Critiques Cinéma

CARRIE AU BAL DU DIABLE (Critique)

SYNOPSIS: Tourmentée par une mère névrosée et tyrannique, la vie n’est pas rose pour Carrie. D’autant plus qu’elle est la tête de turc des filles du collège. Elle ne fait que subir et ne peut rendre les coups, jusqu’à ce qu’elle ne se découvre un étrange pouvoir surnaturel. 

Classique du cinéma fantastique et du film d’horreur, Carrie est peut-être l’œuvre la plus emblématique du style de Brian de Palma. Le metteur en scène se pose à la fois dans la continuité d’Hitchcock et de son Psychose, mais plonge aussi en plein dans les obsessions du cinéma américain des années 70 en jetant un regard sombre sur la société américaine, tout en brassant une flopée de thématiques conduites brillamment. Adapté d’un roman de Stephen King, Carrie est d’abord un grand film sur la terreur de la puberté, cette période où l’être se transforme psychologiquement et surtout physiquement, et où il découvre en lui une altérité refoulée qu’il ignorait. L’ouverture du film est emblématique puisqu’elle installe le dualisme symbolique qui va traverser toute l’œuvre, entre pureté (la virginité infantile de Carrie) et souillure (elle découvre ses règles). De fait, le film nous plonge dans une société américaine schizophrène, à la fois conservatrice, puritaine, et en pleine révolution, sur fond de libération sexuelle de la jeunesse.

Car en effet, Carrie, c’est aussi un étonnant teen movie, collé aux pas d’une ado mal dans sa peau (jeune Sissy Spacek qui donne tout pour le rôle) et qui croise dans les couloirs du lycée un certain John Travolta, en pleins débuts cinématographiques quelques années avant Grease et La fièvre du samedi soir. Schizophrène, le film l’est donc aussi, à l’image de son personnage qui impulse le ton du long-métrage au gré de ses métamorphoses psychologiques : tantôt comédie, tantôt drame sentimental, Carrie (le film et le personnage) finit par révéler sa vraie nature au cours de sa dernière demi-heure, horrifique et explosive. Véritable déflagration de violence en forme de grand bûcher purgatoire et sacrificiel, le film s’achève sur un puissant déchaînement d’énergie sans catharsis et tourné en un split-screen virtuose (comme si l’écran dynamité ne pouvait pas contenir à lui tout seul toute la violence déployée).

Très proche de L’Exorciste dont il se révèle assez cousin, Carrie et le film de Friedkin ont en commun d’utiliser le genre du fantastique pour produire un discours sur l’état de la société américaine, et surtout sur son refoulé. A l’image de Reagan dans L’Exorciste qui se dépucelle à grand coup de crucifix, en éclaboussant sa mère de sang (le sang de la jeunesse perdue, de l’innocence volant en éclats), Carrie révèle la culpabilité d’une société qui aimerait revenir à son âge d’or (l’âge des Pilgrim fathers puritains) pour retrouver sa pureté originelle mais qui est incapable de regarder en face ses plaies vives. Film culte à tous points de vue.

Titre Original: CARRIE

Réalisé par: Brian De Palma

Casting : Sissy Spacek, John Travolta, Piper Laurie…

Genre: Epouvante-Horreur, Drame

Sortie: Reprise le 1er novembre 2017

Distribué par: Splendor Films

CHEF-D’ŒUVRE 

 

2 réponses »

  1. Superbe article ! Très belle analyse de ce film absolument clé, et en effet très proche de L’Exorciste (mon autre film préféré !). Toujours d’actualité cette société puritaine dépeinte à travers la plume de King…

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