SYNOPSIS: Cinq ans après le lycée, Tereza recroise un ancien camarade qu’elle aurait préféré oublier…
A compter de ce 28 avril, vous pourrez découvrir en ligne sur arte.tv la mini-série tchèque Five Years. Découpée en dix épisodes d’une quinzaine de minutes chacun la série confronte un homme (David) à une femme (Tereza), cinq ans après le lycée, lorsque Tereza accuse son ancien camarade de l’avoir violée quelques années plus tôt. La série était en compétition Formats courts cette année à Séries Mania. Dès le départ le postulat est posé sur la table : Tereza (Alžběta Malá) croise par hasard David (Samuel Toman) dans la rue alors qu’elle est sur le chemin pour aller rencontrer une éditrice au sujet d’un projet de livre sur lequel elle travaille. David, solaire et heureux de la revoir après toutes ces années, semble tout à fait sincère et normal vis-à-vis d’elle. Cette rencontre impromptue va réanimer les blessures du passé, de toute façon jamais guéries, puisque Tereza juge avoir été violée lors de la fête du lycée. Elle décide de le recontacter pour le mettre face à ses responsabilités mais David semble tomber de haut : pour lui Tereza affabule totalement et souhaite gâcher sa vie pour de mystérieuses raisons.
L’échauffourée prend une tournure encore plus grave lorsque l’éditrice de Tereza arrive à la convaincre de raconter son histoire dans un livre à la place du projet initialement prévu (et qui ne semble guère emballer l’éditrice comparé à ce nouvel évènement croustillant porté à son attention). Un ouvrage où Tereza citera ouvertement le nom de David. Débutent alors des allers et retours entre passé et présent afin de démêler le vrai du faux. Chaque épisode revient donc (avec parcimonie) cinq ans en arrière pour nous montrer la rencontre des deux anciens camarades, jusqu’au moment fatidique à priori vécu par Tereza. La série n’aborde pas le sujet de façon linéaire : au-delà de la temporalité, de nombreux facteurs entrent en jeu. En effet, le soir de la fameuse soirée, Tereza, clairement attirée par les femmes, a jeté son dévolu sur David après avoir été « recalée « par une camarade avec qui elle avait eu une aventure. Le spectateur se dit alors qu’elle avait déjà choisi David pour de mauvaises raisons ce qui complexifie la donne.
Petit à petit la vie des deux protagonistes se dévoile. Au-delà du passé, ces derniers ont des choses à perdre dans le présent. Surtout David à vrai dire, qui a trouvé sa future femme avec qui il compte prochainement se marier. Pour Tereza c’est plus compliqué, elle qui semble fermée émotionnellement et qui fréquente en cachette une jeune femme qu’elle traite égoïstement davantage comme un objet que comme une partenaire. L’existence d’un futur livre amène de nouveaux sujets sur la table : avant de le sortir, il faut « teaser » publiquement l’histoire de Tereza selon son éditrice. C’est la chose à faire pour le marketing, c’est certain : Tereza doit aller s’épancher sur les réseaux sociaux et comme ça quelques mois plus tard, le livre pourra bien se vendre. Mais est-ce la bonne solution pour avancer et se reconstruire ?
C’est donc l’histoire d’une destruction passée, présente et à venir, où l’étau se referme sur chacun, sans que nous ne sachions (du moins avant la fin) si c’est pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Ce qui semble certain c’est que l’un des deux ment ou n’a pas vécu la situation de la même façon que l’autre. Grâce à son format accessible et à son ton juste et sobre malgré un sujet qui peut facilement faire une sortie de route, Five Years s’en sort très bien. On s’attache aux personnages (le casting est très bon), on souhaite vraiment savoir ce qui s’est passé à la fin des années lycée de Tereza et David et surtout le dénouement est à la hauteur de ce qui a été tissé au fil des dix épisodes : dans une telle histoire il n’y a pas de « gagnant « ou de « perdant « , car tout le monde y laisse, au moins psychologiquement, des plumes. Nous vous recommandons donc d’y jeter un œil car Five Years est une oeuvre pertinente, pas manichéenne et en plus avouons-le, nous avons peut-être rarement l’occasion de regarder une série tchèque.
Crédits : Arte