Critiques Cinéma

LA LEÇON DE PIANO (Critique)

SYNOPSIS: Ada, mère d’une fillette de neuf ans, s’apprête à partager la vie d’un inconnu, au fin fond du bush néo-zélandais. Son nouveau mari accepte de transporter toutes ses possessions, à l’exception de la plus précieuse : un piano, qui échoue chez un voisin illettré. Ne pouvant se résigner à cette perte, Ada accepte le marché que lui propose ce dernier : regagner le piano, touche par touche en se soumettant à ses fantaisies…

Tout à la fois gracieux, élégant et majestueux. Du grand cinéma, façon fresque affective grandiose, avec une évidente débauche de moyens, mais aussi une exigence scénaristique et littéraire puissante. Dès les premières images, La leçon de piano, c’est l’esthétisme de la photographie avec cette lumière feutrée mains pénétrante. C’est aussi la poésie sonore, où chaque son offre sa pureté, la mer, le vent, et bien sûr chaque note d’un piano dont le moindre son semble déjà nous atteindre comme jamais jusqu’alors. La leçon de piano, c’est aussi et surtout ce portrait de femme si forte par-delà les apparences par une autrice si talentueuse, un portrait bouleversant de sensibilité et qui s’impose comme un modèle du genre. Ada va imposer ses volontés dans cette époque victorienne, en permettant à ses fêlures de devenir des forces. Son silence contraint devient un son quasi autoritaire. Un véritable film féministe qui mêle sensibilité, grâce et puissance, dans un univers de littérature gothique. C’est Ada face aux hommes à et à leurs faibles aspirations, c’est Ada face à un territoire inconnu, c’est Ada face à l’immensité de la mer, c’est Ada pour l’éternité.


Palme d’or en 1993 au Festival de Cannes, qui célébrera sa réalisatrice, Jane Campion, première femme à recevoir le prestigieux prix. Une femme forte qui filme une femme forte. Comme une évidence. Autre sacre, Holly Hunter se verra décerner le prix d’interprétation féminine la même année sur la croisette.  « Je n’avais pas besoin de parler, je pouvais inscrire des pensées en lui comme sur une feuille « . C’est ici la folle alchimie de l’amour. A défaut du son d’une voix, c’est la parole du cœur et des émotions qui se font entendre, à travers les traits de douceur et de douleur dAda, mais aussi le son si précieux de ses silences et celui, déchirant de son piano. Chaque touche du piano devenant un objet de désir, telle une allégorie de l’urgence à prendre le risque du plaisir et de l’amour, face à des destins qui défilent toujours trop vite. Ils vont bruler les regrets et s’aimer follement jusqu’au danger ultime de la perte. La leçon de piano, c’est cette ode inoubliable et incomparable au romantisme, avec des jeux érotiques et amoureux qui viennent impacter tout en empathie le spectateur jamais voyeur, mais toujours troublé.


C’est aussi la fièvre des corps, le désir brulant et l’amour paralysant. L’autre ne devient presque plus que souffrance. Même présente, la peur de son départ est une terrible déchirure, une indélébile meurtrissure. C’est l’irrationalité de l’amour qu’on ne choisit pas, et la violence du sentiment envahissant. Plus rien ne compte, tout est dérisoire et inutile, seul compte son battement de cil… Jane Campion filme sublimement ses formidables amants maudits, Holly Hunter et Harvey Keitel, les corps sensuels dans la découverte de leur propre désir, pour un couple devenu passionnel et iconique. L’embrasement de leurs corps, dans le huis clos de leur sanctuaire amoureux vient contraster avec la pureté originelle de la nature néo-zélandaise, entre mer et forêts. Tout est lyrisme et poésie.  La folie amoureuse qui fait tourner le monde, la musique ensorcelante de Michael Nyman, la puissance du symbolisme de l’image, des interprètes habités par leurs rôles, La leçon de piano est devenue indispensable au cinéma.


Holly Hunter a pratiquement assuré elle-même toutes les séquences musicales dans lesquelles on voit son personnage jouer du piano. C’est à l’image de la performance artistique totale de l’actrice, qui transforme ici tout en or, et dont la force comme la sensualité irradient l’écran véritablement à chaque seconde, et en font un personnage inspirant pour encore quelques siècles à venir. Anna Paquin, dans le rôle de Flora, la fille d’Ada, qui a bien grandit depuis, est ici la parfaite alliée de sa mère, sans en être non plus le simple prolongement. Le mimétisme de la détermination maternelle est cinglant. Comme si Holly Hunter coulait dans ses veines… Sam Neill est un véritable battant dans le rôle de celui qui n’est pas aimé. Il est touchant d’une forme d’abnégation, dans des colères le plus souvent froides. Harvey Keitel est comme transcendé. Véritable caméléon, avec lui tout est possible, tout est force. Il en fallait pour faire face au génie du jeu de sa divine partenaire. Il est l’indispensable double de celle qu’il aimera à jamais. Il est de ces films qui compteront éternellement. Tout est art dans ce chef-d’œuvre…

Titre Original: THE PIANO

Réalisé par: Jane Campion

Casting : Holly Hunter, Harvey Keitel, Sam Neill …

Genre: Drame, Romance

Sortie le : 19 mai 1993

Distribué par: –

5 STARS CHEF D'OEUVRECHEF-D’ŒUVRE

 

 

 

 

 

 

 

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