Ah les Beaumont! Cette famille dont l’on suit les péripéties télévisuelles depuis 1992 revient le 29 septembre sur TF1 pour 4 et non pas 3 nouveaux épisodes. La série, qui connait des fortunes diverses depuis quelques saisons en terme de qualité, bien que les audiences restent assez confortables, poursuit sa mue entamée depuis ses 20 ans et le déménagement de la famille formidable dans une petite commune de province. Après des saisons 9 et 10 qui ont déjà bien grignotées le capital sympathie et crédibilité dont jouissait la série depuis ses débuts, cette onzième saison remet t-elle les Beaumont dans le droit chemin ou les entraine t-elle pour de bon dans le fossé?
A chaque fois et malgré l’amertume laissée par des derniers épisodes plus ou moins réussis, on conserve le secret espoir de retrouver la magie des premières aventures, cette époque où Joël Santoni faisait des miracles avec des trilogies parfaitement équilibrées. Mais une écriture plus inégale, des diffusions moins espacées sans doute dictées par le succès, auront eues raison d’une qualité qui a fini par se diluer dans des histoires plus convenues. En forçant le trait, là où précédemment la finesse d’observation et l’émotion brute primaient, les nouveaux auteurs n’ont pas su prendre le virage que la série méritait bien que, même s’il a pris plus de recul, Joël Santoni continue de présider aux destinées de cette famille de doux dingues. Avec le temps, la confrontation des personnages à des sujets de société brûlants, en prise directe avec le quotidien (l’homosexualité, la drogue, le cancer…) et qui valaient aux acteurs de déployer tout leur talent en alternant drame et comédie, s’est dissipée pour faire place à de la comédie de boulevard où quiproquos et pantalonnades prenaient l’essentiel de la place. La complicité du trio Le Coq- Duperey- Khorsand (ce dernier malheureusement disparu), et qui valut à la série certains de ses moments les plus savoureux, a bel et bien disparu bien que perdurant entre Le Coq et Duperey ou entre Le Coq et Thibault (ce qui nous vaut d’ailleurs quelques uns des meilleurs mais trop rares moments de cette saison). C’est désormais la course aux rebondissements pittoresques qui se taille la part du lion. Les plus jeunes comédiens déçoivent également car si Jennifer Lauret ou Kamel Belghazi sont toujours très justes, Cécile Caillaud, ou Alexandre Thibault pour ne citer qu’eux, sont desservis par des personnages trop souvent caricaturaux. Sans parler de David Sarfati, dont le personnage de Nicolas n’est désormais plus qu’une silhouette passant faire de la figuration sans avoir grand chose à défendre. L’époque lointaine où chacun dévoilait ou affirmait un jeu tout en nuances et où la série connaissait son heure de gloire est bien finie. Désormais, si ce n’est par à-coups les épisodes parviennent difficilement à maintenir un semblant d’intérêt et les séquences chaleureuses ou d’émotion sont réduits à la portion congrue. On en vient même à se demander si le plaisir des comédiens de se retrouver et de jouer ensemble ne passe pas avant la qualité intrinsèque des partitions qu’on leur donne à défendre. En effet, parfois les acteurs semblent les seuls à s’amuser et on s’attend presque à les voir se congratuler face caméra après une prise où un fou rire les aura réunis.
Dans cette saison 11, la dégringolade de la Famille Formidable ne freine malheureusement pas! Entamée puis poursuivie depuis qu’ils se sont installés dans ce petit village de Noyers, la chute semble inexorable. Les Beaumont, qui sont avant tout des citadins semblent comme des poissons hors de leur bocal dans cet univers campagnard aux enjeux dramatiques difficilement vraisemblables . Dès le premier épisode de cette saison 11, les situations ridicules s’enchainent et elles semblent détenir désormais la primeur de scénarios bâclés. Bernard Le Coq qui sait parfaitement jouer la subtilité ou la retenue a tendance à surjouer ce qui nuit à son personnage. Tout semble aseptisé et les quelques essais pour y échapper sont soit trop rares, soit infructueux. L’épisode 2 de cette saison, Un manoir à Madère, est symptomatique de la vacuité des histoires et des invraisemblances qui s’y rattachent. On est dans le pur vaudeville et notamment une compétition de tir à la corde décroche la palme du ridicule ! La majorité des éléments narratifs sont soit artificiels et sans saveur soit les conséquences d’un suspense de pacotille.
Heureusement, tout n’est pas catastrophique non plus et la tentative de revenir à des thèmes sociaux et plus ancrés dans le réel (le mariage pour tous, l’avortement, l’homosexualité chez les ados notamment) est plutôt bien vue, même si la série semble balbutier avec des redites par rapport aux toutes premières saisons. En se concluant sur une fin ouverte qui appelle une éventuelle saison 12, Une famille formidable serait bien inspirée de revenir aux fondamentaux qui ont faits son succès car cette saison 11 n’apporte vraiment rien de nouveau. Depuis quelques temps, les Beaumont vivent sur leurs acquis et grâce à l’indéfectible fidélité que leur voue les téléspectateurs. Innovante à ses débuts dans sa façon de traiter ses histoires avec une acuité et un vrai regard sur la société, la série a fini par rentrer dans le rang de productions formatées auxquelles elle ne ressemblait pourtant pas en 1992. Mais 22 ans plus tard, même si finalement on prend toujours plaisir à les retrouver, le petit coup de vieux auquel personne n’échappe, fait tomber sur eux les signes que le temps qui passe n’est pas toujours clément avec ceux qu’on aime.
A lire aussi
Titre Original: UNE FAMILLE FORMIDABLE
Casting: Bernard Le Coq, Anny Duperey, Alexandre Thibault
Jennifer Lauret, Kamel Belghazi, Béatrice Agenin…
Genre: Comédie
Saison 11 de 4×90 minutes à partir du 29 septembre sur TF1
Bien sur nous avons veillis aussi …comme notre regard sur cette série …mais gardons notre indulgence et bienveillance sur cette histoire improbable ,So frenchie…So fort minable ! Mais attachante ..
J’aurais adoré adorer mais ce n’est pas le cas, même si je reste très attaché à la série 🙂