Critiques Cinéma

PRISON 77 (Critique)

SYNOPSIS : Espagne, 1977 : à la fin du franquisme, le pays vit l’un des plus grands moments de liberté de son histoire. Mais le passage à la démocratie ne change rien dans les prisons. Le jeune comptable Manuel risque une peine de 6 à 8 ans pour détournement de fonds, une sanction disproportionnée par rapport au crime commis. Avec son compagnon de cellule, Pino, il s’associe au COPEL, un collectif qui lutte pour les droits des prisonniers de droit commun et demande l’amnistie. Commence alors une véritable révolution qui bouleversera le système carcéral espagnol. Inspiré de faits réels, ce thriller est un récit sur l’amitié, la solidarité et la liberté. 


On le sait depuis longtemps, quand une série rencontre un succès mondial, elle propulse ses acteurs/actrices au premier plan. Véritable rampe de lancement pour leur carrière sur le plan international, il n’en reste pas moins très difficile pour eux de confirmer l’essai. En effet, ils sont souvent identifiés et cantonnés à interpréter le même type de rôle, il est difficile de les imaginer dans un autre registre. Passé du petit au grand écran est un pari plus ou moins risqué, qui peut s’avérer payant (à l’instar de Will Smith et Jennifer Aniston) ou être vécu comme une véritable désillusion (Sarah Michelle Gellar ou Frankie Muniz peuvent en témoigner). C’est dans cet optique là que le réalisateur Alberto Rodríguez a décidé d’offrir le premier rôle de son nouveau film à Miguel Herrán, connu pour ses apparitions dans les séries La casa de Papel et Elite. Il obtient ici l’opportunité de s’imposer sur la scène cinématographique espagnole avec un rôle diamétralement opposé. Il n’est ni question de braquage, ni de lycéen mais bien d’un drame carcéral historique.


Le réalisateur de La isla mínima et Les septs vierges décide de s’entourer de son scénariste de confiance en la personne de Rafael Cobos. Ce dernier déclara : « En 1977, l’Espagne a vécu l’un des plus grands moments de liberté de son histoire. Mais la transition vers la démocratie, cet espace idyllique entre ténèbres et espoir, avait décidé de passer à côté des prisons espagnoles. Cela doit être dit « . De ce fait, le film arbore la transition démocratique de l’Espagne de 1975 à 1982, période phare dans laquelle s’est forgée l’Espagne moderne. Plus précisément, le film s’étend de la mort de Francisco Franco jusqu’à peu de temps avant la ratification de la Constitution espagnole. En 1977, un jeune comptable prénommé Manuel (Miguel Herrán) est envoyé au pénitencier « La Model « de Barcelone en attendant son procès pour détournement de fonds. Il risque une peine de prison disproportionnée par rapport à son crime, entre 10 et 20 ans de prison. En octobre 1977, 2 ans après la mort de Franco, l’Espagne adopte une loi d’amnistie, protégeant les Espagnols contre les poursuites pour violations des droits de l’homme commises pendant la guerre civile jusqu’en 1976. A la « Model », Manuel rejoint un groupe de détenus qui se battent pour obtenir cette amnistie. Il va alors s’ensuivre une véritable rébellion.


Après un très bon début de film, le film s’essouffle lentement et ne semble pas être en mesure d’aller jusqu’au bout de son analyse sur les imperfections et la remise en cause du système carcéral. La dernière demi-heure s’adonnant à nous offrir une fin plus « hollywoodienne « . On peut également reprocher au film un manque de réalisme et de sérieux sur le comportement des gardiens, on dénote une certaine facilité avec laquelle les détenus arrivent à les manipuler, ces derniers semblent ne faire preuve d’aucune autorité. On regrette aussi le manque de profondeur dans le développement des personnages secondaires. L’histoire est nourrie par divers personnages qui sont enfermés avec Manuel, mais malgré les deux heures de film, les causes de leurs enfermements restent floues, on ne sait presque rien de leur passé, ce qui rend l’attachement à ces personnages très difficile. Malgré cela, le film corrige ces quelques défauts de profondeur des personnages par son scénario puissant et passionnant. Son casting exceptionnel y est aussi pour beaucoup, notamment grâce à Javier Gutiérrez. Après avoir réalisé des thrillers étouffant au rythme effréné (La isla mínima et groupe d’élite), Rodríguez cède la place au genre carcéral pour parler des droits de l’homme et réfléchir sur le sens des prisons dans les années 1970-1980. Il livre ici un excellent travail de mise en scène porté par un très bon scénario, le tout avec quelques scènes captivantes, notamment un clin d’œil au film Le trou de Jacques Becker (1960).

Titre original: MODELO 77

Réalisé par: Alberto Rodriguez

Casting : Miguel Herrán, Javier Gutiérrez, Jesús Carroza …

Genre:  Drame

Sortie en VOD: 25 mai 2023

Distribué par : –

TRÈS BIEN

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