SYNOPSIS: Après les attentats à la bombe de 2016 à Bruxelles, une policière affectée à la sécurité de l’aéroport a pour mission de restituer aux familles endeuillées les effets personnels des victimes.
Coproduite par la télévision flamande avec Arte France, Lost Luggage aborde un sujet délicat mais aussi difficile : celui des attentats à la bombe qui ont eu lieu en 2016, en plein aéroport, à Bruxelles. Elle suit la vie d’une policière, Samira, (interprétée par la très crédible et charismatique Lara Chedraoui) affectée à la sécurité dudit aéroport, témoin des explosions, qui va tâcher de se reconstruire tout en effectuant une mission d’utilité publique consistant à restituer aux victimes ou aux familles endeuillées tous les effets personnels abandonnés ou retrouvés dans l’aéroport. La série (composée de six épisodes) débarque ce soir sur Arte et sera diffusée d’une traite. Fort heureusement, pour celles et ceux qui ne pourront pas assister au grand chelem, le programme sera disponible jusqu’au 26 mai prochain sur arte.tv
La série débute lors d’un premier épisode, assez plat il faut bien le dire, qui s’ouvre sur la vie quotidienne dans ce qu’elle a de plus banale, avant les fameuses explosions. Le problème majeur de cette proposition est que lorsque surviennent les explosions, rien ne va à l’écran ; le rythme, le montage, le côté expéditif des choses…on se dit que ce fameux évènement aurait mérité d’être plus percutant à l’écran, tout en gardant sa sobriété. C’est d’ailleurs le sentiment qui semble se diluer tout au long de l’épisode : percevoir les choses de loin, privés d’un affect que nous nous sentons pourtant obligés de ressentir. Un drôle de sentiment qui ne donne pas nécessairement envie, sur le moment, d’enchaîner sur la suite des épisodes.
Fort heureusement, cette première pièce n’est pas forcément représentative des segments qui suivent. La série semble d’ailleurs prendre un rythme de croisière dès son deuxième épisode en proposant un schéma qui va devenir son concept. Chaque épisode va ainsi mettre en scène quelques victimes des attentats avant et après l’explosion. L’idée tient plutôt bien la route même si le traitement est perfectible. La série peine par exemple à trouver son équilibre lors des quelques moments qui se passent avant les explosions : mièvres, forcées, à côté de la plaque…ces scènes sont bien sûr présentes pour humaniser les futurs protagonistes de l’épisode et marquer la rupture avec leurs vies d’après mais elles se dévoilent flagramment poussives. La fameuse vie » d’après « , qui compose de toute façon la grosse partie des épisodes, est plus intéressante.
Samira se retrouve donc au sein d’un gigantesque hangar rempli de valises afin de trier, localiser et restituer les effets personnels délaissés aux victimes qui ont survécu ou à leurs proches. Une peluche, un téléphone, une montre, un skateboard…à chaque fois un focus est fait sur un objet à retrouver et dont la localisation précise revient souvent à chercher une aiguille dans une botte de foin. Le prétexte idéal pour s’intéresser aux victimes directes, leur psychologie (vaguement toutefois), leurs réactions (certaines ont survécu mais ont par exemple perdu des jambes…) mais aussi aux comportements de leurs proches qui n’étaient pas forcément présents lors des explosions mais pour qui le monde a tout de même basculé.
En parallèle nous suivons en filigrane les retombées directes des récents évènements sur Samira. Alors que tout semblait lui sourire avant les explosions (elle avait appris qu’elle était enceinte), tout s’écroule. Le choc psychologique est immense, son corps lui fait aussi défaut et elle prend vraiment à cœur d’accomplir sa mission auprès des possesseurs d’objets du hangar, quitte à s’oublier elle-même. Le hangar, on le comprendra petit à petit, c’est aussi l’endroit où Samira se sent dorénavant » chez elle « , prisonnière de ce fameux moment dans l’aéroport qui a changé la donne.
On peut le dire, la série se laisse assez aisément suivre à compter de son deuxième épisode. Nous sommes effectivement plutôt curieux de découvrir où elle va nous mener, même si on ne peut s’empêcher de toujours ressentir une forme de distance, de froideur ou de manque vis-à-vis des portraits brossés. Il existe une défaillance dans l’écriture, un manque de sincérité ou d’humanité, ou peut-être trop d’artificialité du côté du traitement des victimes. Le tout parait obéir à un cahier des charges fonctionnel ayant pour but de développer un concept peut-être trop rigoureusement. A découvrir toutefois pour les curieuses et curieux…mais nous ne sommes pas certains que binge watcher les six épisodes d’un coup emballe les foules.
Crédits : ARTE