Critiques Cinéma

SCREAM VI (Critique)

SYNOPSIS : Après avoir frappé à trois reprises à Woodsboro, après avoir terrorisé le campus de Windsor et les studios d’Hollywood, Ghostface a décidé de sévir dans Big Apple, mais dans une ville aussi grande que New-York personne ne vous entendra crier…

Un an après le retour de Ghostface dans leur hommage vibrant à feu Wes Craven, le quatuor Matt Bettinelli-Olpin/Tyler Gillett et James Vanderbildt/Guy Busick (respectivement les deux réalisateurs et les deux scénaristes dont leur collaboration devient petit à petit la marque de fabrique de leur travail) remettent le couvert en replongeant dans la saga. En prenant (presque) les mêmes pour (presque) recommencer – à l’exception de Neve Campbell dont l’absence pour raisons de contrat aura un peu enflammé les réseaux sociaux il y a quelques mois – l’équipe du requel Scream (2022) revient faire des siennes en marquant toujours plus de leur style et de leurs propres histoires la saga. Car Scream VI est bel et bien une suite au précédent volet, dont l’ambition toute annoncée est d’installer encore plus ses nouveaux protagonistes comme les leads désormais moteurs de la franchise. Car dans cet opus, les règles changent à nouveau. Exit Woodsboro, bienvenue sur un campus new-yorkais au cœur duquel un tueur masqué prend le relai de ses prédécesseurs avec la manie bien étonnante de laisser derrière lui des indices menant tout droit vers Sam Carpenter



Ce volet se déroule peu de temps après le précédent. Les survivants du massacre de Woodsboro – les sœurs Sam et Tara Carpenter ainsi que les jumeaux Mindy et Chad, qui se surnomment les « Core Four  » – ont emménagé à New York dans l’espoir de laisser derrière eux les drames de leurs vies. Sam, toujours visitée par l’esprit de son défunt père Billy Loomis (le tueur du premier film), suit une thérapie alors que sa petite sœur Tara tente de vivre dans le déni total des attaques dont elle a été victime. Une nouvelle bande s’est formée autour des jeunes : la professeure de cinéma Laura (Samara Weaving, qui retrouve le quatuor après avoir tenu le lead du génial Ready or Not), le cinéphile fan d’Argento Jason (Tony Revolori), la nouvelle colocataire de Tara Quinn (Liana Liberato), le  » beau gosse  » d’en-face Danny (Josh Segarra), la petite amie de Mindy Anika (Devyn Nekoda) et le coloc geek de Chad Ethan (Jack Champion). Lorsque Ghostface réapparaît (la voix toujours incarnée avec brio par Roger L. Jackson), plus violent et intelligent que jamais, la police soupçonne vite Sam – dont les rumeurs de sa culpabilité enflamment Reddit depuis des mois. Le Détective Bailey (Dermot Mulroney) se voit alors contraint de s’allier à l’agent Kirby Reed du FBI (le retour tant attendu d’Hayden Pannetiere dans la franchise après avoir été laissée pour morte dans le quatrième volet) et la journaliste éternellement curieuse Gale Weathers (encore et toujours Courtney Cox). Dans ce nouvel opus qui plonge dans les entrailles de la saga pour prolonger sa franchise, les règles ont complètement changé. Tout le monde est suspect, tout le monde est dispensable. Y compris les nouveaux protagonistes…



Car Scream VI est une preuve de la volonté du quatuor Bettinelli-Olpin/Gillett/Vanderbildt/Busick de s’approprier la saga, en faisant souffler un vent de fraîcheur bienvenu. Jamais elle n’a semblé si proche de ses personnages, leur permettant véritablement d’exister au milieu du massacre, et de poser leurs visages en tête de gondole. Melissa Barrera construit alors sa Sam en totale protagoniste de cette nouvelle continuité en proposant un personnage complexe et torturé, une anti-héros loin de la final girl classique incarnée par les pièces maîtresses du genre. Le duo Mason Gooding/Jasmin Savoy Brown fonctionne toujours aussi bien, lui en éternel enthousiaste et elle en cinéphile suspicieuse, alors que le film profite allégrement de son atout charme par la présence de Jenna Ortega qui, dans la lignée de ce qu’elle proposait dans le précédent, compose le cœur du film autour duquel l’ensemble du cast tourne tout en déposant une couche d’ambigüité qui fonctionne particulièrement bien. Scream VI s’aventure cette fois à New-York, ses ruelles malfamées, son métro bondé, ses bâtiments abandonnés et ses appartements aux fenêtres donnant directement sur l’immeuble d’en face : les metteurs en scène tirent alors parti de cette nouvelle proposition (deuxième fois dans la saga que les personnages s’éloignent de Woodsboro après le massacre hollywoodien du 3ème volet) dans un jeu du chat et de la souris malin et inquiétant. Et à l’instar du cinéma transformé en musée des crimes de la série que les personnages trouvent au milieu du film, cet opus ressemble en quelque sorte à un sanctuaire de la saga, s’offrant des références pivots aux précédents tueurs tout en ayant l’intelligence de fonctionner en périphérie de tout ça dans l’unique but de tracer leur propre route. Ainsi, là où le précédent volet se déguisait en déclaration d’amour de fans à la franchise, ce sixième opus prend le large pour de bon en se distinguant notamment par la violence graphique débridée déchaînée à l’écran. Les meurtres, plus sadiques et plus étirés, font de ce Scream VI une chasse impitoyable et bourrée de twists narratifs étalés tout du long jusqu’aux habituels révélations finales plutôt bien exécutées qui propose d’ailleurs – sans spoiler – un joli jeu avec la duplicité des Ghostfaces dans son final sanglant.



En proposant d’écrire sa propre légende en prenant l’héritage de la saga de Wes Craven, Bettinelli-Olpin et Gillett proposent de dévier la franchise vers un opus unique en guise de suite à leur précédente installation. Leurs protagonistes (notamment le très attachant  » Core Four « ) et les personnages secondaires qui gravitent autour des meurtres de ce nouveau Ghostface dictent désormais le rythme de Scream sans jamais évincer ce qui fait le grain de sel de la saga. Le commentaire méta, toujours présent notamment dans la brillante scène d’introduction qui vous vaudra quelques sursauts de surprise (on aime éperdument voir Ghostface tuer en hurlant « Fuck the movies ! « ), permet l’expansion de la saga vers la dissection de ses personnages – au risque de perdre sur le chemin les fans des quatre premiers volets qui n’auraient pas aimer la proposition du 5ème. Ghostface est plus cruel que jamais, plus sadique et plus singulier, et propose un jeu du chat et de la souris jouissif et mené tambour-battant qui s’éclate dans la dissolution de ses propres règles pour rendre le spectacle toujours plus imprévisible. La Big Apple a réussi à Scream, et propose à ses deux quatuors de tête (celui derrière la caméra et celui à l’écran) un massacre bien huilé en plein Halloween suffisamment débridé pour faire rouler à pleine vitesse la mécanique de la saga.

Titre original: SCREAM VI

Réalisé par: Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett

Casting: Roger Jackson, Melissa Barrera, Courteney Cox …

Genre:  Epouvante-Horreur

Sortie le: 8 Mars 2023

Distribué par : Paramount Pictures France

TRÈS BIEN

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