Critiques Cinéma

ASCENSEUR POUR L’ÉCHAFAUD (Critique)


SYNOPSIS: Florence aime Julien Tavernier que son mari, Simon Carala, un homme riche et redoutable a pris dans ses affaires. Ils préméditent ensemble un crime parfait. Julien fabrique un alibi indiscutable. Il tue Simon Carala et maquille son crime en suicide. Le hasard intervient, Julien est bloqué dans l’ascenseur, le portier ayant coupé le courant. Pendant qu’il tente de s’évader, deux jeunes gens volent sa voiture et tuent deux touristes allemands. Julien est donc recherché pour ce meurtre qu’il n’a pas commis, sera-t-il condamné ?

Malavida Films ressort le 9 Novembre 2022 six films de Louis Malle regroupés sous la bannière Louis Malle Gentleman Provocateur Partie 1: Ascenseur pour l’échafaud, Les Amants, Le Feu Follet, Viva Maria !, Le Voleur, Le Souffle au cœur. A partir de restaurations réalisées par Gaumont.



Au moment d’Ascenseur pour l’échafaud, qui sera son premier long métrage de fiction, Louis Malle sort de la co-réalisation du Monde du silence (1956) avec Jacques-Yves Cousteau, et pour lequel, ils n’ont reçu rien de moins que la Palme d’Or à Cannes la même année. Louis Malle a 24 ans, premier film et Palme d’Or… Il aura entre autres peaufiné dans Le monde du silence ses capacités techniques et son sens de la prise de vue. Pour Ascenseur pour l’échafaud, inspiré du roman du même nom de Noël Calef paru en 1956, Louis Malle dit s’être inspiré d’Alfred Hitchcock, dans cette proposition très haletante, avec un scénario en or, mais aussi de Robert Bresson, avec qui Louis Malle avait déjà collaboré sur Un condamné à mort s’est échappé (1956). Louis Malle disait que « dans de nombreuses scènes, surtout à l’intérieur de l’ascenseur, je prenais exemple sur Bresson.  » Et puis Ascenseur pour l’échafaud, c’est aussi cette musique de Miles Davis, qui vient apporter comme une touche finale de génie. On retrouvera cette prédominance d’une musique si forte et émouvante et cette appétence du réalisateur dans Le feu Follet (1963), avec l’inoubliable alchimie là aussi entre ce qui se passe à l’image et les mélodies d’Erik Satie. Après la Palme d’Or à Cannes, deuxième projet et le Prix Louis Delluc pour Louis Malle avec cet Ascenseur pour l’échafaud.

 

© Malavida Gaumont


Premiers mots du film… :
« Je t’aime, je t’aime, je ne te quitterai pas Julien.
Je t’aime, si je n’entendais pas ta voix, je serais perdu dans un pays de silence »
Les premières notes de Miles Davis démarrent… La magie artistique ne quittera plus le film. Ce premier échange entre Florence et Julien est devenu culte et nous plonge d’emblée dans la qualité littéraire du cinéma qui caractérise Louis Malle. « Je serai perdu dans un pays de silence »… de la poésie, sublimée par une mise en scène follement géniale, avec Miles Davis à la trompette pleurante. Comme une superposition des arts. Il existe dans Ascenseur pour l’échafaud comme un double enfermement des deux amoureux. Julien évidemment dans l’ascenseur mais aussi Florence, prisonnière dehors, car loin de son amoureux, sans savoir où il se trouve. La tragédie shakespearienne est installée. Et puis cette double intrigue meurtrière qui va finalement se rejoindre avec cette question toujours très existentielle sur le triomphe ou pas de la justice, quand on a pourtant accompagné avec empathie celles et ceux qui doivent payer pour leurs crimes.

L’image assez bouleversante de Jeanne Moreau dans le rôle de Florence, quand elle erre dans les rues parisiennes. Toujours ce goût de l’errance pour le cinéaste. Le regard de Louis Malle sur Jeanne Moreau sur ce film est celui de l’amour, qui sera donc sublimée par la caméra du réalisateur. Comme ce plan ou elle déambule, amoureusement égarée, avec tout son être qui se perd, sur les Champs-Élysées… Moment qui avait même impressionné Antonioni, avec un potentiel dramatique de l’actrice qui submerge d’émotion. Cette façon de filmer, ce romantisme chevillé au corps, cette sensibilité de la bobine, c’est clairement les prémices de la Nouvelle Vague. On filme sans lumière, on déambule dans la nuit. La photogénie n’est pas systématique, et il offre là une liberté folle à la créativité du jeu de l’actrice, qui montre tant d’émotion. C’est plus que jamais ici la forme qui épouse le fond. Jeanne Moreau dans Paris la nuit, loin de son amour, c’est une anthologie. Jeanne Moreau est peut-être née là au cinéma. « La plus grande liberté est d’être soi-même » disait-elle.

© Malavida Gaumont

Maurice Ronet, lui aussi va se découvrir au monde, dans un rôle tourmenté, comme pour Le feu follet (1963). Il va être parfait et comme habité dans ce vrai personnage Hitchcockien. Georges Poujouly sera lui aussi singulièrement authentique dans l’impétuosité un peu imbécile et bientôt criminel dans le rôle de Louis. Va alors défiler une galerie d’acteurs tout aussi puissants les uns que les autres. Le casting aussi est une grâce de Louis Malle. Avec rien de moins que Lino Ventura en inspecteur zélé qui ne lâchera rien, mais aussi Jean-Claude Brialy, Gérard Darrieu, Charles Denner… Avec Ascenseur pour l’échafaud, Louis Malle opère comme une révolution, dans la façon de faire du cinéma, où tout est soigné et confine au génie, de la mise en scène à la direction d’acteurs. Un classique absolu à ne surtout pas manquer, un moment d’histoire, les notes de Miles Davis vous habiteront pour l’éternité avec ces images de Jeanne dans la nuit…

Titre original: ASCENSEUR POUR L’ECHAFFAUD

Réalisé par: Louis Malle

Casting: Jeanne Moreau, Maurice Ronet, Georges Poujouly …

Genre:  Policier, Drame, Thriller

Sortie le: 1er Février 1958

Ressortie le 09 Novembre 2022

Distribué par : Malavida Films

CHEF-D’ŒUVRE

 

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