Marie-Antoinette est âgée d’à peine 14 ans quand elle quitte l’Autriche et sa mère pour épouser le dauphin en France. C’est encore une jeune enfant têtue et dissipée qui doit se plier aux règles françaises, nombreuses et compliquées. La jeune princesse souffre rapidement de ne pouvoir vivre sa vie comme elle l’entend. Elle est constamment sous pression pour perpétuer la lignée des Bourbons. Une mission plus compliquée que prévue : même si la relation entre Marie-Antoinette et Louis XVI s’améliore au fil du temps, sept années leur seront nécessaires pour consommer leur mariage. De la jeune dauphine à la reine du style, véritable icône de la mode, Marie-Antoinette impressionne rapidement par son charisme et son naturel. Elle va progressivement comprendre les codes et les secrets de la cour française et recréer totalement Versailles à son image : libre, indépendant et féministe ! Mais ses succès attisent jalousie et rivalité. Des pamphlets diffamatoires et des rumeurs persistantes sur sa vie privée viennent mettre à mal sa réputation. Il lui faudra beaucoup de courage et de dignité pour vaincre ses nombreux ennemis de la cour versaillaise.
L’idée des concepteurs de Marie-Antoinette était de prolonger la formidable aventure de Versailles (2015-2018), autre création originale de Canal +. On doit l’écriture de la série à Deborah Davis, qui avait déjà officié pour La favorite (2018), et l’idée ici était de filmer l’intime de la jeune dauphine, dans une famille royale autant hostile que dysfonctionnelle. L’entreprise est audacieuse tant la fantastique Sofia Coppola semblait avoir déjà fait le tour de la question dans son film éponyme de 2006, où il était question de cette transition dans la douleur d’une reine qui d’enfant devient femme, dans un univers où l’artifice est la règle. Avec cette sublime et presque écrasante beauté formelle, hyper pop, résolument moderne, à fleur d’émotion filmée par une immense cinéaste, on se dit quand même que la comparaison va être difficile à tenir. Et pourtant, avec cette série, le défi est largement relevé, et avec une exquise grâce qui plus est. Tout de suite, Marie-Antoinette la série, c’est le choc du contraste entre son innocence, sa candeur juvénile et les desseins politiques très cyniques des adultes. Une scène d’introduction sous forme de cauchemar, hautement symbolique de sa mort, de la mort de ses rêves. Puis, toute jeunette irrévérencieuse, elle apprend justement la révérence ou la moindre imperfection dans la courbe du mouvement pourrait lui valoir à Versailles des inimitiés encore plus mortelles que celles déjà préexistantes. C’est l’apanage de la superficialité. Le drame est tout de suite esthétiquement installé. Elle est la pièce de l’échiquier entre les Habsbourgs et les Bourbons. Mais à ses débuts, elle sera finalement plus pion que reine.
« Une princesse française ne montre pas ses émotions« . Elle entre au château comme on se rend au bûcher. Chaque scène est théâtralisée, comme sacralisée et il existe ainsi comme une grâce permanente, qui n’est jamais lourde ou superflue, car il s’agit justement de la future reine, et tout ce qu’elle fait ou ne fait pas est important. Elle jouera d’ailleurs de ce magnétisme de plus en plus, avec maestria, et pour survivre dans cette guerre de tranchée en costumes. C’est une ingénue face à des carnassiers. Ils le sont d’ailleurs, non pas quand ils mangent, mais s’empiffrent lamentablement comme de gros gorets dans des bruits de mastication dignes des pires tortures des pires bourreaux. A tout point de vue, des porcs en tenue d’apparat. Plus qu’une prison dorée, c’est pour Marie-Antoinette l’enfer Versaillais avec cette accumulation de règles folles, de traditions avilissantes, qui entravent la liberté, face initialement à un roi trop jeune, aux comportements autistiques, peu au fait des choses de l’amour, et même peu au fait des choses de l’autre en général. Les mains tremblent et dès le premier épisode, c’est bien comme un cercueil qui se referme sur la première dauphine. Dans chaque recoin du château, les couteaux s’aiguisent. Pour l’Autrichienne, dans ce Versailles autant frivole que féroce, c’est toute la vie qui est un piège. La série est comme une extrême allégorie de nos vies épiées et commentées. C’est également puissamment métaphorique. La scène des miroirs de l’épisode 3 met subtilement chaque personnage face à ses incohérences, face à ses devoirs. Il y a beaucoup de grands moments dans cette série, beaucoup de tableaux très divertissants. On se prend volontiers à ces jeux de cour, avec ce feu destructeur entre la Du Barry et Marie-Antoinette, mais aussi ce froid polaire entre cette dernière et le dauphin. Tous ces jeunes gens finalement insuffisamment construits et bien trop immatures pour présider à des charges trop lourdes. Ou quand une guerre en Europe tient à une révérence à la putain du roi… Les habits ont changé, pas les instincts.
