Policier
Sortie le: 2 juin 1976
Distribué par : –
CHEF-D’ŒUVRE
Catégories :Critiques Cinéma
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