LES ÂMES SOEURS (Critique)

Par William François le avril 11, 2023 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS: David, lieutenant des forces françaises engagées au Mali, est grièvement blessé dans une explosion. Rapatrié en France, il souffre d’amnésie et commence une longue convalescence sous le regard dévoué de sa sœur Jeanne. Dans la maison familiale des Pyrénées, entre montagnes et lacs, Jeanne tente de raviver sa mémoire, mais David ne parait pas soucieux de se réconcilier avec celui qu’il était.

Parmi les meilleurs espoirs qui font briller de belles perspectives sur le futur du cinéma francophone, André Téchiné s’est peut-être doté pour son nouveau film des deux plus évidents de leur génération. Chacun avec un César tout frais en poche (lui en 2022 pour Illusions Perdues, elle cette année pour L’Innocent), Benjamin Voisin et Noémie Merlant se partagent l’affiche des Âmes Sœurs, dans lequel ils campent ensemble un duo frère/sœur fracturé par une violente amnésie. On y suit David, un jeune soldat revenu blessé d’une embuscade alors qu’il était déployé au Mali, et l’histoire de sa convalescence. Car le jeune homme a perdu totalement la mémoire, à un tel point qu’il ne reconnaît même pas sa sœur Jeanne. Cette dernière, sa seule famille, va accueillir son frère chez elle pour l’assister, le soigner et éventuellement lui faire retrouver ses souvenirs. Téchiné dessine alors un lien fraternel entre ses deux personnages principaux sous la forme d’un drame intimiste centré sur ces humains perdus dans leur tête et dans leurs quotidiens. C’est cette relation qui dicte le tempo du film, par le biais du processus de récupération médicale auquel est sujet David. Dans la première moitié du long-métrage, Téchiné reste concentré sur ces deux âmes en peine, un frère et une sœur qui ne savent rien de l’autre et qui doivent tout réapprendre pour pouvoir à nouveau vivre ensemble. C’est alors l’occasion pour son réalisateur de dresser le portrait d’une convalescence sous le point de vue d’une femme dépassée qui occupe à la fois le rôle de l’infirmière, de la psychologue et de la sœur au chevet d’un inconnu avec le visage de son frère.

Dans cette dynamique, Téchiné vire vers le drame intimiste et paraît avoir bien du mal à déployer quelque chose d’original dans l’approche de sa mise en scène, semblant dès lors bien plate. La timidité de ce relief empêche alors le film de provoquer de réelles émotions – malgré l’attachement que l’on porte aux interprétations excellentes de Voisin et Merlant – et finit même en queue de poisson, en tirant à vide dans les quelques révélations finales qui font dérailler le long-métrage à cause d’une exécution thématiquement maladroite.

En ça, Les Âmes Sœurs fonctionne surtout dans son récit médical et dans l’approche qu’il adopte à l’égard de ses héros, privilégiant un point de vue proche des visages et à fleur d’émotions. Les quelques personnages secondaires présentés par le film – en particulier le voisin campé par André Marcon et la mairesse sous les traits d’Audrey Dana – accompagnent avec justesse la trajectoire de ces » âmes sœurs » planant au milieu de cette vallée pyrénéenne.

Mais ces quelques idées de fond semblent bien en peine pour soutenir le drame romantico-familial voulu par Téchiné, qui n’évoque pas vraiment la modernité ni l’originalité. En sort alors un résultat moyen, pas suffisamment bien tourné pour être émouvant, mais pas assez vide pour être sans intérêt non plus.