SYNOPSIS : Le monde de la gastronomie et du savoir-boire est en deuil : Alexandre Léger, créateur du célèbre Guide des vins Léger et figure tutélaire de l’œnologie, vient de s’éteindre à 60 ans dans sa demeure de Tokyo. Il laisse derrière lui une fille, Camille (29 ans), qui vit à Paris. La jeune femme se rend à Tokyo. Lors de la lecture du testament, elle découvre que son père a rassemblé la plus grande collection de vins au monde. Sauf que pour prétendre à cet héritage, Camille devra affronter un jeune et brillant œnologue, Tomine Issei (29 ans également), qu’Alexandre a formé et qu’il qualifie, dans son testament, de “fils spirituel”.
Manga culte au Japon, Les Gouttes de Dieu, signé Tadashi Agi et dessiné par Shū Okimoto, raconte la rivalité qui oppose deux hommes dans le milieu de l’oenologie. Après une première adaptation en 2008 au Japon, l’oeuvre se voit dotée d’une nouvelle version franco-américano-japonaise, mélange des effluves entre Hulu, France Télévisions et Apple TV+.
Les puristes du manga seront décontenancés : point de vins d’apôtre ici ou même d’histoire 100% japonaise. Dans cette version scénarisée notamment par Quoc Dang Tran et Clémence Madeleine-Perdrillat, Shizuku devient Camille, la fille française d’un oenologue réputé, expatrié au Japon, et qui possède la plus grande collection de vins du monde. Pas de chance : quelques heures avant de pouvoir reconnecter après des années de conflit, son père décède. Mais pour prétendre à l’héritage colossal de son patriarche, Camille va devoir reconnecter avec son passé entre France et Japon face à Tomine Issei, un ancien élève austère de son père qui partage un secret troublant et plus important : prodige en oenologie.
Une fois passé le choc des grosses modifications d’adaptation, Les gouttes de Dieu s’impose vite comme une sacrée curiosité avec son portrait de femme brisée par son père, sa reconstruction via les épreuves qu’il leur impose à elle et Issei Tomine. Tout en se révélant être une initiation au vin ludique et en réussissant le difficile processus de faire sentir quelque chose au spectateur, la série reste toujours sérieuse dans son approche, presque trop dramatique par moments.
Avec quelques tropes déjà vus et connus, la série n’est pas un trésor d’inventivité mais elle sait où aller avec des interprètes principaux pleins d’humanité et un casting secondaire solide. Stanley Weber en père distant et abusif impose la dureté nécessaire à un rôle pas facile. Fleur Geffrier et Tomohisa Yamashita forment à distance un excellent duo que l’on aurait aimé voir davantage interagir ; là est peut-être la limite de la série, qui à force de séparer les deux protagonistes, ne sait pas comment les écrire correctement ensemble.
Avec sa mise en scène solide, son voyage gustatif délicieux à l’écran et son histoire captivante, Les gouttes de dieu est une excellente série qui, si elle ne respecte pas le matériau original, est une relecture intéressante d’une histoire très masculine, ici modernisée (peut-être trop), mais qui donne envie de voyager à travers les différents cépages et effluves… Avec modération, bien sûr.
Crédits: Apple TV+ / Hulu / France 2