Critiques Cinéma

L’AS DES AS (Critique)

SYNOPSIS: Jo Cavalier, entraîneur national, doit accompagner l’équipe de boxe aux J.O. de Berlin. Durant le voyage il prend en charge un enfant de dix ans poursuivi par la Gestapo.

Gérard Oury maître de la comédie populaire s’il en est, a à son actif Le Corniaud (1964) et ses 12 millions d’entrées, ou encore La grande Vadrouille (1966), avec ses 17,2 millions de spectateurs, qui jusqu’à 2008, avant l’arrivée d’un film venu du Nord, demeurera en haut du Box-office pour un film français. Évidemment méprisé par les méprisants, L’As des as, fut un grand succès commercial avec plus de 5 millions d’entrées. Comme souvent en pareil cas, l’accueil critique sera bien plus glacial. La présence de Jean-Paul Belmondo, enfant chéri de la nouvelle vague, mais ici au cœur de sa période Bebel, excita surement et raviva la stérile guerre entre films populaires et cinéma d’auteur. D’autant plus, que sort en même temps Une chambre en ville de Jacques Demy, succès critique, mais échec en salles. Comme si L’As des as devait en porter la responsabilité, comme si le spectateur devait choisir un camp et n’était pas un être de tout. L’intelligentsia pensant se régaler, continuera à creuser ce fossé, tellement existant encore aujourd’hui, et faisant elle-même croitre son terrible pendant du poujadisme. L’écran s’allume et vient avec ce vieux logo de la Gaumont en lettres dorées dans l’espace, accompagné de ces quelques notes toutes simples de synthétiseur, qui font déjà battre nos cœurs nostalgiques d’amoureux du cinéma. Et maintenant, la panthère de René Chateau. On est dans l’ambiance, y compris avec la musique de Vladimir Cosma, reconnaissable entre toutes. Le film n’a pas commencé, et déjà on a les crocs !! Une battle de l’air, telle un mix un peu fou entre Top Gun (1986) et Les têtes brûlées (1976-1978). Dans les airs, comme sur terre, c’est du Bebel dans le texte, et oui c’est un as. Jean-Paul s’éclate en coach de boxe, il n’a même pas besoin de jouer, tant il croise ici ses passions.

D’aucuns diraient que c’est écrit à la truelle, sauf que c’est en fait un style très direct, positif et punchy, comme un uppercut de Jo Cavalier. Ces dialogues (signés Gérard Oury et sa coscénariste Danièle Thompson) dits avec le sourire franc et généreux de Jean-Paul Belmondo, s’écoutent avec plaisir et sans prétention. Tout est au service de l’acteur, jusqu’au nom de son personnage, Cavalier. L’as des as, tout est dans le titre. C’est le contraire de l’anti-héros, il n’a que des qualités avec un rôle, qui, s’il ne se démarque pas par une infinie complexité d’auteur, participe à la mythologie autour de l’acteur iconique et c’est très bien ainsi. On est parfois au bord d’une forme de caricature pleinement assumée.  Un exemple du type de dialogue à l’image du film, avant que Jo ne dégomme la mâchoire d’un nazi de la Gestapo, et que le dentier de celui-ci, une fois délogé de l’antre de son propriétaire assène quand même un « Heil Hitler » après avoir atterri sur un meuble, dans un gag qui faisait hurler de rire les enfants de toutes les époques. Jo, donc à un policier nazi qui maîtrise approximativement la grammaire française :  » Faut mettre l’accent à la fin, pas au début. On dit pas  » juif vous avez l’air « , mais « vous avez l’air juif « . Si je vous dis  » con vous avez l’air », c’est pas français. C’est juste, mais c’est pas français. »

Les scènes de baston sont épiques. Pas besoin de Bullet time, mais le Bebel time remplit son office, avec une grande jubilation pour le spectateur. D’autant plus, quand il dégomme les nazis par grappes. Alors, certes le message politique est forcément superficiel, mais il serait dangereux de s’interdire de tourner une comédie qui se déroulerait à cette époque. Et sans faire abstraction du contexte, L’As des as se déploie à cet égard sans fioritures, mais comme il dit juste en substance qu’Hitler est dingue, ça fait finalement largement l’affaire. La mise en scène carte postale est elle aussi totalement assumée avec la musique de Vladimir Cosma en surimpression. On est finalement au cœur du cinéma populaire, ni élitiste, ni vulgaire pour autant. On est juste au cœur d’une époque, avec un film qui fait un bien fou dans la générosité de ce qu’il fait passer à l’écran. Et puis il existe des scènes inoubliables, patrimoniales, comme cette course-poursuite en décapotable avec Bebel, le gamin (la belle et spontanée révélation de Rachid Ferrache) et bébé ours, contre les soldats allemands à moto, où l’acteur cascadeur fou s’en donne à cœur joie, pour notre plus grand plaisir.

Sans parler du moment assez jouissif où Jo va suivre sa finale de boxe à la radio, dans le bureau d’Adolf, ce qu’il ne sait pas. Il mime les crochets, les esquives, le jeu de jambes. Hitler arrive dans son dos. A la victoire tricolore, le transistor entonne une marseillaise, Jo se retourne en levant les bras en signe de victoire, dans un nez à nez qu’il n’avait pas vu venir avec le Führer !! Le charme de Marie-France Pisier est partout. Le duo avec Jean-Paul Belmondo fonctionne avec une belle intensité tout en humour et une sensualité à la Française bien sûr !! Marie-France Pisier nous amuse autant qu’elle nous séduit et participe à cette farandole sur pellicule. A noter également la performance de Günter Meisner, qui joue Hitler, mais aussi sa sœur !! Avec une même horrible rigidité, et aussi une malice que l’on devine mais dans une habileté toute discrète. Et bien sûr, Jean-Paul Belmondo au sommet de son art. Tellement à l’aise, tellement lui. Il donne le sentiment de jouer, au sens premier. Le film est écrit pour lui, et il le rend au film tant son talent est hors normes, tant sa vérité est sa signature. Au final, L’As des as est un formidable divertissement de cinéma, qui enchaîne les vignettes et les effets pour tenir son spectateur, tout en glorifiant son héros iconique, et comme on l’adore, et qu’en plus il s’éclate, pas de mal à se faire du bien avec L’As des as.

Titre original: L’AS DES AS

Réalisé par: Gérard Oury

Casting: Jean-Paul Belmondo, Marie-France Pisier, Rachid Ferrache…

Genre: Comédie dramatique, Fantastique

Sortie le:  27 Octobre 1982

Distribué par : –

EXCELLENT

 

 

 

 

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