Critiques Cinéma

CLOSE (Critique)

SYNOPSIS: Léo et Rémi, 13 ans, sont amis depuis toujours. Jusqu’à ce qu’un événement impensable les sépare. Léo se rapproche alors de Sophie, la mère de Rémi, pour essayer de comprendre… 

Lukas Dhont, le réalisateur est un sacré phénomène à lui tout seul. Pour son premier long métrage, Girl  (2018), il reçoit au Festival de Cannes la même année de sa sortie, pour ce chef-d’œuvre de grâce et justesse la Caméra d’Or, qui récompense le meilleur premier film. Il revient à Cannes en 2022 avec Close, et reçoit pour son deuxième long métrage le Grand Prix du Jury. Le tout à 31 ans. Close a bouleversé et tiré de nombreuses larmes aux spectateurs du Festival de Cannes. C’est un peu la marque de fabrique du réalisateur belge, qui déjà avec Girl manie l’émotion du spectateur avec une étonnante virtuosité. Autre point commun, cette ardente passion et évident talent de Lukas Dhont pour filmer une enfance où l’insouciance s’achève, où du moins cet âge charnière du questionnement existentiel trop souvent négligé, et que lui sait particulièrement mettre sur le devant de la scène. Il agit comme une forme de magicien de l’image en filmant comme rarement l’intériorité. Et finalement, on en vient à se demander si Lukas Dhont a des actions chez Kleenex, et si ce n’est pas le cas, ils devraient lui offrir un pont d’or pour en diriger les ventes. Car, quelle sensibilité de la part d’un cinéaste surdoué… Sensibilité et authenticité dans l’histoire, l’écriture, l’image, la mise en scène, la direction d’acteurs, dans ses collaborations techniques, dans un peu tout ce qui fait un film au final. Cette façon virtuose de filmer l’enfance blessée, volée, cassée est unique et forte comme jamais. D’un point de vue formel comme sur le champ des émotions, l’enfant ici est roi, dans la façon de lui faire prendre la lumière, de le faire courir dans champs de fleurs, de filmer son trouble affectif, et de capter le moindre mouvement, battement et indication d’une fêlure. Filmer ainsi, capter d’une telle façon, Lukas Dhont le fait avec le ventre, avec son moi, et va chercher loin pour un rendu d’une furieuse beauté, d’un esthétisme de chaque instant. La photographie est folle, la lumière perce l’écran et joue avec les mouvements des corps, dans une poésie qui ne s’achève presque jamais.



Un grand metteur en scène et aussi un incroyable transmetteur d’émotions. Au-delà du fait qu’il a lui-même connu l’histoire qu’il conte ici, il parvient aussi bien dans le dialogue que le non verbal à puiser une délicatesse du cœur impressionnante. A cet égard, une scène vous noue la gorge et on entend dans la salle les premiers zips des sacs pour choper les mouchoirs, c’est notamment quand Nathalie (Léa Drucker) annonce à son fils Léo (Eden Dambrine) l’impensable, que bien sûr on taira ici. Léa Drucker, dans ce moment précis est une maman, qui sait à quel point elle peut blesser son fils, à quel point, elle va le blesser. Dans ce qu’elle dit, ce qu’elle ne dit pas, et dans le visage d’Eden Dambrine, se mêlent un début de sidération et d’incompréhension… Cette scène est une bascule renversante de larmes, sidérante de justesse. Tout le film est construit ainsi. Réflexif et induit, sans être excessivement contemplatif, à en devenir inaccessible, il est au contraire pleinement empathique, et c’est évidemment une ligne de force de tout ce que dit le cinéaste. C’est un cinéma qui se vit plus qu’il ne s’explique.



Les actrices et acteurs sont également toutes et tous le cœur à vif, on les devine totalement pris dans ce tourbillon affectif et ils s’ancrent dans des propositions profondément touchantes. Léa Drucker, on l’a dit  est d’une justesse, d’une gravité et fait passer dans la scène en question, mais aussi sur l’ensemble de son interprétation un frisson qui vous saisit. Emilie Dequenne touche ici les étoiles dans le rôle de Sophie, la maman de Rémi (Gustav De Waele). Elle est habitée et incarnée. Elle livre une prestation tout en nuances, jouant sur les vérités, pour une mère dévastée, et qui a besoin de comprendre. C’est un grand rôle, c’est un grand jeu, c’est du grand art.



Eden Dambrine et son regard qui perce. Perce-caméra, perce-cœur… La caméra joue avec son visage, son corps, et cherche sans arrêt à le sublimer. Ce qui paraît presque facile, tant sa beauté est naturelle, mais la façon de le mettre en images et en sons, le rend juste aérien. Il est tout à la fois complexe et incroyable de naturel. C’est une naissance sous nos yeux, c’est un cadeau. Close, film tire-larmes très certainement, mais l’authenticité est ici partout, et au-delà, la marque de fabrique de ce grand cinéaste que devient Lukas Dhont est une sensibilité assumée, revendiquée, portée. Des tristesses et émotions comme celles-ci, au cinéma, on en veut tous les jours. Impossible de passer à côté, les caméras ont pleuré, autour des sièges maintenant, c’est beau, c’est total….


 

Titre Original: CLOSE

Réalisé par: Lukas Dhont

Casting : Eden Dambrine, Gustav De Waele, Emilie Dequenne…

Genre: Drame

Sortie le: 1er Novembre 2022

Distribué par: Diaphana Distribution

CHEF-D’ŒUVRE

 

 

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