Tombent les feuilles dans mon jardin, tombent les blu-ray dans ma boîte aux lettres, admire le tapis orangé qui recouvre ma pelouse, admire les 5 films du mois sélectionnés par les Chroniques de Cliffhanger & Co… Un chef-d’œuvre, Rashômon, la première pierre du Giallo, La Fille qui en savait trop, un Almodovar rare, Matador, une histoire de quartier et de rencontres, Chacun cherche son chat, et un drame bouleversant Un Cri dans la nuit. Horreur, malheur, sensualité, humour, amour, autant d’émotions que les feuilles qui recouvrent… ah oui, je vous en ai déjà parlé, je vais donc chercher mon râteau à feuilles et je vous laisse allumer votre lecteur blu-ray… Bon visionnage.
Rashômon (1950) – Édition Collector
Réalisé par Akira Kurosawa
Avec : Toshirô Mifune, Machiko Kyô, Masayuki Mori, Takashi Shimura
Durée : 1h29
Date de sortie : Le 18 octobre 2022 chez Potemkine Films
SYNOPSIS: Pour se protéger d’une pluie diluvienne, trois hommes, un bûcheron, un bonze, un domestique se réfugient sous les ruines d’un vieux portique mal famé, Rash-O-Mon, dans l’antique Kyoto. Le bonze et le bûcheron font tour à tour le récit d’une aventure où ils avaient été cités comme témoin. Au total, quatre versions du même événement nous sont données…
Magnifique édition de Rashômon d’Akira Kurosawa restaurée en 2k proposée dans un coffret en bois particulièrement beau. Rashômon, Oscar du meilleur film étranger et Lion d’or à Venise est une œuvre d’une incroyable modernité, qui a fait connaître Akira Kurosawa en dehors du japon, et qui, aujourd’hui encore, garde toute sa force. Film sur l’honneur, sur l’honnêteté envers les autres et envers soi-même, sur la vérité et le mensonge, sur la fragilité du témoignage humain et la foi en l’homme, brillamment construit, merveille de technicité cette œuvre philosophique et sensorielle d’Akira Kurosawa est un film majeur de l’histoire du cinéma éditée par Potemkine dans un écrin rare. Attention des copies sans achat des droits circulent chez un autre « éditeur », ce serait dommage de ne pas soutenir le très beau travail de Potemkine.
Le saviez-vous ? Le film est inspiré de 2 nouvelles de l’écrivain japonais Ryūnosuke Akutagawa. Rashômon, dont le film a gardé le nom et le lieu, et surtout Dans le fourré qui a servi de base à l’intrigue du film. Durant sa carrière d’écrivain il signa plus de 200 nouvelles.
La Fille qui en savait trop (1963)
Réalisé par Mario Bava
Avec : Laeticia Roman, John Saxon, Valentina Cortese
Durée : 1h25
Date de sortie : Le 21 octobre 2022 chez Sidonis Calysta
SYNOPSIS: Nora, une jeune américaine en séjour à Rome, est victime d’une agression nocturne et voit avant de s’évanouir une femme se faire assassiner. A son réveil, toute trace du meurtre a disparu, et personne ne croit à son histoire. Nora découvre alors qu’un serial killer a déjà sévi au même endroit, et qu’elle pourrait être la prochaine victime…
Excellent thriller hitchcockien, La Fille qui en savait trop, série B stylisée, vive et inquiétante, qui lança la mode des Giallo (genre cinématographique principalement italien qui mélange le thriller, le polar, l’érotisme et l’horreur) est une œuvre visuellement brillante. La mise en scène très soignée et imaginative de Mario Bava est d’une grande efficacité. Dernier film tourné en noir et blanc par son auteur, ce jeu de pistes tout en ombre et lumières, fantasque et parfois violent, accumule les péripéties et les surprises. Certes le film se perd parfois un peu dans un scénario qui ne tient pas forcément toutes ses promesses, mais l’atmosphère étrange et le rythme du récit en font une jolie réussite. Un an plus tard Mario Bava offrira ses lettres de noblesses au Giallo avec l’un de ses meilleurs films, Six femmes pour l’assassin. C’est Sidonis calysta qui nous propose le Digibook du film avec le blu-ray, le dvd et un livret de 24 pages rédigé par Marc Toullec. À signaler Le Masque du démon, un autre très bon Mario Bava qui rejoint également la collection consacrée au réalisateur chez Sidonis. Indispensable
Le saviez-vous ? Si le titre initial souhaité par Mario Bava était Incubo (L’incube), ce sont les distributeurs qui ont imposé La Fille qui en savait trop en référence à L’homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock.
Matador (1986)
Réalisé par Pedro Almodovar
Avec : Antonio Banderas, Assumpta Serna, Nacho Martinez, Eva Cobo
Durée : 1h43
Date de sortie : Le 25 octobre 2022 chez Tamasa Diffusion
SYNOPSIS: Après une blessure mal soignée, Diego crée une école de tauromachie, car pour lui « arrêter de tuer, c’est arrêter de vivre. » Maria, avocate en criminologie, fascinée par l’art de Diego, tue ses partenaires sexuels comme lui ses taureaux. Angel, élève de Diego, est un garçon étrange qui souffre de vertiges et de l’autoritarisme d’une mère fanatique de l’Opus Dei. Avec toute sa bonne volonté, pourra-t-il sauver Maria et Diego de leur destin…?
