Critiques

LE POUVOIR (Critique Saison 1 Épisodes 1×01 – 1×07) Un résultat assez fade…

SYNOPSIS: Dans un monde parallèle, toutes les femmes développent le pouvoir d’électrocuter les individus à leur guise. Elles deviennent potentiellement des machines à blesser voire tuer en libérant des secousses électriques du bout des doigts…

Prenez une pincée d’Heroes, une double dose de l’auteur J.M Straczynski (Sense8, les comics Rising Stars), un bon kilo de Paper Girls et de Y, The Last Man, ajoutez-y de la poudre de The Wilds, et vous obtiendrez The Power, la nouvelle série young adult au féminin de Prime Video. Cette adaptation du roman de Naomi Alderman, qu’elle scénarise elle-même pour la télévision, se faisait attendre depuis son succès à la fin des années 2010. Il faut dire qu’avec son pitch intrigant et ses multiples points de vue, l’œuvre offrait une plongée vertigineuse dans la colère et l’envie de révolte des jeunes femmes du monde entier.

Imaginez : autour de vous, et si vous êtes vous-même une jeune femme, que vous vous découvrez du jour au lendemain des pouvoirs d’électricité. Vous pouvez électrocuter n’importe qui, gérer des appareils électriques : avoir, tout simplement et sans mauvais jeu de mots, le pouvoir avec un grand P. Au choix une utopie pour certaines ou un cauchemar pour d’autres, ce matériau est l’occasion rêvée d’aborder la condition féminine et de renverser le patriarcat mis en place. Mais comment survivre dans un monde où la soif de vengeance et de pouvoir (décidément) changent de genre ?

En épaississant le nombre de personnages pour la série, passant de 4 grands axes à une demi-douzaine environ, le pari de Naomi Alderman est risqué : trop s’éparpiller sur des histoires individuelles risque de réduire le temps que l’on consacre à des personnages plus intéressants que d’autres. Il n’est donc pas étonnant de voir le pilote de cette adaptation se focaliser sur 4 grands axes, tandis que les autres développés dans les épisodes suivants, à défaut de ne pas être palpitants, sont gérés avec moins de soin. On a donc pour nous accompagner dans cette dystopie une femme politique confrontée aux pouvoirs naissants dans sa ville et dans son foyer avec sa fille adolescente ; une jeune femme, abusée par ses parents, qui devient la prêcheuse de cette nouvelle dynamique ; une autre encore, fille de mafieux ; et enfin, un journaliste touché de près par ces apparitions électriques et qui va enquêter de son côté.

La dimension mondiale au cœur du récit est intéressante parce que les réactions à ces pouvoirs sont bien sûr différentes selon les pays et les personnages. Mais il est frappant de voir qu’Alderman met l’emphase sur des personnages ouvertement opprimés, violentés, exploités. L’intérêt de The Power, du moins dans ses débuts, est la lente montée des pouvoirs, jusqu’alors micro-événements, pour mieux faire comprendre que le basculement mondial peut arriver en un claquement de doigts – et que plus d’une femme serait heureuse que cela se produise. Saluons à ce titre la prise de risques de la série de proposer très peu de personnages féminins sympathiques, voire même carrément des méchantes pour certaines. Il est assez rafraîchissant de voir que quasiment chaque femme de la série a d’énormes défauts tout en continuant d’être chacune intéressante à suivre. Le casting y est d’ailleurs pour beaucoup : Toni Collette en politicienne aux dents longues est aussi excellente que d’habitude, mais le vrai coup de cœur est pour Halle Bush, dans le rôle intense, difficile, mais passionnant d’Allie, même si la mise en scène derrière ne suit pas tout le temps ses moments les plus marquants.

Et justement, de mise en scène, The Power en manque cruellement. En se contentant d’une approche à peu près réaliste sans la moindre nuance et sans aucune prise de risque, avec une bande-son digne d’une compilation des dernières années caricaturale, elle plonge dans tous les travers des séries qui ont emprunté le même chemin, en n’arrivant pas à caractériser chaque personnage, chaque lieu, chaque intrigue.  En résulte malheureusement, sur le finish, un résultat assez fade, jamais ennuyeux parce que bien rythmé et bien joué, mais qui manque d’âme, de personnalité. En fait, on a l’impression de voir un décalque de chaque série féminine de Prime Video mais qui, comme ses prédécesseurs, n’aura pas connu de réel engouement public ni critique.  À l’heure où l’une des plus belles séries féministes de ces dernières années (The Marvelous Mrs Maisel) se termine bientôt sur sa plateforme, Prime Video est donc à la croisée des chemins. The Power saura-t-elle déjouer l’indifférence des séries sus-nommées, ou rejoindra-t-elle le cimetière de tant d’autres séries du même acabit ?


Crédits: Prime Video

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