Critiques Cinéma

RENFIELD (Critique)

SYNOPSIS: Dans cette version moderne du mythe de Dracula, Renfield est l’assistant torturé du maître le plus narcissique qui ait jamais existé : Dracula. Renfield est contraint par son maître de lui procurer des proies et de pourvoir à toutes ses requêtes, mêmes les plus dégradantes. Mais après des siècles de servitude, il est enfin prêt à s’affranchir de l’ombre du Prince des ténèbres. À la seule condition qu’il arrive à mettre un terme à la dépendance mutuelle qui les unit.

Après l’échec cuisant de La Momie en 2017 qui était censé lancer sous le titre ombrelle Dark Universe un univers partagé à destination des jeunes générations autour des créatures surnaturelles qui ont fait les beaux jours du studio sur le modèle de Marvel, Universal a changé d’approche dans l’exploitation de ce patrimoine en privilégiant des projets indépendants les uns des autres et aux budgets maitrisés . Après le très réussi Invisible Man de Leigh Whannel confié à Blumhouse et avant Le Dernier voyage du Demeter (relatant sous forme d’Alien like l’arrivée du comte Dracula en Angleterre) et un projet autour de la fille de Dracula par les réalisateurs de Scream 6, nous arrive ce Renfield une vision moderne de Dracula au travers du regard de son familier Renfield basé sur un concept de Robert Kirkman créateur des comics The Walking Dead et Invincible qui produit le film. Il y a quelque chose dans le mythe du vampires étrangement propice à des  comédies horrifiques, comme en témoignent des classiques comme Fright Night (Vampire vous avez dit vampire en VF), The Lost Boys ou récemment la série What We Do in the Shadows (l’humanisation banale de ces personnages fantastiques rappelle l’humour pince-sans-rire de la série). Renfield choisit donc la voie d’un humour conscient de soi et du slapstick sanglant en abordant la relation entre les deux personnages  comme une relation entre un employé et son patron toxique et narcissique. Il y a ainsi énormément de scènes  de thérapies de groupe qui servent de fil conducteur au film qui sont la source principale de comédie. Le scénario s’amuse beaucoup avec les membres empathiques du groupe qui comprennent mal la gravité des plaintes de Renfield. Ils ont traversé beaucoup de choses mais n’ont pas été obligés de livrer de la viande humaine encore vivante à leur partenaire toxique. Mais c’est aussi un film de gangster ultra-violent, une romance entre le personnage principal incarné par Nicholas Hoult et Akwafina.

Utilisant spirituellement le Dracula de 1931, avec Bela Lugosi, comme base de son film, Robert Montague Renfield sert le comte vampirique comme familier humain depuis des décennies. En échange de son service, Dracula permet à Renfield de boire une partie de son sang, ce qui lui confère des capacités surhumaines qui se déclenchent chaque fois qu’il consomme des insectes. Alors que Renfield et Dracula s’installent dans la Nouvelle Orléans moderne (théâtre des romans de vampires de Anne Rice), la rencontre fortuite de Renfield avec une policière locale  et le gang de trafiquants qui contrôle la ville  modifiera à jamais la dynamique du maître et du serviteur. Chris McKay  réalisateur du film LEGO Batman et du divertissant The Forever War, adepte de ce type d’humour référencé est plutôt adroit dans l’exercice et même si tous les gags ne fonctionnent pas, Renfield est toujours amusant. S’il y a le moindre doute sur la nature comique du film  il est dissipé  par le fait qu’il comporte  une séquence de « montage »  typique des des années 80 en son centre et s’ouvre sur des séquences où McKay insère de manière amusante Cage et Hoult dans des classiques de la Universal. Renfield mélange sa comédie avec une violence incroyablement graphique mais d’une manière volontairement trop caricaturale pour être choquante ou effrayante. Le film baigne  dans des litres de sang (souvent numériques hélas) mais bénéficie de maquillage spéciaux  impressionnants pour illustrer les pouvoirs surhumains de Renfield où les différents stades de décrépitude dans lesquels Dracula se languit dans  avant de retrouver sa gloire flamboyante. Une combinaison qui fonctionne plutôt bien la plupart du temps.

Un Dracula incarné par Nicolas Cage, principale attraction du film qui ne déçoit pas du tout et est exactement aussi délicieusement, délirant que vous voudriez qu’il soit. Le comédien cabot notoire et fan éperdu du genre a  beaucoup à jouer ici, empruntant le jeu expressionniste de Bela Lugosi  mais également le look chapeau haut de forme, toutes les dents également pointues de Lon Chaney  dans Londres après minuit le film perdu du réalisateur de Dracula  Tod Browning). Il va aussi puiser dans ses propres performances exaltées de ses débuts, sa prestation aux yeux fous  pleine d’explosions surprenantes et d’inflexions inattendues, avec des pincées de charme est une évolution naturelle 35 ans plus tard de son travail dans Embrasse-moi, vampire. Alternativement sinistre et effrayant  tout en prenant le temps de quelques blagues sans compromettre le mal absolu de son personnage.  Alors que la transformation en quasi super-héros de Renfield est l’une des plus grandes déviations par rapport au mythe classique, Nicholas Hoult vend bien le concept, imprégnant ses scènes d’une énergie nerveuse engageante  à la manière d’un Hugh Grant (auquel il ressemble de plus en plus physiquement et vocalement) avec des éclairs d’affirmation de soi lorsque son personnage est appelé à se battre. Awkwafina sait comment tirer le meilleur parti d’un rôle secondaire  comique à peine écrit – elle l’a fait pendant des heures dans Shang-Chi – mais ne peut à elle seule surmonter les clichés entourant un flic cherchant à compenser les échecs de son défunt père et peine à donner un sens à son personnage.

L’élément le plus faible du film est cette sous intrigue criminelle qui fait sortir Renfield de l’ombre de Dracula et  place Shohreh Aghdashloo et Ben Schwartz (dans une performance « comique »  particulièrement agaçante) à différents échelons d’une dynastie de voyous est superficielle au point d’être hors de propos. Si chaque fois que l’humour se moque des tropes des films de vampires, le film fait mouche (humour!) il s’effondre quand il essaie d’être aussi une comédie de gangsters. Renfield semble s’épuiser dans son dernier acte et on ne peut s’empêcher de penser que le film  a perdu une bonne partie de son intrigue secondaire (sans doute destinée à étirer son concept ) en cours de route. Mais avec une durée de  93 minutes McKay a la sagesse de donner à son film un rythme  soutenu pour oublier ses faiblesses.  Si Renfield  qui semble échappé des glorieuses années 90 avec ce mélange de comédie / action / horreur / super-héros n’exploite pas pleinement  tout son potentiel il est néanmoins élevé par les performances de ses acteurs principaux, de longues scènes d’action  bien construites et une écriture  humoristique assez maitrisée restant en cela un plaisant divertissement.

Titre Original: RENFIELD

Réalisé par: Chris McKay

Casting : Nicholas Hoult, Nicolas Cage, Awkwafina

Genre: Comédie, Epouvante-horreur

Date de sortie : 31 mai 2023

Distribué par: Universal Pictures International France

BIEN

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