Sur toute la première partie, l’évolution de la relation entre Marie-Antoinette et Louis est filmée au millimètre et c’est passionnant. On est eu cœur de la petite histoire de cœur qui fonde la grande histoire de France. La petite dauphine qui peaufine aussi au fil des épisodes sa propre stratégie pour en quelque sorte se déniaiser des complots. Elle va apprendre à faire œuvre d’influence pour jouer de son insouciance, et d’un statut qu’elle ne se laisse plus dicter. C’est aussi, en recontextualisant le fascinant parcours d’une émancipation féminine. « Alors, quand tu vas baiser ta femme ? » demande le roi au dauphin, le père à son fils, sur un ton autoritariste glauque, cash et sans détour. C’est parfois et même très souvent le bal des vampires, avec une hypocrisie qui s’impose en fait comme un véritable code relationnel. La mise en scène est l’atout maître d’une série captivante, malgré précisément le fait que sa narration nous est forcément connue. Les dorures du palais, la rosée du matin dans ses interminables et symétriques jardins, les ombres nocturnes des complots maléfiques sont particulièrement propices à des jeux de lumière pénétrante et une magnificence des couleurs éclatantes, des images brulantes. C’est majestueux formellement. Le chef décorateur, Pierre Quefélléan avait déjà déployé ses talents dans Au revoir Là-Haut (2017), avec le César du meilleur décor. Autre référence avec Madeleine Fontaine aux costumes, déjà triplement césarisée. Il s’agissait de mettre en lumière les apports de Marie-Antoinette et son dépoussiérage en règle des codes, et c’est ici une jubilation visuelle, le talent est aussi dans la technique et c’est un régal. Le générique enivrant participe de l’attachement d’une série, qui au final épouse son propos à merveille. Le roi est mort, vive le roi (ce n’est pas un spoil…) avec une somptueuse scène de couronnement, qui incarne comme une apogée de la très belle évolution de la relation entre le nouveau roi et Marie-Antoinette et un délicieux frisson qui nous parcoure, quand on comprend grâce à une remarquable mise en scène, la place centrale que cette dernière va occuper dans la gestion des affaires de l’état. Fin de l’épisode 4, nous sommes à mi-chemin et c’est comme une nouvelle série qui commence.
C’est le début du règne sans règles de Marie-Antoinette, avec une première devise « This palace on fire », Versailles en feu, en couleurs et en fêtes. On retrouve là la révolution de palais de la reine, avec les tons hyper glamour, mode d’avant-garde, pop et flashy vu dans le long métrage de Sofia Coppola. C’est le monde rêvé de Marie-Antoinette, liberté totale, pas de contraintes, qu’elle va joyeusement faire exister au petit trianon. Emilia Schüle dans son incarnation de Marie-Antoinette est éblouissante. Elle a le magnétisme animal, la force et l’instinct de son personnage. Elle est tour à tour ingénue, frivole, légère et charismatique. La fraîcheur du jeu au service d’un talent brulant. Sa réussite est totale. Le reste du casting est totalement à la hauteur. Louis Cunningham est un roi qui prend confiance progressivement et qui compose une partition tout en évolution très convaincante, souveraine. Tous les autres membres de la cour, sont totalement engagés et apportent une authenticité qui vient comme le bouquet final d’une série qui réussit pleinement le pari de nous captiver. C’est justement ce sens du détail, les interactions folles entre les protagonistes, et les contrastes permanents entre l’innocence initiale et sa confrontation avec le vil, le sale qui font de Marie-Antoinette une grande réussite. La mise en scène est sublime, la narration passionnante. Les 8 épisodes de 52 minutes de Marie-Antoinette se dégustent très rapidement. C’est une petite merveille qui, souhaitons le très fort, aura une deuxième saison, car il s’agit ici des 10 premières années de Marie-Antoinette à Versailles, il reste dont tant à raconter…
Crédits: Canal+
Une sinistre farce, froide, artificielle, des moyens limités (il y avait beaucoup de monde a Versailles, pas 20 ou 40 courtisans utilisés mal a propos et les voitures du roi étaient attelées a 4 ou 6 chevaux, jamais a deux seulement ) une vision psychotique d’une cour représentée avec une vulgarité sans nuances. Un joli spectacle si l’on n’a pas envie de connaitre la réalité de ce monde éteint. Très américain, on peut parler ici d' »appropriation culturelle », dans le pire sens du terme….
Tout à fait, sans remettre en question la prestation des acteurs et la beauté des prises de vue, des décors des costumes, tout cela est tellement romancé et loin de la réalité.
On y montre un souverain timoré presque retardé, alors que Louis XVI était très cultivé, polyglotte, et très ouvert d’esprit par contre cela est vrai il était très manipulable sur le plan politique et privé,comme son grand-père Louis XV.
Il a été toujours représenté comme un petit gros ne s’intéressant qu’à la serrurerie et l’horlogerie…
Loin de là, il avait hérité de la stature et de l’ouverure d’esprit de son grand-père, bien qu’effectivement avec l’âge il était devenu bedonnant comme tous les Bourbons
Quant à Marie-Antoinette, on en fait une petite écervelée , encore une image romancée pour attirer in maximum de téléspectateurs.
Comme son époux, elle était très cultivée, parlait plusieurs langues et a dû se faire une place dans le méandres conspirationnistes de la Cour.
Pour les autres représentants, il y a tellement de contre vérités historiques que cette série n’en devient plus qu’une fable amusante destinée au public non averti.
Série qui ne touche pas seulement à la médiocrité mais confine au mauvais goût primo l’immersion est brisée par la VO anglaise et non pas française
Deuxio une multitude de détails histoires sont ignorés voire saccagés. Des personnages qui sont poussées jusqu’à la caricature sans remise ou question ou vraie évolution. Décors somme toute moyens vu le budget aloué et une thématique qui ne renouvelle en rien l’histoire de cette dame mais la confine toujours plus dans un lieu commun à cent lieu de ce qu’elle fut. Bref Cana+ a prouvé qu’il pouvait atteindre les mêmes abysses que Netflix.