SYNOPSIS: Julien Delaunay a disparu sur un champ de bataille de la Grande guerre. Sa femme, Julie, ne croit pas qu’il soit mort. Et quand la presse publie le portrait d’un homme amnésique, elle est certaine de reconnaître Julien. Ils se retrouvent et réapprennent à s’aimer. Mais une autre femme réclame cet homme comme étant son mari. 

Il est affaire de doubles visages dans ce C’est Mon Homme. Car ce sont deux femmes qui balisent le rythme du film, deux comédiennes qui agissent en miroir (l’une provinciale et sédentaire, l’autre artiste parisienne) et qui donnent au troisième personnage ses deux tout nouveaux visages lorsqu’elles croient reconnaître leur amour disparu en cet homme revenu amnésique de la guerre. Leïla Bekhti, Louise Bourgoin et Karim Leklou sont les armes du long-métrage de Guillaume Bureau, un drame aux accents de comédie romantique qui possède à son tour deux visages qui de temps à autre se confondent…Car l’énergie de C’est Mon Homme, reposant sur ses trois personnages principaux et sur les relations qui naissent ou qui refont surface, bat au rythme d’une romance imposée et d’un triangle amoureux qui se construit au fur et à mesure que le personnage de Karim Leklou perçoit quelques souvenirs fugaces faire surface. Mais la question est là : s’il est tombé amoureux d’une femme une fois, sera-t-il capable d’y parvenir à nouveau après avoir perdu la mémoire ? C’est le destin que cherche à provoquer Julie Delauney lorsqu’elle ramène celui en qui elle est certaine de retrouver son mari disparu Julien, photographe de profession. S’ensuit alors un jeu de mise en scène à l’intérieur du studio photo du couple, Julie essayant de faire remonter les souvenirs de leur histoire d’amour en rejouant à nouveau leur rencontre et leurs premiers rendez-vous dans des décors minimalistes. Dans cette première partie, le film joue à la comédie romantique prenant le contre-pied du genre. L’homme ne sait pas qui il est, la femme le sait et essaye de le ramener. Mais cette idylle rêvée sera de courte durée, car une autre femme, Rose-Marie Brunet, reconnaît en  » l’homme  » son amant Victor, barman d’un cabaret à Paris.

C’est Mon Homme trouve ici ses meilleurs moments, lorsqu’il parvient à laisser la place aux émotions et aux liens qui se tissent délicatement entre ses personnages. Leïla Bekhti nourrit une interprétation solaire toute en douceur et en fragilité, permettant de construire habilement sa Julie, femme brisée par la perte de son grand amour qui trouve dans cet homme celui qui pourra se glisser dans ce que ses souvenirs de lui lui ont laissé.

Karim Leklou est aussi touchant en homme-double, figure de souvenirs et de fantasmes pour les deux femmes, qui cherche à renouer avec un passé qu’il ignore pour enfin pouvoir replanter ses racines. Louise Bourgoin trouve de son côté un rôle plus passif, qui lui permet une certaine légèreté pour accompagner la deuxième moitié du récit.

Car à l’instar du personnage de Julien/Victor, C’est Mon Homme est déséquilibré par ses ruptures et par les choix qu’il ne parvient pas à faire. Pas vraiment drame d’époque, mais pas entièrement comédie romantique, le film manque un peu le coche pour véritablement procurer des émotions à la hauteur du casting qu’il regroupe. Y reste pourtant un long-métrage doux et élégant, porté par la toujours excellente Leïla Bekhti, prenant la forme d’un portrait éphémère d’un amour qui se conclut et d’un autre qui ne fait que naître.