SYNOPSIS: Moussa a toujours été doux, altruiste et présent pour sa famille. À l’opposé de son frère Ryad, présentateur télé à la grande notoriété qui se voit reprocher son égoïsme par son entourage. Seul Moussa le défend, qui éprouve pour son frère une grande admiration. Un jour Moussa chute et se cogne violemment la tête. Il souffre d’un traumatisme crânien. Méconnaissable, il parle désormais sans filtre et balance à ses proches leurs quatre vérités. Il finit ainsi par se brouiller avec tout le monde, sauf avec Ryad…
De Roschdy Zem on connait le parcours impeccable du comédien qui au fil du temps a imposé sa présence tranquille et son magnétisme qui, avec les années, se sont décuplées. Ma saison préférée, A bout portant, N’oublie pas que tu vas mourir, Ma petite entreprise, Une nuit ou Roubaix une lumière pour lequel il a obtenu le César du meilleur acteur en 2020, ont assis une côte de popularité qui n’a eu de cesse de grimper crescendo. Devenu metteur en scène en 2006 avec Mauvaise foi, il signe avec Les Miens son sixième long métrage, ajoutant un nouveau chapitre à une œuvre assez insaisissable mais singulière et dont la sincérité est l’une des principales qualités. Avec ce nouveau film, c’est la famille que l’acteur réalisateur ausculte avec la complicité à l’écriture -sur les conseils de Pascal Caucheteux– de Maïwenn, qui a déjà fait sienne cette thématique dans Pardonnez-moi ou dans le récent ADN. Un film personnel à n’en pas douter pour Roschdy Zem (Mauvaise foi l’était déjà mais c’est une veine de laquelle le réalisateur s’était depuis un peu éloigné) puisqu’il s’inspire comme il le confie de « l’accident arrivé à mon jeune frère. Après un choc à la tête, cet homme si gentil est devenu quelqu’un au franc-parler désinhibé et féroce. Cet événement a créé un cataclysme au sein de ma famille, qui est une famille à la fois très soudée et en proie aussi à des conflits, comme toutes les familles. » Avec ce recours à l’universalité, le scénario des Miens parle à toutes et tous, en montrant la vie bouleversée de cette fratrie et en faisant de cette famille un miroir pour chacun.
Avant la tragédie qui va ouvrir la boite de pandore, c’est l’occasion pour Roschdy Zem de filmer les sentiments qui circulent entre les différents membres d’une famille unie, les moments d’échange, de complicité, les non-dits, la solidarité, les sourires, les mots trop hauts, les absences, les reproches… On y croit car le réalisme et la sincérité dont le réalisateur fait preuve depuis toujours sont bien là, la justesse des interprètes et leurs interactions nous plongent d’emblée dans le quotidien de cette famille qui va se craqueler quand Moussa (Sami Bouajila) va faire une chute occasionnant un traumatisme crânien qui va avoir des conséquences désastreuses sur sa manière d’être et sur ses relations avec les siens qui vont devenir subitement orageuses, puis carrément terrible, alors qu’il était le socle de gentillesse et de bienveillance sur lequel tous se reposaient.
Si sur le papier le personnage de Moussa pouvait nous faire craindre à un ersatz de celui de Jim Carrey dans Menteur, Menteur, il n’en est heureusement rien. On ravale rapidement nos sourires quand les piques qu’il lance, loin d’être drôles, sont carrément violentes et fragilisent les bases d’une famille qui jusqu’à présent semblait insubmersible. On sourit parfois face à la nature qui exsude de ces personnages mais c’est plutôt vers la mélancolie que s’oriente le film et vers une sensation douce-amère qui saisit à la gorge quand les reproches fusent et que les certitudes des uns et des autres s’effritent. Si le film semble pencher vers l’idée qu’il vaut mieux échanger que de garder sur le cœur de possibles ressentiments, il doit son réalisme à une troupe impeccable. Le tandem Sami Bouajila – Roschdy Zem est comme toujours impeccable, les belles présences de Maïwenn, de Meriem Serbah ou de Rachid Bouchareb, illuminent des clairs-obscurs pas toujours simples à expliciter tandis que les jeunes pousses (Nina Zem, Carl Malapa…) offrent une vraie pétillance à un cocktail réussi.
Très sincère, très tendre dans sa description des liens familiaux et avec d’excellents interprètes pour distiller une large palette d’émotions Roschdy Zem réussit l’exploit de nous attacher à cette famille que l’on n’a pas envie de quitter quand intervient la très jolie scène finale. Un bémol cependant sur le fait que certaines coupes semblent avoir été faites dans l’histoire de certains des personnages qui auraient mérité plus de temps de présence à l’écran et qui parfois donnent l’impression d’avoir été sacrifiés sur l’autel du montage. Mais au final reste Les miens, un joli film qui fait du bien et qui sont autant les nôtres que les vôtres.
Titre original: LES MIENS
Réalisé par : Roschdy Zem
Casting: Sami Bouajila, Roschdy Zem, Meriem Serbah …
Genre: Drame
Sortie le: 23 Novembre 2022
Distribué par : Le Pacte
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020