Critiques Cinéma

NEMESIS (SAM WAS HERE) (Critique) L’Étrange Festival 2016

2 STARS PAS GENIAL

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SYNOPSIS: Perdu au fin fond du désert californien, un démarcheur cherche de nouveaux clients en passant de village en village. En vain. Alors que sa voiture tombe en panne et qu’un tueur rôde dans la région, il va découvrir l’hostilité de la population locale et sombrer peu à peu dans la paranoïa…

Sortant d’une séance aussi éprouvante ou plutôt exigeante que Antiporno, nous avions grand besoin d’un changement radical et de s’extraire de l’épuisant mais néanmoins fascinant univers mental de Sono Sion. Sam Was Here faisait figure de candidat idéal avec sa promesse d’un ambitieux film de genre made in France, tourné en Californie et mis en scène par un réalisateur qui s’est exilé depuis quelques années aux USA puis au Japon pour réaliser ses courts métrages. Sam was here , directement adapté de Polaris, 2ème court-métrage de Christophe Deroo avait donc, sur le papier, beaucoup d’atouts pour être une des belles surprises de ce festival. Du papier à l’écran, la promesse s’est envolée et n’est resté que le sentiment d’un film au pitch malin qui pouvait certes difficilement tenir sur la durée d’un long métrage, mais dans lequel surtout Christophe Deroo ne semble pas croire. Le début est plutôt convaincant et l’arrivée de Sam dans ce coin paumé, dans lequel il n’y a pas âme qui vive mais qui semble résolument hostile, nous emmène dans un univers proche d’un épisode de la 4ème dimension. La bande son électro de Christine , la photographie soignée d’Emmanuel Bernard dont c’est également le premier long métrage , donnent un très bel écrin à cet objet mystérieux.

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Sam n’a pas vraiment l’allure d’un commis voyageur avec sa belle gueule et son coupé Mercedes mais au moins échappe-t-on au cliché du commis chauve, bedonnant et suant sous le soleil écrasant du désert californien. Ces mobile home abandonnés et ce motel désert perdu dans ce paysage sans fin sur lequel la caméra s’attarde longuement pour nous en faire saisir l’immensité, créent un solide climat de paranoïa, qu’on souhaite voir s’installer durablement. De même l’utilisation (toutefois un peu trop systématique) des images de vidéo surveillance à la fois au soutien d’une scène et comme contrechamp donnant le sentiment que Sam est épié est plutôt efficace. Malheureusement, sur le chemin de Sam, le scénario place très rapidement des balises qui vont se charger de lui signaler l’imminence du danger et par ricochet nous dévoiler ce qui nous attend en appuyant bien sur le fait que ça sera très badass. Seule preuve d’une vie dans ce coin paumé, l’émission de radio d’Eddy nous apprend qu’une traque s’organise suite au meurtre d’une petite fille. Cette seule information aurait pu suffire mais les interventions des auditeurs se chargent d’en rajouter sur la nature du traitement qui sera réservé au coupable ou devine-t-on déjà, au malheureux qui sera désigné comme tel. De fait, le récit perd tout son mystère et Sam ne semblant pas comprendre les signaux de son démiurge, le spectateur se trouve en avance sur lui alors qu’il est à priori, toujours préférable, de coller au personnage et de découvrir, en même temps que lui, les pièges qui vont se dresser sur sa route. Seul demeure le mystère de cette lumière rouge qui apparaît dans l’horizon et qui reste le seul élément susceptible de faire dévier le récit dans une direction intéressante ou tout du moins inattendue.

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Déjà fortement lesté et amputé de son mystère par la volonté de Christophe Deroo de souligner à gros traits l’imminence du danger, le film s’ajoute un autre boulet avec les messages laissés par Sam sur le répondeur de sa femme. Se transformant en petits résumés de ce qui vient de se passer et permettant à Sam de nous dire, d’une voix monocorde, qu’il commence à avoir peur et de nous prévenir qu’il est déterminé à prouver son innocence, ils n’apportent malheureusement rien au récit. Au contraire, ils sont une maladresse de plus qui a pour effet de nous en tenir encore un peu plus éloigné. On se résigne alors à ce que l’épisode de la 4ème dimension qui s’était transformé en série B maladroite puisse au moins devenir, pour sa deuxième partie, la série B bien badass que l’on nous promet. Malheureusement les mêmes défauts ont les mêmes effets et, Christophe Deroo a beau essayer d’installer une ambiance malsaine qui lorgne vers Délivrance et Massacre à la tronçonneuse, il téléphone autant l’action qu’il téléphonait les développements de son récit. Chaque confrontation est gâchée par un plan trop appuyé nous en dévoilant l’issue. Il en résulte même un effet comique qui est une direction qu’aurait pu prendre le film et qui aurait pu être valable s’il n’avait été involontaire. Dans un film aussi fragile et maladroit, l’interprète principal peut rapidement faire pencher la balance du très mauvais côté et malheureusement, Rusty Joiner va s’en charger. Avec sa carrure de GI et son jeu unidimensionnel, incapable de transmettre la moindre émotion , il plombe définitivement le film. Ni la mise en scène, ni le jeu de Rusty Joiner ne parviennent à transmettre ce sentiment de danger imminent puis de descente aux enfers. Tout est trop appuyé comme si Christophe Deroo n’avait pas cru en son histoire, ou pire, se regardait filmer. Si Rusty ne parvient jamais à incarner son personnage et lui donner une crédibilité, il est peut être aussi la victime d’une direction d’acteurs hasardeuse, ce qu’une scène particulièrement gênante viendra nous confirmer. N’est pas Adam Wingard qui veut, l’action n’a rien de viscérale et l’utilisation des masques est ici perçue comme un nouvel artifice grossier pour palier aux manquements d’une mise en scène bien peu inspirée. L’abandon d’une piste ouverte par le film et sur laquelle, Christophe Deroo se chargeait de bien insister, confirme par ailleurs ce sentiment d’un film bourré d’artifices et qui se croit beaucoup plus malin qu’il ne l’est. La déception nous pousse peut être à juger très sévèrement un film qui, soyons honnêtes, recueille par ailleurs beaucoup de critiques positives et qui fut longuement applaudi par la salle. Mais même en y repensant, nous ne trouvons vraiment pas grand chose à sauver.

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Titre Original: SAM WAS HERE

Réalisé par: Christophe Deroo

Casting : Rusty Joiner, Sigrid La Chapelle, Rhoda Pell,

Hassan Galedary…

Genre: Horreur

Sortie le: –

Distribué par: –

2 STARS PAS GENIALPAS GENIAL

2 réponses »

  1. Cette critique d’une personne qui a rien compris au film. Rien a sauver mais bien sur. Voila pourquoi je lis de moins en moins de critique car pour lire de telle chose, ta l’impression que la personne a pas vu le film.

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