Critiques Cinéma

LE LIVRE DES SOLUTIONS (Critique)

SYNOPSIS : Marc s’enfuit avec toute son équipe dans un petit village des Cévennes pour finir son film chez sa tante Denise. Sur place, sa créativité se manifeste par un million d’idées qui le plongent dans un drôle de chaos. Marc se lance alors dans l’écriture du Livre des Solutions, un guide de conseils pratiques qui pourrait bien être la solution à tous ses problèmes…

Le réalisateur Michel Gondry est incontestablement doté d’un HPA : Haut Potentiel Artistique, tant il sait être prolifique, un vrai découpeur, dessinateur, musicien, clipper, cinéaste, un créateur total. Il a juste travaillé avec Björk, les Stones, Radiohead, Daft Punk… Et évidemment, on lui doit entre-autres l’inoubliable Eternal Sunshine of the spotless mind en 2004, multipliant les trouvailles scénaristiques et formelles, folles autant que bouleversantes. Il use aussi de surréalisme dans des œuvres plus confidentielles. Avec un tel artiste, tout est finalement possible. Le pitch du Livre des solutions laisse à penser à un caractère forcément autobiographique que Michel Gondry a d’ailleurs concédé, avec le réalisateur Marc, dans le chaos permanent des ses millions d’idées. Rôle confié à Pierre Niney, l’égérie nationale, pour qui Gondry incarne le cinéaste de ses rêves. Disons-le tout de suite, à l’image aussi bien du réalisateur Michel Gondry derrière la caméra que Marc devant celle-ci, Le livre des solutions est un laboratoire d’idées géniales. C’est un génie au travail. Et quand Gondry filme Marc, il sait exactement de quoi il parle. C’est un effet parabole redoutable sur la folie créative. A chaque seconde son inventivité. C’est totalement foutraque, éminemment poétique, c’est la tendresse de l’absurde, l’amour du burlesque. Les dialogues sont des vannes qui claquent et qui résonnent, magnifiés par le non verbal, des plans fous et toujours inattendus, des arrières plans ou chaque micro-détail est un livre. A un moment, avant de partir à Paris pour son film, Marc veut faire un dernier cadeau à sa tante Denise, en se rendant dans sa chambre en pleine nuit… Il se dit tout à coup que comme c’est sa tante par alliance, c’est bon, ce n’est pas un inceste !!!

Quand Marc pense quelque chose, il le fait, ce qui n’est pas sans créer des surenchères de drôleries et des grands moments de démence. Dans Le livre des solutions, tout est tout le temps possible, même l’impensable. Être surpris au cinéma, où chaque plan est un nouveau monde est une jubilation ultime de salle obscure. Marc est colérique, obsessionnel, perpétuellement fantasque et son imprévisibilité jubilatoire rythme les rebondissements permanents d’un film délirant et foisonnant. Marc, dans la même minute veut impérativement que son assistante qu’il réveille toutes les nuits, contacte le directeur du Super U local, sans raison apparente mais juste car il est persuadé que ce lien portera bonheur au film, mais aussi qu’elle se mette en lien avec les attachés de presse de Sting pour assurer la bande originale de son film. Y parviendra-t-il ? Gondry connait du monde, donc après tout…

Au-delà de ses formidables fulgurances, le film que Marc, génie incompris, a tourné dure 4h07 et pour la première projection dans le garage de sa tante Denise, devant tout le village des Cévennes, le maire y compris, tout le monde va s’endormir !! Ce qui n’est guère étonnant au regard ne serait-ce que de la première scène, où il s’agit d’une sorte de souris géante, forcément mal dessinée, qui poursuit un passant anonyme !! Et puis c’est aussi le paisible cadre bucolique et verdoyant des Cévennes qui va servir de chatoyant et onirique décor naturel à l’héroïque frénésie de Marc. Le voir s’y agiter joue sur les contrastes et valorise autant la folie du cinéaste que la pureté très verte de ce sublime environnement. On retrouve un casting embarqué par l’énergie de Gondry, autant que celle de Marc, mais comme c’est un peu la même… Blanche Gardin est parfaite dans le rôle de Charlotte, la monteuse du film, en permanence sur la brèche, au bord de la crise de nerfs, car le premier réceptacle de l’aliénation de Marc. Elle joue à plein celle qui est constamment désabusée, qui demande sans arrêt des excuses pour les outrances de son réalisateur. Son exaspération traverse l’écran. Frankie Wallach est une Sylvia dans le même registre que Blanche Gardin, en essayant toujours de tempérer Marc, et pour le coup, c’est son abnégation qui nous touche. Françoise Lebrun réussit pleinement son pari en quelques mots : elle est la tante Denise des Cévennes qu’on rêverait tous d’avoir !! Elle est aimante, chaleureuse et jamais dupe des psychotiques extravagances de son neveu chéri. On l’adore !!

Et alors Pierre Niney !! Quel numéro. Lui qui rêvait de Gondry, joue le rôle de son idole avec un déferlement de dingueries dans son jeu. Il est survolté, n’en fait jamais trop, ce qui pouvait être le piège, mais se situe toujours dans la parfaite justesse qui à trait à son personnage. C’est un immense numéro pour un immense acteur. Définitivement, heureusement qu’on l’a. Pierre, on l’aime pour toute la vie. Le livre des solutions, c’est du très grand et du très bon Gondry. Il y met toute sa verve et repeint la vie dans d’hallucinantes couleurs de jouissance cinéphile. Le livre des solutions, c’est la promesse d’un moment hors du temps, d’éclats de rires constants, d’une immense joie de cinéma.

Titre Original: LE LIVRE DES SOLUTIONS

Réalisé par: Michel Gondry

Casting : Pierre Niney, Blanche Gardin, Camille Rutherford, Frankie Wallach

Genre: Comédie dramatique, Drame, Comédie

Sortie le : Prochainement

Distribué par: The Jokers / Les Bookmakers

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