SYNOPSIS: Cinq amis d’enfance rêvent depuis toujours d’habiter en colocation. Lorsque l’occasion d’emménager ensemble se présente, Julia, Vadim, Nestor et Timothée n’hésitent pas une seule seconde, surtout quand Samuel se propose de payer la moitié du loyer ! A peine installés, Samuel se retrouve sur la paille mais décide de ne rien dire aux autres et d’assumer sa part en se mettant à vendre de l’herbe. Mais n’est pas dealer qui veut et quand tout dégénère, Samuel n’a d’autres choix que de se tourner vers la seule famille qu’il lui reste : ses amis !
En regardant cette affiche couleur Brice de Nice, on ne savait pas trop à quoi s’attendre sinon à un énième film de potes comme le cinéma français nous en décongèle toutes les deux semaines. Cela dit, le petit avertissement « Parental Advisory – Explicit Content » visible en bas à gauche était assez amusant en soi, et pariait déjà fort sur un degré de trashitude assez élevé. En fait, ces quelques suppositions sont à relativiser. Fort heureusement sans le moindre lien avec le film éponyme réalisé par Abbas Kiarostami en 2003, Five constitue avant tout une sorte de trait d’union idéal entre la comédie générationnelle tendance Klapisch (on pense assez souvent à L’auberge espagnole) et le défouloir potache labellisé Judd Apatow. Soit deux genres pas si antagonistes que ça, dont la qualité première est de capturer l’état d’une jeune génération tout en étoffant leur humour – plus ou moins – dévastateur d’une tonalité douce-amère qui fait ressurgir la pression sociale et les affres du passage à l’âge adulte. On pourra certes argumenter en disant que Five arrive un peu tard pour révolutionner quoi que ce soit sur ce sujet-là, mais sa bonne humeur communicative et son rythme survitaminé en font une petite éclaircie revigorante au centre d’une comédie hexagonale de plus en plus nuageuse.
Déjà, expédions vite fait le défaut central récurrent à 90% des comédies françaises à vocation populaire : l’échantillonnage en voix off. Le temps d’une intro sur les plages de Thaïlande avec une voix off (celle de Julia, jouée par Margot Bancilhon) qui nous fait le coup du « Je m’appelle Machin, je me trouve à Pétaouchnok, vous vous demandez sûrement comment on en est arrivés là, blablabla… », on capte tout de suite que le film va se résumer à un long flashback, et on devine à juste titre que la scène finale servira de retour direct à la scène inaugurale, avec un « Voilà comment on en est arrivé là… » et une leçon de morale bien neuneu sur l’amitié avant le générique de fin. Oublions donc les extrémités du film pour se concentrer sur le sujet, a priori pas forcément le plus adapté pour nous mettre l’eau à la bouche. Grosso modo, le scénario de Five se limite à retrouver une bande de jeunes adultes qui, pour exaucer leur rêve commun d’habiter en colocation, se retrouvent obligés d’en passer par les solutions les plus catastrophiques lorsque l’un d’eux – forcément un gosse de riche à qui son père trahi a choisi de couper les vivres – se retrouve incapable de payer le loyer. Toujours le même topo sur une génération insouciante qui emprunte les chemins de l’illégalité pour retarder l’échéance où le mur de la réalité leur tombera vraiment sur le crâne. D’où une enfilade de péripéties bordéliques qui vont prendre des proportions assez dingues.
L’absence d’originalité est néanmoins compensée par un ingrédient qui mettra tout le monde d’accord : l’énergie. Certes, l’idée de voir un jeune acteur de théâtre classique (joué par Pierre Niney) s’improviser dealer de marijuana avait de quoi promettre une hausse conséquente du curseur du délire, mais le réalisateur Igor Gotesman – également acteur dans le film – ne s’en est pas contenté. Comme dans tout bon film d’équipe, chaque acteur a sa partition à jouer et la mise en scène, punchy à souhait, se contente de se caler sur leur énergie pour les laisser dévorer chaque scène. D’où un délire narratif quasi ininterrompu, certes pas toujours d’un niveau très subtil (75% des vannes concernent la zone de l’entre-jambes) mais d’une générosité à toute épreuve, entretenu par une bande de joyeux drilles défoncés à la beuh qui osent tout sans avoir peur de se mouiller. Du trip sous ecstasy à la fiesta qui dégénère en passant par un deal de drogue hilarant et des caméos fracassants (dont une Fanny Ardant très portée sur la ganja !), le film fonce tellement vite et bien qu’il nous gagne par son rythme. D’autant que le rire, aussi violent soit-il, vire ici souvent au jaune lorsque les cinq protagonistes quittent leur délire pour se manger la réalité en pleine face, allant jusqu’à voir leur amitié s’effilocher sous l’effet des mensonges et des non-dits (surtout amoureux). Ainsi va Five : un bon délire qui vise juste autant qu’un bon film générationnel qui filme juste.
Titre Original: FIVE
Réalisé par: Igor Gotesman
Casting : Pierre Niney, François Civil, Igor Gotesman,
Margot Bancilhon, Idrissa Hanrot, Fanny Ardant…
Genre: Comédie
Sortie le: 30 mars 2016
Distribué par: StudioCanal
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma
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