Critiques Cinéma

JOHN WICK : CHAPITRE 4 (Critique)


SYNOPSIS: John Wick découvre un moyen de vaincre l’organisation criminelle connue sous le nom de la Grande Table. Mais avant de gagner sa liberté, Il doit affronter un nouvel ennemi qui a tissé de puissantes alliances à travers le monde et qui transforme les vieux amis de John en ennemis. 

Nous étions présents le 10 mars dernier lors de l’avant-première de John Wick Chapitre 4 au Grand Rex en présence de Chad Stahelski et Keanu Reeves. Une soirée extrêmement généreuse où le tapis rouge a vite laissé place aux sens d’un public gonflé à bloc via une chorégraphie d’action exécutée en live (relayée sur les réseaux sociaux) sur la scène du cinéma, juste avant la projection tant attendue. John Wick est une anomalie à Hollywood. Une anomalie saine partie d’un premier opus au-dessus du lot en termes de technicité mais dénuée, du moins sur le papier, de réelle ambition ; la donne a changé dès le deuxième volet. C’est à ce moment qu’un basculement évident s’est opéré. Cet instant charnière où au-delà de compter le nombre d’assaillants abattus par John, le public a réalisé qu’il avait affaire à une proposition d’un autre acabit que ce qu’il avait l’habitude de voir. Lors d’une ère où Avatar 2 propose une prouesse technologique numérique, où Black Adam expulse une laideur scénaristique et visuelle dévastatrice et où Ant-Man et la Guêpe : Quantumania accouche d’un film ne faisant que confirmer honteusement que le MCU est à bout de souffle, à quelle branche peut-on encore se raccrocher ? Sur celle de John Wick Chapitre 4 pardi ! Malheureusement pour nous cette oasis ne sera qu’éphémère puisque malgré les rumeurs qui prolifèrent depuis quelques années, tout d’abord sur un tournage d’épisodes 4 et 5 en simultané, puis sur un épisode 5 différé et nous en passons et des meilleurs, voilà que ce chapitre 4 s’affirme comme un volet final. Une claque, une conclusion à laquelle nous avons eu du mal à croire à l’issue de la projection et pourtant elle apparaît tout à fait logique : par-delà le cheminement scénaristique qui amène John à un certain stade, il paraît évident que l’œuvre est arrivée à sa proposition qualitative absolue. Tout ne serait que redite et tout est déjà là.




En regardant en arrière, John Wick est une franchise qui a débuté mine de rien en 2014. Nous sommes en 2023, son espérance de vie est donc déjà une prouesse. Toutefois sa véritable réussite ce n’est pas sa longévité mais bien son évolution. Chaque film étant une proposition à chaque fois plus généreuse que la précédente. Nous avons un fort attachement pour le premier opus, qui prend année après année, et surtout après chaque nouvelle sortie d’un épisode de la saga, une nouvelle stature. Des origines ambitieuses pas forcément affichées mais pourtant bel et bien présentes. Le deuxième opus, plus généreux en tout est sûrement celui que nous apprécions le moins, allez savoir pourquoi. A côté de ça est arrivé le troisième volet, décevant scénaristiquement, effrayant quant à son exploitation exacerbée d’une mythologie tarabiscotée et pourtant tellement génial sur le spectacle proposé malgré un rythme en dents de scie. En sortant de l’épisode 3 nous nous disions que même si la structure était imparfaite, il était déjà difficile de faire mieux en termes de spectacles. Il y avait tout. Des mises à mort avec tous les accessoires imaginables, du livre de bibliothèque au crayon en passant par un attirail imaginatif d’armes blanches et d’armes à feu. Il y avait des véhicules, des chevaux et des chiens. Au bout d’un moment soyons réalistes : lorsqu’on est pourris gâtés, que demander de plus ? Et bien on ne demande pas. On reçoit. Et ce nouvel opus l’a très bien compris tout en apprenant des erreurs du passé.



John Wick Chapitre 4 a d’abord fait un effort particulier sur son scénario. Souvenez-vous, à la fin de l’épisode 2 tout le monde était lancé aux trousses de John. L’épisode 3 commençait sur ces bases, sans temps mort, sur les traces d’un John traqué qui n’avait aucune minute de répit. Sauf qu’à la fin du troisième opus, John finissait en mauvaise posture, poussé d’un toit et à l’état presque végétatif (du moins pour le commun des mortels), nous faisant comprendre qu’il y aurait une rupture par rapport au rythme effréné posé jusqu’à présent. Effectivement, outre une ellipse bienvenue, ce John Wick Chapitre 4 prend son temps et tisse un scénario bien plus équilibré que son prédécesseur : même si l’aspect  » quêtes secondaires  » demeure incontournable il s’affirme bien plus rationnel et conscient de lui-même. Nous commencions pourtant à nous inquiéter et à éprouver une lassitude par rapport à la mythologie, de plus en plus complexe et bordélique : l’épisode 3 partait dans tous les sens, ajoutant ici et là de nouveaux paliers hiérarchiques, de nouveaux ennemis inatteignables, des chimères impitoyables…devant une qualité de spectacle incroyable nous avions toutefois l’impression d’être hautement baladés et de perdre de vue l’objectif initial de John. Un point d’impact qui rappelons-le avait débuté de pas grand-chose et c’est aussi ce qui faisait le charme du concept initial. Pour devenir de plus en plus grande, une saga (même si l’on se doute qu’elle n’avait pas cette ambition dès le départ) n’a pas forcément à imaginer des ramifications complexes et des toiles d’araignées de plus en plus improbables. Heureusement pour le spectateur, cette conclusion a vraisemblablement écouté les reproches et rectifié le tir.




