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THE HANDMAID’S TALE : LA SERVANTE ÉCARLATE (Critique Saison 1) Le monde à travers les yeux d’une femme

SYNOPSIS: Dans une société dystopique et totalitaire au très bas taux de natalité, les femmes sont divisées en trois catégories : les Epouses, qui dominent la maison, les Marthas, qui l’entretiennent, et les Servantes, dont le rôle est la reproduction.

Netflix domine le marché du streaming aux États-Unis et naturellement, Hulu, rival direct de la plateforme de vidéo à la demande la plus célèbre de la planète, fait des pieds et des mains pour s’imposer à son tour. La chaîne, plus connue pour ses rediffusions d’autres séries que pour ses créations originales, commence donc à débloquer les fonds pour racheter les séries annulées par les autres chaînes (comme The Mindy Project par exemple) ou pour produire des séries à haut budget, dans l’espoir d’attirer l’attention des critiques et du comités des Emmys qui récompensent Netflix et Amazon mais semblent oublier Hulu. Ils frappent un gros coup début 2016 en annonçant l’adaptation télévisée du best-seller de Margaret Atwood et bien qu’il ait fallu attendre un an avant que la série n’arrive sur nos écrans, on est ravis de vous dire que The Handmaid’s Tale: La Servante Écarlate ne déçoit pas. Aux commandes de cette série à faire froid dans le dos, on retrouve Bruce Miller (Alphas, The 100), créateur, showrunner, et unique homme parmi l’équipe de scénaristes, une rareté à Hollywood. Les dix épisodes de la saison un sont presque entièrement réalisés par des femmes, une autre rareté qui met la série dans une catégorie à part, celle des projets qui reflètent les problèmes de la société contemporaine à la fois devant et derrière l’écran, ce qui crée l’attente du côté de la critique et vaut beaucoup d’attention à la série, avant même la diffusion du premier épisode. Portée par un casting haut de gamme (Elizabeth Moss, Alexis Bledel, Yvonne Strahovski), The Handmaid’s Tale nous entraîne dans un futur terrifiant qui sent la dystopie tout en restant douloureusement proche du présent.

Bienvenue dans la République de Gilead, anciennement connue sous les noms États-Unis et Canada. La République est une théocratie rigide qui a réorganisé la société selon des règles bien établies tirées de lectures extrêmes de la Bible ; les hommes ont tous les pouvoirs, politique, financiers, militaires et les femmes sont divisées en deux classes : les infertiles et les fertiles. Les infertiles mariées ont le droit de faire partie de la société, remplissent les rôles de servantes, cuisinières ou maîtresse de maisons, tandis que les autres sont envoyées dans les colonies, des camps de travail situées en marge de la ville, où les radiations nucléaires sont tellement puissantes que nul ne peut espérer y survivre bien longtemps. Les femmes fertiles par contre, comme notre héroïne Offred (Elizabeth Moss), deviennent les servantes écarlates, dont la seule et unique raison de vivre et de procréer. Les servantes sont envoyées dans les maisons des riches et puissants où elles doivent se soumettre à la maîtresse de maison et participer à un rituel sexuel avec leur maître. Nul ne peut défier les règles mises en place et les servantes ont très peu de libertés : pas le droit de lire, pas le droit de se regrouper entre elles, pas le droit d’avoir d’amies, d’adresser la parole à des inconnus et naturellement, pas le droit d’avoir de relations sexuelles avec un autre homme que leur maître. Bref, il ne fait pas bon vivre dans la République de Gilead si vous êtes femme.

The Handmaid’s Tale résonne de façon cauchemardesque dans une Amérique où les droits des femmes sont en pleine rémission, et ses répercussions sont encore plus larges à l’échelle de la planète. On a tendance à l’oublier au milieu de notre privilège de société dite « éclairée », mais de nombreuses femmes dans le monde vivent comme Offred, soumise à des idées qu’elles ne partagent pas forcément, prises entre un désir naturel d’être traités humainement et le besoin ancestral de survivre, par tous les moyens. The Handmaid’s Tale n’est pas une série qui veut vous rassurer, ou qui cherche à vous mettre à l’aise. Le rythme est lent, implacable, lancinant et l’on perd rapidement tout espoir de voir les choses s’arranger pour notre héroïne au fil des épisodes. Pas de catharsis ici, mais une longue exploration des tréfonds de l’âme humaine, vue à travers les yeux des oppressés et non des oppresseurs. Un point de vue profondément important, magnifiquement photographié, et tellement d’actualité qu’il fait parfois peur. En ces temps difficiles où l’extrémisme religieux pèse comme une menace constante, il devient crucial de savoir se mettre à la place de l’autre. Une série qu’on recommande, surtout à vous, messieurs, parce que ça n’est pas tous les jours que vous aurez l’occasion d’observer le monde à travers les yeux d’une femme.

The Handmaid’s Tale : La servante écarlate saison 1 – dès le 27 juin sur OCS Max

Crédits: OCS

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