SYNOPSIS : Lorsque Rita Repulsa revient, les Power Rangers sont les seuls à pouvoir l’arrêter ! Mais trente ans ont passé : sont-ils encore les héros dont le monde a tant besoin ?
Annoncé il y a déjà quelques temps, l’épisode spécial visant à célébrer les 30 ans de la franchise Power Rangers vient tout juste de débarquer sur Netflix. Une journée que nous attendions impatiemment depuis longtemps mais dont nous craignions de ne pas pouvoir profiter immédiatement. Contrairement à la sortie de cet épisode, l’actualité récente de Power Rangers n’a pas été des plus heureuses avec la disparition brutale en novembre dernier de Jason David Frank, l’emblématique Tommy Oliver des Power Rangers. Une disparition sur laquelle nous souhaitions écrire, JDF méritant incontestablement un bel hommage, mais que nous avons remis à plus tard tant le choc de son décès fut rude pour nous ; ce n’est que partie remise car même s’il n’est plus parmi nous, Legend of the White Dragon marquera la dernière apparition de JDF et perpétuera un peu son œuvre en 2023. Once & Always demeure de toute façon déjà un hommage à la licence Power Rangers (et plus précisément, même si pas que, à la génération Mighty Morphin) mais aussi aux interprètes (indissociables de leurs personnages) emblématiques…dont certains ont connu un sort tout aussi funeste que celui de JDF. C’est pourquoi Once & Always décide de s’attarder sur celui de Thuy Trang (Trini Kwan), qui jouait le tout premier power ranger jaune avant de décéder tragiquement à 27 ans dans un accident de voiture. Le voyage « hommage » de cet épisode est à double lecture et c’est aussi ce qui fait sa force car c’est tout à fait de cette façon qu’il a décidé de traiter ce revival.
Dès les premières minutes, et comme nous l’avions déjà entrevu dans la bande annonce, le décès de Trini est intégré à l’intrigue. Et pas de façon basique : Tandis que Rita est de retour sous forme robotique, Trini, sous son casque de Power Ranger, décède sous nos yeux en se sacrifiant pour sauver Billy. Une façon adulte de traiter sérieusement le propos de départ en s’adressant à une génération qui souhaite voir mûrir la licence avec laquelle elle a grandi. Once & Always a eu l’intelligence de savoir correctement cibler les éléments à ramener et ceux à exclure, afin de faire des clins d’œil appuyés et agréables qui ne virent pas non plus à un festival sans queue ni tête comme cela pouvait être le cas d’épisodes anniversaires de certaines saisons, avec des armées de Power Rangers qui n’avaient absolument pas le temps d’exister à l’écran. Jason David Frank (l’épisode a été tourné avant sa disparition) et Amy Jo Johnson n’ayant a priori pas voulu être de la partie pour des raisons qui leur appartenaient, c’est donc sur Billy (David Yost), Zack (Walter Emanuel Jones), Rocky (Steve Cardenas) et Katherine (Catherine Sutherland) que la Terre doit compter pour être sauvée des forces du mal. Cette troupe de vétérans est accompagnée d’une petite nouvelle en la personne de Minh (Charlie Kersh), la fille de Trini, bien décidée à venger sa mère. Que vous soyez fan de la première heure ou juste un nostalgique de passage, l’épisode remplira sûrement son rôle, voulant à la fois être un melting-pot de ce qui faisait les saisons concernées par ce revival (les vannes un peu potaches, le juice bar, les valeurs incarnées par les Power Rangers, la voiture de Billy…) tout en essayant d’être assez respectueux (de façon très macro) de la mythologie du show. C’est ainsi que nous découvrons comment tout a commencé : en souhaitant ramener Zordon (qui pour rappel s’était sacrifié dans un épisode absolument incroyable de Power Rangers in Space, sûrement la meilleure saison de toute la série) Billy a fait ressurgir Rita. Heureusement l’épisode n’a pas souhaité démystifier gratuitement ce qui avait été fait et est resté sobre dans les éléments mis en avant afin de ne pas les dénaturer.
L’épisode est loin d’être exempt de défauts. Sa durée est trop courte : cinquante minutes ça passe vite. Trop vite. Certes l’ensemble est habilement écrit (n’hésitant pas à utiliser flashback et ellipse lorsque cela s’avère nécessaire), évite de perdre du temps avec des séquences inutiles et demeure plutôt bien écrit (même si les dialogues ne sont pas toujours d’une grande finesse) mais plus on approche de la fin et plus on sent que tout s’enchaîne : le combat au Megazord par exemple. Bien sûr lorsque nous étions plus jeunes, les séquences de combat au Megazord étaient devenues imbuvables, recyclées en boucle, répétitives à souhait…mais là c’était un plaisir de revoir cela traité sous un nouvel angle…malheureusement expéditif. Les apparitions d’Adam (Johnny Yong Bosch) et Aisha (Karan Ashley) sont aussi un peu bizarres : sans être de simples caméos, leur présence n’est jamais exploitée. A moins que l’épisode ne soit un test grandeur nature pour construire de nouveaux épisodes derrière, en introduisant des pièces du puzzle ici et là. D’autres éléments restent après tout en suspens, comme les fameux souvenirs entraperçus par Minh grâce à son morpher.
Once & Always s’avère donc véritablement respectueux de tout ce qu’il touche et propose enfin un équilibre acceptable pour les fans de la première heure, entre passé, présent et avenir (bon avouons-le nous aurions quand même pu nous passer de la virée en voiture solo de Minh…). On sent toutefois la timidité des scénaristes et de la production à s’engouffrer pleinement dans la brèche dans la mesure où l’épisode aurait pu davantage pousser le curseur « émotions » de son histoire (Trini est morte…il y avait matière à écrire des dialogues plus percutants). L’hommage est joli, sincère, mais les dialogues et le ton demeurent encore trop aseptisés. On regrettera aussi un peu la rigidité du casting global et de plusieurs plans qui ne le mettent pas en valeur…mais nous comprenons bien aussi que la plupart des actrices et acteurs présents n’avaient pas remis un pied sur un plateau de tournage Power Rangers depuis de très longues années et que cela n’a sûrement pas été facile. Walter Emanuel Jones vole globalement la vedette à tout le monde, tout en étant également le seul à proposer des choses à l’écran : de la tristesse, de la tendresse, de la danse en plein combat…c’est le seul à dégager quelque chose juste au-delà de sa simple présence.
Est-ce que nous sommes heureux de cet épisode ? Oui ! Est-ce qu’on en attendait plus ? Pas tellement. Nous déplorerons juste le manque de surprises, la promotion de la série ayant plus ou moins révélé de façon exhaustive les grandes lignes sur lesquelles nous pouvions gamberger. Est-ce que nous souhaiterions une suite ? Mille fois oui ! (mais seulement si la qualité de production reste à minima aussi bonne que celle de cet épisode). En espérant que Once & Always ait du succès et donne l’opportunité à la licence d’étendre cet hommage vers l’avenir, lui qui propose de sérieuses pistes à explorer et ici juste effleurées. Pas facile toutefois de créer une nouvelle perspective exploitable dans la mesure où les comics ont développé la mythologie et qu’un film est prévu pour le cinéma…mais on a envie d’y croire. A dévorer sur Netflix.
Crédits : Netflix France