Critiques

EN PLACE (Critique Mini-Série) Jean-Pascal Zadi Président !!!

SYNOPSIS : Un éducateur de banlieue parisienne arrive au second tour des présidentielles. Mais la France est-elle vraiment prête à élire son premier président noir ?

L’auteur-réalisateur-interprète de En place, Jean-Pascal Zadi nous livre ici avec cette série toute une part de son univers, entre humours et convictions : « Ce qui m’agace aujourd’hui, c’est que la politique n’est plus liée aux compétences mais au buzz. Ce qui me plaît pourtant dans la politique, c’est l’engagement. Beaucoup d’éducateurs m’ont aidé dans ma jeunesse » disait-il récemment au micro de France Inter.  Avec En place, on est un peu entre Validé (2020) et A la Maison Blanche (1999), avec la même énergie que Drôle (2022), dans une french touch très fun, méga rafraîchissante et totalement en phase avec son époque.  Le charisme de Jean-Pascal Zadi est le même que celui de son personnage, Stéphane Blé, ils se confondent tous deux pour notre plus grand bonheur. Il crève l’écran comme acteur autant qu’on veut de lui comme futur président. Les vannes sont mortelles, ça claque et ça fuse. L’écriture est pop, moderne et jamais dans la facilité ou la niaiserie. La mère de Stéphane Blé, voulant donner de la solennité à son propos : « Ton père, paix à son âme » Réponse de Stéphane (avec la petite voix en mode l’air de rien de Jean-Pascal Zadi) : « Il est pas mort en fait… ». Ou alors, la femme de Stéphane, pour tenter de calmer les ardeurs de son candidat de mari : « On est France, on n’est pas aux Etats-Unis, ici on aime les noirs s’ils font rire, s’ils ramènent la coupe à la maison ou s’ils font du gospel… »

Dans l’épisode 3, la venue en Corrèze de Blé et son équipe de banlieusards au cœur des campagnes françaises est de nature à réconcilier tout un pays. Ce moment résume un peu toute la série, avec un rôle fédérateur indéniable et parfaitement bien amené. C’est fait sans clichés ou stéréotypes vaseux. En place a le mérite de prendre le pouls de territoires en déshérence, en désespérance, de La Creuse aux Mureaux… C’est bien le charisme et la générosité de Stéphane Blé qui unissent et rassemblent. Stéphane Blé, c’est le meilleur d’entre nous.

Son slogan de campagne est d’ailleurs à méditer, comme toute ironie qui détient sa part de vérité : « Mangez bien, payez rien ». La série ne tombe jamais pour autant dans un poujadisme malsain, qui glorifierait facilement et stérilement les « vrais gens » face aux élites. Simplement, elle fait passer son message de représentation des invisibles, des oubliés, et vient parler à pas de velours et habilement de l’essoufflement d’un système de moins en moins représentatif. En revanche, la fin se perd un peu. Dans le cinquième épisode notamment, on est presque dans Les Tuche 3 (2017). Pourquoi pas mais la série se voulait jusque là crédible tout en étant burlesque, mais à ce moment tombe légèrement dans l’absurde. Si la transition est un peu radicale et fait tomber le rythme, rien de dramatique cependant, juste une énergie qui s’affaisse un tantinet.

Il n’en demeure pas moins que nombre de running gags sont éclatants et qu’il émane de En Place une belle positivité, jamais complaisante et qui vise souvent très juste. Jean-Pascal Zadi est partout, il crève l’écran et c’est un bonheur. Déjà dans Fumer fait tousser (2022), au milieu d’un casting 5 étoiles, on ne voyait un peu que lui. Dans Coupez (2022), son style tout en discrétion délirante nous faisait hurler de rire. C’est ici la même recette, une forme d’épure, de simplicité dans son jeu, un naturel galopant, une petite voix pour dire les pires des âneries, avec un sens de la punchline toujours au bon endroit. Il porte clairement la série, par son style, sa présence et un charisme à tomber. On est complètement fans.

Eric Judor, en William, directeur de campagne joue parfaitement double jeu, dans une crapulerie et une fourberie, qu’il incarne avec délice. Ses interventions intempestives à chaque conférence de presse de son candidat sont assez iconiques. Sa présence est à chaque fois un régal. Benoit Poelvoorde est impeccable en candidat de la gauche molle, politicard à souhait, se drapant de vertus qu’il n’applique pour ainsi dire jamais. Toute ressemblance avec la réalité serait bien sûr pleinement fortuite !!! Marina Foïs en candidate écoféministe joue à fond la carte du radicalisme sur un mode particulièrement crédible. Fadily Camara en putative première dame incarne avec une belle conviction une Marion indispensable à son Stéphane. Au final, En place se regarde avec un permanent sourire. C’est rafraichissant, fait passer de nombreux messages, et rien que pour le kiff absolu de passer les trois heures de série (6 épisodes de 30 minutes) avec le génial Jean Pascal Zadi, ça se tente sans risque et avec bonheur. Jean Pascal Zadi Président !!

Crédits: Netflix

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