AKA (Critique)

Par William François le avril 28, 2023 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS : Adam Franco est un agent infiltré, effectuant le sale boulot partout où il est nécessaire. Sa nouvelle mission, intégrer une organisation mafieuse en France pour déjouer un attentat terroriste imninent dans la capitale.

Après avoir confirmé sa place de pointure du cinéma d’action français contemporain avec le diptyque Balle Perdue (qui n’attend qu’une suite), Netflix met à nouveau la lumière sur Alban Lenoir au sein de leur nouvelle production 100% muscles et balles qui fusent. Avec cette nouvelle proposition, la plateforme confirme à nouveau sa volonté de dynamiter l’action bleu blanc rouge en lui offrant une place bienvenue dans le paysage audiovisuel. Aka suit le personnage d’Adam Franco, un ancien criminel recruté par les services secrets français pour mener des opérations sensibles partout à travers le monde – lorsque le gouvernement ne peut plus agir légalement. Alors qu’une attaque terroriste secoue la France, ses supérieurs l’envoient en mission d’infiltration au sein du business tenu par Victor Pastore, un ponte de la mafia locale, pour tisser une relation de confiance avec lui afin de lui soutirer des informations. Mais la loyauté et les valeurs d’Adam vont être mis à rude épreuve quand il comprend que cette histoire est bien moins évidente qu’il ne le pensait, surtout lorsqu’il s’attache malgré lui au jeune fils de Pastore. Mis en boîte par Morgan S. Dalibert (réalisateur de la websérie Les Emmerdeurs, et directeur de la photographie des deux Balle Perdue), qui co-écrit le scénario en collaboration avec sa star Alban Lenoir, Aka se la joue actioner nerveux qui carbure à la testostérone et aux bastonnades clandestines avec jubilation et grand talent. Si Balle Perdue a réussi à se placer dans le paysage ciné français avec ses cascades mécaniques et ses envolées chorégraphiques, Aka monte d’un cran en faisant gonfler la carrure de Lenoir et en démultipliant la violence graphique à un rythme tenu tambour battant. Le film se sert de son intrigue, quelque peu prétexte à la baston tout en gardant un vrai intérêt pour la construction de ses personnages, pour déchaîner les partis pris esthétiques et les chorégraphies impressionnantes dans l’unique but de donner un pur produit de divertissement, à la fois narrativement intelligent et diablement efficace.

S’il paraît un peu s’éterniser en fin de parcours (dû à un scénario à tiroirs qui multiplie les enjeux et les scènes aux enjeux climatiques), Aka fait un job tout à fait honorable avec un aplomb et une détermination jouissive et toujours très bien tournée. Les quelques hésitants qui seront restés de marbre face à l’action des deux volets de Balle Perdue trouveront à coup sûr leur compte dans ce beau bébé de 2h, à la fois thriller terriblement nerveux et produit d’action simplement bourrin.

En tête de gondole (et avant de reprendre pour Disney+ son rôle dans la suite d’Antigang), Alban Lenoir est énorme dans la peau de ce Adam Franco, bras armé sans foi ni loi qui voit ses émotions ressurgir sous l’adversité. Il est absolument impeccable de bout en bout, à la fois dans les séquences d’émotions où le personnage se connecte aux autres comme dans les purs moments de castagne qu’il gère avec un talent indéniable et une puissance rare à l’écran en France. Face à lui, Aka se dote d’un « parrain « sous les traits d’Eric Cantona, très convaincant dans un rôle quasiment taillé sur mesure, alors que Thibault de Montalembert joue le patron en zone grise. On retrouve également les excellents seconds rôles de Sveva Alviti, Lucille Guillaume, Kevin Layne, Philippe Résimont et Saïdou Camara, entrecoupés par le duo en planque incarné par Vincent Heneine et Nathalie Odzierejko, au sein d’un casting ample donnant une texture très radicale à un film qui tape dans le dur.

Aka est une réussite du genre qui déploie ses cascades mécaniques, ses chorégraphies violentes et ses nerveuses séquences de fusillades au service d’un actioner jouissif à souhait aux belles ambitions. Avec un Alban Lenoir en quasi-John Wick français à la tête de cette jolie bombe de style aux effets particulièrement efficaces, Dalibert signe une mise en scène sèche, détonante, créative et constamment au rendez-vous de ses promesses. Aka est un pur produit de grand divertissement, qui assume entièrement ses traits grossis, ses excès en tout genre et l’imperméabilité balistique de son personnage principal, pour bâtir une très sympathique épopée mafieuse et politique qui assoie encore Lenoir à la tête de son art.