SYNOPSIS: Comment faire mieux que La Fête est finie ? Devant la caméra de son frère Clément, qui capte son processus créatif comme jamais, Orelsan va devoir réinventer sa façon de faire en pleine crise sanitaire… Confinés, en manque d’inspiration, enchaînant les galères techniques et les feats hypothétiques, Orel, Ablaye et Skread doutent de finir leur prochain nouvel album dans les temps et de répondre à l’attente qu’ils ont eux-mêmes créée.
Suite du biopic en vrai… Ouais, cette histoire n’était que le début. On pourrait à l’approche de cette deuxième partie se dire que la saveur originelle, la sève originale, ont fondu comme neige au soleil, dès lors qu’Orel est sorti de la cave, et côtoie maintenant les étoiles. Sauf que… Il reste finalement le plus captivant, la création, la naissance de l’art. Et anonyme ou célèbre, l’homme sera toujours face à lui-même dans cette paradoxale injonction de créer. Et toujours avec cette naturelle humilité, cette éternelle fraîcheur et une sincère spontanéité, On va regarder Orel se regarder et si la première saison était passionnante, la deuxième va venir la magnifier. Irréductible et invincible génie. La mise en scène de Clément, c’est dans les mêmes 30 secondes : la première phrase, les premières conneries dans le studio improvisé au fond du jardin, le son trouvé par Skread, et qui au final deviennent des hymnes façon communion sur scène, scandés par un public dans une salle genre Zénith ou Bercy. C’est la création dans tous ses états, c’est le début de Light My Fire dans The Doors (1991) d’Oliver Stone. C’est une forme de prodige. Ce doc, c’est la naissance de l’art, c’est la puissance de l’émotion. Ce doc, il faut le montrer à tout le monde. Du premier mot trouvé à la dernière note jouée, Orelsan va devoir se réinventer. La saison 2 commence avec l’épisode seul avec du monde autour et nous replonge dans le confinement. L’isolement va être propice à l’introspection et au processus artistique de création pour son 4ème album. Première fois qu’Orel sera seul aussi longtemps pour composer. Il pensait que ça durerait deux semaines. Orelsan en plein confinement, qui remplit son attestation, fait ses courses en masque etc… Détruire pour reconstruire est l’idée originelle. « Je suis jamais aussi content que quand je peux prendre le temps de faire les choses. «
Pour le moment, la création de l’album commence par…. Le silence… Orelsan consulte ses notes. Il a toujours tout noté, même en pleine discussion, il est en mode créatif. Bon sa bibliothèque, est un peu en bordel, il commence donc par trier. Puis c’est l’inspiration, avec ses montées, et ses grands vides. C’est de toute façon vertigineux, c’est un shoot ou une chute. Dans les pires moments, on entend un « Skread me manque.. ». « Je chante faux, et je sais pas faire de musique », dans son confinement, le doute est partout, la magie est partie. Dans son mécanisme d’écriture, il ne sait plus si ce qu’il rédige est un chef-d’œuvre ou si c’est » nul à ch.. ». « Cette écoute-là, elle peut déterminer les 4 prochaines années de ma vie« , quand il fait écouter ces trois mois de sons confinés à ses potes déconfinés, Ablaye et Skread. Faire mieux qu’avant. Avant justement, Clément a l’intelligence de mixer quelques images d’archives des nuits d’hôtel, quand rien n’existait encore, pour mieux comprendre tout ce qui se joue maintenant. C’est le doc dans le doc. Habilité de réalisateur. » Il était temps qu’on arrive » dira Skread. Tout en relevant de vraies pépites, mais avec beaucoup de travail. Les bases sont jetées, processus de création deuxième étape. Ils vont mouliner pour construire le produit à partir de la matière première d’Orel. Ils se mettent dans leurs conditions habituelles, on loue une baraque deux semaines, chacun son rôle, chacun sa pièce.
Moments volés à l’énergie aussi décapante que le premier opus du doc. Orelsan à Skread :
« On en jamais parlé, mais c’est quoi ta formation musicale ?
J’en ai pas. J’ai fait du solfège 6 mois quand j’avais 8 ans… »
Totalement autodidacte, et pur génie mondialement reconnu, Skread bosse sur des boucles, l’instinct de l’instant. Sauf que rien…. L’album de trop ? Skread ne sort pas un son. A nouveau, c’est le stress et la panique. Orelsan, la peur de l’échec, mais pour de vrai. Ce doc, c’est un peu dans les yeux d’Orelsan, qui ne comprend plus pourquoi il a voulu faire cet album, et par contre comprend pourquoi Goldman a tout arrêté. On est dans le doute absolu de l’artiste, on est avec lui quand il donne tout, c’est tellement puissant à regarder. Le duo avec Skread est désopilant et fou d’amitié artistique… Face à l’embouteillage des mots dans le cerveau :
Orel : « Peut-être, j’ai un problème de méthode
Skread : Non, t’as un problème psychologique. »
Le doute est partout et il ronge. Mais toujours dans l’humilité, la simplicité, la déconne avec une grosse part d’autodérision : « Dans ma tête, j’suis en mode genre Victor Hugo « , suivi d’un rire ironique. Tout ça pue l’authenticité. Ce qui fait la force de la partie 1 est complètement éclatante dans la 2. On est avec eux, et comme ils ne trichent pas, on est totalement avec eux, c’est immersif et fascinant. Le texte sublime, la prod de Skread, les influences folles folk d’Orel, la magie est là. Premier morceau Jour meilleur qui va être la porte d’entrée de tout l’album. La mise en scène est brillante, jamais bruyante, c’est délicat, intelligent avec un rythme hyper soutenu, un art du récit, de l’empathie de partout. De l’art sur de l’art, pas de doute, c’est une famille de oufs… Orelsan croise le rap, la house, le folk, la rythmique autour d’un mot, c’est mécanique et poétique à la fois, sa musique est simple et complexe tout en même temps. Avec l’esprit de pionnier des casseurs flowters, Il bosse avec tout le monde, les grands rappeurs français, mais aussi Angèle, Stromae, Pharrell Williams… Généreux et universel.
« C’est comme au début, faut attendre, faut s’casser la gueule, faut prouver » de Skread. Tout est là.
Et finalement, pour se convaincre une dernière fois de la dinguerie du génie, sur les 15 morceaux de l’album Civilisation, dont on aura ausculté le squelette pendant les 4 épisodes, une extraction de la piste 8 L’odeur de l’essence :
« Plus personne écoute, tout l’monde s’exprime
Personne change d’avis, que des débats stériles
Tout l’monde s’excite parce que tout l’monde s’excite
Que des opinions tranchées, rien n’est jamais précis
Plus l’temps d’réfléchir, tyrannie des chiffres
Gamins d’douze ans dont les médias citent les tweets
L’intelligence fait moins vendre que la polémique. »
Ce doc sur Orelsan, il faut le montrer à tout le monde…
Crédits: Amazon Prime Video
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