Matador est une œuvre de jeunesse de Pedro Almodovar, son sixième film, et, s’il faudra attendre deux ans plus tard Femmes au bord de la crise de nerfs pour qu’il entre dans la cour des grands, on retrouve déjà toute la verve du réalisateur qui nous offre ici une danse mortelle et sensuelle entre les différents personnages. Certes Matador est parfois un peu maladroit et provocateur sans la finesse et l’intelligence de ces œuvres futures, mais le talent est déjà là. C’est drôle, cynique, touchant, sensuel et sexuel, triste et attendrissant. Antonio Banderas trouve ici un très beau rôle comme souvent chez Almodovar, face à deux excellentes actrices, Eva Cobo et surtout Assumpta Serna troublante en avocate fascinée par la mort. Bref c’est une très bonne nouvelle pour les fans d’Almodovar que de voir enfin débarquer Matador chez Tamasa Distribution car il n’était jamais sorti en blu-ray et ne figure d’ailleurs pas dans le coffret Anthologie Almodovar de 2016.
Le saviez-vous ? Il s’agit de la seconde collaboration entre le réalisateur et Antonio Banderas. En 1982 l’acteur était au casting du Labyrinthe des passions. Après Matador le duo se reformera encore 6 fois ! D’abord pour les 3 films suivants, La Loi du désir, Femmes au bord de la crise de nerfs et Attache-moi !, avant de s’éloigner et de se retrouver 20 ans plus tard pour le chef-d’œuvre La piel que habito, le très bon Les Amants passagers et le déchirant Douleur et Gloire.
Chacun cherche son chat (1996)
Réalisé par Cédric Klapisch
Avec : Garance Clavel, Zinedine Soualem, Renée Le Calm, Olivier Py, Romain Duris
Durée : 1h31
Date de sortie : Le 18 octobre 2022 chez M6 Vidéo
SYNOPSIS: À travers une histoire de chats et d’une jeune fille qui a perdu le sien, évocation de la vie d’un quartier parisien où plusieurs mondes cohabitent, se confrontent, se rencontrent, organisés en réseaux de communication complexes.
Entre Le Péril jeune, le film qui révéla le réalisateur (mais également Romain Duris et Vincent Elbaz), et Un air de Famille l’adaptation de la pièce de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui et l’un des plus gros succès du réalisateur, Cédric Klapisch tourne Chacun cherche son chat. À l’origine le film devait être un court métrage mais lors du développement les producteurs lui propose de transformer ce « court-métrage un peu cher en film pas trop cher… ». À partir d’un postulat de base très simple (inspiré de la mésaventure d’une amie du réalisateur), Cédric Klapisch nous offre une balade dans le 11e arrondissement parisien en pleine mutation, et nous fait découvrir une réjouissante galerie de personnages. Presque documentaire, cette œuvre sociologique qui nous renvoie vers le Paris des années 90 doit beaucoup à son actrice principale, Garance Clavel, mais également au formidable Zinedine Soualem. Si le film s’enlise un peu dans une seconde partie plus monotone (on sent que le scénario a été parfois inutilement étiré), c’est une œuvre éminemment sympathique que nous propose M6 Video dans un très beau combo dvd/blu-ray.
Le saviez-vous ? A la manière d’Alfred Hitchcock, Cédric Klapisch fait un caméo (figuration ou petit rôle) dans chacun de ses films. C’est dans le rôle d’un passant observant l’affiche du chat perdu qu’il apparaît dans Chacun cherche son chat. Dans Les Poupées russes par exemple il incarne un voyageur de l’Eurostar, et, dans Ce qui nous lie, c’est un vendangeur à la fin du film. La prochaine fois que vous regarderez un film de Cédric Klapisch ouvrez l’œil !
Un cri dans la nuit (1988)
Réalisé par Fred Schepisi
Avec : Meryl Streep, Sam Neill, Dale Reeves, David Hoflin
Durée : 2h01
Date de sortie : Le 4 octobre 2022 chez L’Atelier d’images
SYNOPSIS : La famille Chamberlain campe dans l’arrière-pays australien. Au matin leur bébé de 9 mois a disparu, vraisemblablement victime d’un chien sauvage. Au fil de l’enquête, la mère de famille est acculée par les médias et l’opinion publique jusqu’à être accusée d’infanticide. Devant faire face à la rumeur et à l’hystérie collective, le monde entier a bientôt les yeux rivés sur la jeune femme qui clame pourtant son innocence…
Fred Schepisi, réalisateur du sympathique Roxanne ou du thriller La Maison Russie avec Sean Connery s’inspire en 1988 d’un tragique fait divers qui a déchaîné les passions en Australie quelques années plus tôt pour signer un réquisitoire féroce contre la presse qui peut se transformer en machine à broyer et une opinion publique qui s’abreuve veulement et sans aucun recul des ragots les plus abjects. Si le scénario adapté d’un livre de John Bryson retraçant l’histoire dramatique de la famille Chamberlain est parfois trop conventionnel et le rythme inégal, l’interprétation brillante de Meryl Streep qui recevra le prix d’interprétation féminine lors du Festival de Cannes et le récit captivant de l’hystérie médiatique et populaire emporte l’adhésion. C’est l’Atelier d’images qui ressort des cartons cette œuvre un peu oubliée pour lui offrir une sortie blu-ray qui devrait combler les fans de Meryl Streep.
Le saviez-vous ? Extrêmement médiatisé en Australie, outre le film de Fred Schepisi et l’ouvrage de John Bryson, l’affaire a été adaptée en un album composé par le groupe The Paradise Motel (Australian Ghost Story) et en un opéra composé par Moya Henderson.
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