SYNOPSIS: Neïla Salah a grandi à Créteil et rêve de devenir avocate. Inscrite à la grande université parisienne d’Assas, elle se confronte dès le premier jour à Pierre Mazard, professeur connu pour ses provocations et ses dérapages. Pour se racheter une conduite, ce dernier accepte de préparer Neïla au prestigieux concours d’éloquence. A la fois cynique et exigeant, Pierre pourrait devenir le mentor dont elle a besoin… Encore faut-il qu’ils parviennent tous les deux à dépasser leurs préjugés.
Après avoir débuté sa carrière de réalisateur avec Ma Femme est une actrice et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, Yvan Attal était parti sur d’excellentes bases qu’il a malheureusement mises à mal avec Do not disturb et Ils sont partout, deux énormes plantades dont les carences criantes n’avaient pas échappées aux -peu- nombreux spectateurs qui les avaient découverts. Pour son cinquième long métrage, Yvan Attal reste seulement derrière la caméra mais il retrouve la verve de ses premiers essais et réussit ni plus ni moins que son meilleur opus, aidé par une scénario extrêmement bien écrit (sur une idée de Victor Saint Macary) et un brillant duo de comédiens. Sur un récit traitant des préjugés, de l’utilisation des mots pour se hisser en haut de l’échelle sociale, de culture, d’espoir et d’élévation de la pensée, Le Brio fait passer des idées passionnantes avec un souffle, une emphase et une bonne humeur enthousiasmantes.
Si le récit initiatique n’a rien de très novateur (la rencontre d’un pygmalion et d’une muse dont l’antagonisme va peu à peu se muer en une rencontre humaine qui va profondément modifier leur perception des choses), les dialogues brillants et la richesse des thématiques que le film développe font que le traitement prime sur une forme certes conventionnelle, mais le tout s’avère extrêmement efficace. Le Brio semble old school mais séduit sans peine en sortant du schéma de la comédie lourdaude traditionnelle que le cinéma français produit à la chaine. Là, entre propos philosophique, art de la rhétorique et de la dialectique, le film nous donne un passionnant grain à moudre, nous fait savourer les escarmouches entre les principaux personnages impulsés par le pouvoir dévastateur des mots si l’éloquence qu’on leur prête est au rendez-vous.
Si les trajectoires croisées du professeur érudit et de l’élève qui dépasse sa condition de candide sont si intéressantes et nous tiennent en haleine c’est évidemment parce qu’ils sont campés par deux magnifiques comédiens. Daniel Auteuil donne à son Pierre Mazard, toute sa prestance et sa rectitude avant qu’il ne baisse la garde, se permettant des variations de ton très réussies. Camélia Jordana trouve ici un rôle qui va asseoir encore un peu plus sa réputation de comédienne. D’un naturel confondant et avec une déconcertante facilité elle est prodigieuse, surfant sur différentes tonalités avec une subtilité qui met en évidence tout son potentiel. S’il a parfois tendance à friser le manichéisme et la facilité le film touche alors ses limites même si il reste toujours drôle et piquant. Yvan Attal à pourtant heureusement le malignité d’éviter de tomber dans les écueils qui lui tendaient les bras et signe avec Le Brio un film énergique et intelligent aux enjeux subtils.
Titre Original: LE BRIO
Réalisé par: Yvan Attal
Casting : Daniel Auteuil, Camélia Jordana, Nicolas Vaude…
Genre: Comédie
Date de sortie : 22 novembre 2017
Distribué par: Pathé Distribution
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma
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