Cher Monsieur Belmondo,
Vous permettez que je vous appelle Monsieur?
Bébel me semble trop familier et puis on ne se connait pas… Jean-Paul me paraitrait trop irrespectueux sans votre accord préalable…
J’apprends via différents organes de presse que vous mettez officiellement fin à votre carrière pour goûter aux plaisirs mérités de la retraite. C’est un peu un secret de polichinelle remarquez, même si votre nom était souvent évoqué voire invoqué (la frontière est très floue) pour tel ou tel projet depuis quelques années. Votre retour n’aura pas lieu et si je ne peux réprimer un pincement au cœur, je me dis que les souvenirs inoubliables que vous laissez dans mon imaginaire de spectateur valent bien plus qu’une participation dans un film qui n’apporterait sans doute pas grand chose à votre gloire. De tout temps et aussi loin que je m’en souvienne, vous avez fait partie de ma vie de cinéphile, m’apportant par votre gouaille, votre humour, votre abattage et votre apport à l’action des plaisirs inégalés. Je l’avoue aujourd’hui, je vous ai voué une passion cher Monsieur, un véritable culte. Je découvrais votre filmographie et je ne me lassais pas de vous voir et revoir faire l’Incorrigible ou Le Guignolo, d’être tantôt Magnifique, tantôt Marginal, de porter le Borsalino comme personne jusqu’à être A bout de souffle. Vous êtes mon action Hero, Monsieur Belmondo. Pendant que d’autres juraient par Bruce Willis ou Sylvester Stallone, je vous conservais mon indéfectible fidélité. Les années passant, vous gardiez pour moi toujours la même place, la première, tout en haut de mon panthéon personnel. Certains coups de cœur pour des artistes ne s’expliquent pas, la popularité, la sympathie, l’identification… Bref tout cela et bien plus m’ont donné la sensation de bien vous connaitre alors que vous ne montriez pourtant de vous que ce que vous vouliez bien. Mais peu importe, vous étiez là avec une régularité de métronome à promener votre physique impressionnant, à exécuter vos cascades toutes plus folles et ambitieuses les unes que les autres, à illuminer les écrans de cinéma de votre aura.
Certes, vous n’étiez pas exempt de choix incertains, de scénarios à trous mais même vos films les moins réussis contenaient des scènes jubilatoires, des répliques assénées avec classe et humour et sur un tempo qui n’allait qu’à vous. Vous étiez (et vous êtes encore) populaire, au sens noble du terme. J’entends votre voix, ces mots que vous seuls pouviez prononcer avec sérieux pendant que le public, l’instant d’après, s’esclaffait. Vous êtes d’une race qui s’est éteinte, celle des seigneurs, dont le cinéma français pouvait s’enorgueillir. De ceux qui sur leur nom faisait déplacer les foules et qui rendait les projets les plus improbables, follement excitants. Cerise sur le gâteau, nous sommes nés le même jour, ça ne s’invente pas, ça me donne l’impression que nous avons au moins une chose en commun. J’ai envie d’imaginer que vous êtes comme Sam Lion, votre personnage d’Itinéraire d’un enfant gâté, qui fait semblant de disparaitre pour mieux observer et protéger ses proches. Vous êtes dans l’ombre mais toujours bien présent. Certes, vous nous manquerez sur l’écran, mais nous continuerons de vous aimer. C’est une lettre de fan boy que je vous adresse aujourd’hui. J’assume totalement mon regard plein d’étoiles quand je repense aux plaisirs que vous m’avez offerts. Je voulais juste vous dire merci et ne pas attendre pour le faire que vous ne soyez plus là. Je ne vais pas encore en faire des tartines, je m’en voudrais de vous gêner…
Quoi qu’il en soit et pour toujours, vous êtes mon héros!
Votre dévoué Cliffhanger
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