SYNOPSIS: Marty, conseiller financier de Chicago, blanchit discrètement de l’argent pour le compte d’un baron de la drogue. Lorsque son partenaire le trahit, il doit rapidement déménager avec sa famille aux monts Ozarks. Sur place, il se retrouve malgré lui opposé à un dealer local dont il concurrence dangereusement le business, ainsi qu’à un clan de petits voyous, dirigé par une jeune fille de 19 ans, qui cherche à lui soutirer de l’argent. En outre, il doit aussi éviter de se faire repérer par un agent du FBI tenace. S’il veut protéger sa famille, Marty doit rapidement blanchir l’argent sale, tout en s’adaptant à cette nouvelle vie.
Ça faisait un petit moment qu’on n’avait pas vu Jason Bateman à la télévision. Celui qui restera à jamais gravé dans nos cœurs comme le plus raisonnable des Bluth avait prêté sa voix au narrateur de Growin Up Fisher et était brièvement apparu dans les séries Nobodies et The Muppets, mais seulement le temps d’un épisode. Trop occupée à tourner pour le grand écran, la star avait fait savoir qu’elle ferait son retour dans un projet qui lui tiendrait à cœur. C’est finalement Ozark qui l’a remporté, la série crée par le producteur Mark Williams (The Accountant) et le scénariste Bill Duburque (The Judge, The Accountant) qui se déroule entre les états de l’Illinois et du Missouri. Jason Bateman campe Marty Bryde, un homme lambda, dont la vie fade n’a à priori rien de bien excitant, si ce n’est qu’il passe son temps à blanchir de l’argent pour un cartel de drogue Mexicain. Puis un jour, les Mexicains en question décident de liquider tout le monde parce qu’il semblerait que deux millions de dollars se soient évaporés entre les mains de Marty et de ses collègues.
La prémisse de Orzak invite à la comparaison avec Breaking Bad, ce qui est à la fois tout à fait justifié et pas du tout recommandé. Si Breaking Bad brillait par un scénario en or servi par des acteurs au top, la grande force de Orzak réside surtout dans la direction artistique de la série, toute en atmosphère sombre et plan serrés. Breaking Bad jouait sur les métaphores et le sens caché des actions de son protagoniste. Orzak par contre ne s’embarrasse pas de telles simagrées : dès le pilote, on sait que Marty est loin d’être un type « bien » et que sa petite famille est, en dépit des apparences, aux antipodes du rêve américain. On est dans la comédie sombre, un peu désespérée, ou l’humour des situations est mis en relief par la bassesse des personnages. Laura Linney, brillante comme toujours, interprète Wendy Bryde, la femme de Marty, qui le trompe allègrement avec Gary alias Sugarwood (Bruce Altman), tandis que ses enfants Charlotte (Sofia Hublitz) et Jonah (Skylar Gaertner) sont à mille lieux des chérubins adorés si propre à la comédie familiale américaine. C’est un coup d’inspiration géniale de Marty, alors qu’il regarde la mort dans les yeux, qui servira de catalyse à l’intrigue et propulse notre petite famille dans la région d’Orzak, où les règles financières sont un peu plus souples et où il devrait être plus facile de jouer les petits malfrats.
Ozark bénéficie de très gros atouts : sa distribution, son atmosphère et ces rares moments où les dialogues décollent comme des envolées lyriques. Il n’y a rien de tel qu’un acteur qui apprécie son texte pour hypnotiser son public et le fait est qu’entre Linney et Bateman, on est ici plutôt bien servis. Le gros problème de la série cependant, vient d’un rythme inégal qui alterne entre scènes haletantes où la tension grimpe à une vitesse vertigineuse et des longs intermèdes un peu plus mous du genou, où l’un des personnages contemple l’horizon pendant bien trop longtemps. C’est là sans doute le défaut principal de la série, qui a bien du mal à gérer son tempo et tente donc de régler ses problèmes en lâchant du lest sur certains pans de l’intrigue, une stratégie malheureuse qui a tendance à nous laisser sur notre faim. Reste une série sympathique sur les bas échelons de la criminalité, qui ne restera sans doute pas dans les annales, mais qui se consomme avec plaisir.
Ozark – Sur Netflix depuis le 21 juillet 2017
Crédits: Netflix
Géniale, cette série! Elle me fait penser au style John Irving du début de sa carrière d’écrivain. Et, c’est faux , il n’y a pas de longueur?
Micheline Royer