Nous avons souvent entendu, surtout de spectateurs découvrant John Wick pour la première fois, que c’était  » un peu n’importe quoi « , que « ça allait au départ, mais que lorsque quand John tombait d’un immeuble et survivait cela faisait quand même un peu too much « etc. Cette conclusion a ce premier mérite : tout cela n’a aucune importance. Partant dans une démesure devenue propre à la franchise, ce baroud d’honneur finit en toute humilité. Maintenant que nous savons où est arrivé John, cela ne mérite pas de s’attarder sur le réalisme des rixes ; qu’il ait survécu à des dizaines de coups de feu ou à des chutes irréelles, laissons cela de côté. L’aura de la franchise, son identité est basée là-dessus : un être combattif, increvable et animé d’une volonté incroyable qui arrive à une certaine destination. Et sa paix intérieure, pleine de sens, balaie tout le reste. Pour atteindre cette  » plénitude  » bien méritée, John va bien sûr en baver des ronds de chapeau. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que l’équipe du film s’est retrouvée à Paris pour cette projection : la plupart des meilleurs passages du film y sont tournés. Nous ne nous attarderons pas dessus, vous laissant une surprise absolue sur ce que vous allez y découvrir. Pour vous mettre légèrement en émoi, évoquons juste deux séquences incroyables qui ne vous laisserons pas indifférent(e)s. Une première au rond-point de l’Étoile (tout bonnement hallucinante, que dire de plus ? ) et une seconde dans les fameux escaliers de Montmartre (les journalistes ayant déjà pas mal relayé cet aspect du tournage). Ce ne sont bien sûr pas les seuls moments clés du film mais ils pèsent beaucoup dans la balance. Une chose est sûre, vous ne serez pas déçus. La densité est omniprésente, et malgré un antagoniste principal extrêmement superficiel (joué par Bill Skarsgård) et faiblard, le film nous en met plein les mirettes avec l’apport d’un Donnie Yen qui crève l’écran et qui fait tout sauf de la figuration.



John Wick Chapitre 4 est une prouesse technique et chorégraphique absolue, une orgie d’action et de maîtrise arrivée à son apogée ; cela tombe bien pour un chapitre final inattendu tandis que l’on nous assénait pourtant depuis quelques années la promesse d’un futur cinquième opus. Cette franchise parachève son œuvre et assoie son autorité en tant que spectacle d’action sans limite, comme le précédent opus, mais plus abouti, jusqu’à l’overdose. Un long métrage mieux maîtrisé scénaristiquement, qui délaisse enfin la mythologie ambitieuse dans laquelle elle commençait à se prendre les pieds dans le tapis. Une infernale vendetta organisée et hiérarchisée qu’Hollywood n’est absolument pas en mesure de créer et où Chad Stahelski, maître orfèvre en la matière, tue complètement le game une fois de plus. On en sort satisfaits au-delà de toute espérance, un peu sonnés par la déferlante, persuadés qu’une scène post-générique viendra infirmer la conclusion de l’œuvre mais la réalité est bien là : difficile d’imaginer faire plus, inconcevable de visualiser faire mieux, John Wick Chapitre 4 est un aboutissement et si un cinquième film devait voir le jour dans le futur, cela serait potentiellement pour de mauvaises raisons car la question est là : comment faire mieux ? Ce chapitre final ne signe pas la fin absolue de l’univers dans la mesure où le spin off cinéma Ballerina et la série The Continental doivent encore arriver sur nos écrans. Cela sera sûrement difficile pour eux d’apporter quelque chose après cet uppercut mais laissons-leur une chance. Cette chronique, au-delà d’être une déclaration d’amour à Chad Stahelski et à toute l’équipe du film, est aussi un hommage sincère à Lance Reddick qui nous a quitté brutalement il y a quelques jours. Bien connu des amateurs de séries télévisées, il a incarné un nombre de personnages marquants démesurés qu’il ne servirait à rien de répertorier ici. Il s’agit de quelqu’un qui a compté et dont la perte nous a bouleversé. En tout cas merci pour tout, c’était incroyable.

Titre Original: JOHN WICK : CHAPTER 4

Réalisé par: Chad Stahelski

Casting : Keanu Reeves,  Donnie Yen, Bill Skarsgård

Genre: Action

Sortie le: 22 mars 2023

Distribué par: Metropolitan FilmExport

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